INTERVIEW 
 
Laurence Dugué
Directeur associé
A2Partner Consulting
Laurence Dugué
"Les femmes ne sont pas assez aguerries à lutter pour le pouvoir"
Fondatrice d'un cabinet de conseil spécialisé dans les partenariats d'entreprises pour les sociétés de l'informatique, Laurence Dugué s'est imposée dans un métier où les hommes sont plus nombreux.
21/02/2005
 
Ces femmes cadres informatiques
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JDN Solutions. Les femmes sont-elles représentées dans le métier qui est le vôtre : les partenariats ?
Laurence Dugué. Les postes de direction et de management sont essentiellement occupés par des hommes. On retrouve davantage les femmes sur des postes d'ingénieurs d'affaires partenaires. Mon métier est de toute façon encore peu connu en France, c'est pourquoi j'ai fondé l'Adalec, l'Association Nationale des Directeurs des Partenariats [NDLR : lire l'article du 05/2004] pour le promouvoir.

Vous-même, depuis quand l'exercez-vous ?
J'ai commencé comme ingénieur d'affaires chez IBM pendant cinq ans. J'ai ensuite rejoint Oracle et au moment de la bulle Internet, j'ai intégré Ariba comme responsable des partenariats européens. Enfin, j'ai travaillé chez SAP comme directeur des partenariats pour la France et l'Afrique du Nord. J'ai quitté le groupe mi 2004 pour créer A2Partner Consulting.

Pensez-vous qu'être une femme est un avantage ou un inconvénient pour accéder à ce métier?
Les deux, l'avantage c'est qu'il est peut être utile d'être une femme dans un monde d'hommes. L'inconvénient, c'est que lorsque la période est difficile, les femmes ne sont pas assez aguerries à lutter pour préserver leur place ou acquérir des postes à responsabilité. Nous travaillons plus pour la qualité du travail, la reconnaissance. Les hommes sont davantage attirés par le pouvoir.

Avez-vous rencontré des difficultés d'évolution parce que vous étiez une femme ?
Je n'en ai pas vraiment ressenti mais j'ai essentiellement travaillé pour des sociétés américaines où l'égalité entre hommes et femmes était davantage préservée. Néanmoins, j'ai trois enfants et il est vrai que j'ai vécu comme un handicap la période durant laquelle j'attendais un enfant. Ainsi j'allais avoir un poste à l'international chez Oracle mais lorsqu'ils ont appris que j'étais enceinte, ils ont préféré le confier à quelqu'un d'autre. C'était compréhensible. Malheureusement, ce sont les femmes qui doivent porter les enfants, j'aurais bien demandé à mon mari de le porter si c'était possible! (rires). A mon retour, on ne m'a pas non plus confié les comptes les plus intéressants et il a fallu que je réclame. Mais ils ont été très honnêtes. En fait, je crois qu'ils ne s'attendaient pas à ce que je revienne si vite !

J'ai toujours montré que ce n'était pas parce que j'avais des enfants que je ne travaillais pas autant"
Vous est-il arrivé d'être parfois confrontée à des préjugés ou des visions stéréotypées que les hommes peuvent avoir des femmes ? Sur leur manque de disponibilité par exemple ?
Parfois. Cela me touchait davantage auparavant, maintenant j'y prête moins d'attention. C'était essentiellement des connotations de drague, des blagues sexistes. Je faisais de même et ça s'arrêtait là. Sur la disponibilité, j'ai toujours montré que ce n'était pas parce que j'avais des enfants que je ne travaillais pas autant ou que j'étais moins disponible.

Arrivez-vous à gérer vie privée et vie professionnelle ?
Oui j'arrive à m'organiser. C'est d'autant plus facile depuis que j'ai créé ma société, je me remets à travailler quand les enfants dorment. Par contre, il est vrai que j'avais moins de temps pour m'occuper de mes enfants lorsque j'étais salarié.

Il n'est pas facile pour une femme en âge d'avoir des enfants d'évoluer dans sa carrière."
Avez-vous constaté depuis que vous travaillez une évolution des mentalités sur la place de la femme ?
Depuis 18 ans que je travaille, je n'ai pas le sentiment que la situation ait évoluée. Maintenant que j'ai eu mes trois enfants, je n'ai plus de problèmes liés à la maternité. Les difficultés sont surtout liées à la tranche d'âge. Il n'est pas facile pour une jeune femme en âge d'avoir des enfants d'évoluer dans sa carrière.

Pensez-vous qu'une femme a des qualités que les hommes ont moins sur ces métiers ?
Je pense que les femmes sont plus maternelles dans certains cas, plus à l'écoute de leur équipe, davantage tournées vers le relationnel. Mais les hommes sont peut être plus pragmatiques. En fait, je pense que chacun a ses qualités dont il faut tirer parti.

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Justement, vous entourez-vous plutôt d'hommes ou de femmes ?
J'essaie de garder un équilibre, ainsi chez A2Partner, nous sommes deux femmes et trois hommes. Chez Adalec, nous sommes également deux femmes dans le comité. Chez SAP, mon équipe était aussi équilibrée. Il m'est ainsi arrivé de privilégier l'embauche d'une femme pour un poste.
 
Propos recueillis par Laëtitia BARDOUL, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Laurence Dugué,

1989-1994 : IBM - ingénieur d'affaires
1994-1999 : Oracle - Alliance Manager
2000 : ARIBA - Alliance Manager EMEA
2001-2004 : SAP - Directeur des Partenariats
Fin 2004 : A2Partner Consulting - Directeur Associée.

Formation

DEA Droit International, Sorbonne,
Alliances Stratégiques à l'Insead

   
 
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