Romain Bellet (Yooda) "En référencement naturel, le suivi du ROI devient central"

Le spécialiste français du suivi de positionnement dans les moteurs de recherche a refondu son offre logicielle. Objectif : se préparer au lancement d'une application multi-utilisateurs.

JDN Solutions. Entre prestataires de services et sites Web, comment se répartissent les professionnels du référencement ? 

Romain Bellet. Entre 2000 et 2006, ces acteurs se limitaient à des agences spécialisées en référencement. Elles ont très vite été rejointes par des agences Web qui ont intégré cette prestation, puis par des agences de communication traditionnelle qui se dotaient de département Web. Depuis, la tendance s'est inversée. Des chefs de projet spécialisés dans ce domaine ont quitté les agences, et ont été embauchés par des sites Web pour monter des cellules de référencement internes. 

La tendance à d'abord touché les pure players, notamment les sites d'e-commerce. Puis dans un second temps, des équipes de référencement ont été mises sur pied par des grands comptes qui n'étaient pas présents initialement sur le Web. C'est notamment le cas d'acteurs de la banque, du voyage et du tourisme, de l'immobilier, mais aussi de la presse. Bref, des sociétés pour lesquelles le référencement devenait un point de passage obligé. Mais, ces sociétés n'ont pas cessé depuis de faire appel à des agences de référencement, pour réaliser des audits de sites Web par exemple, pour des opérations ponctuelles ou encore lancer des sites particuliers.  


Les grands comptes sont-ils outillés pour suivre leurs actions de référencement naturel ?  

En mettant en place ces cellules de référencement internes, les grands groupes se sont en effet outillés pour suivre l'impact du SEO. La capacité à superviser les actions de référencement et leur retour sur investissement est en effet fondamentale pour eux. Nous avons remarqué depuis 2008 une tendance intéressante. Certains experts faisant partie de cellule de référencement interne nous commandaient plusieurs licences chaque année, une, deux, trois, et parfois plus. Le turn over s'est par conséquent développé entre ces sites et grands groupes. Sur le marché de l'emploi, le référencement est donc devenu un domaine où la ressources est rares. Ce qui a poussé à ce dumping des compétences. 

C'est cette raréfaction des compétences qui m'a poussé à soutenir l'association SEO Camp. Elle a pour but de promouvoir l'émergence d'une certification pour les référenceur. Elle vise également à favoriser le partage des connaissances notamment par le biais de l'événement SEO Camp'us [ndlr sa prochaine édition aura lieu le 1er et 2 mars prochain à Paris/St Denis. Le JDN Solutions en est partenaire]. Notre solution de pilotage de la performance du référencement contribue également à cette dynamique. Les indicateurs et tableaux de bord que nous proposons à travers elle contribue en effet à structurer la pratique du référencement, en particulier pour les acteurs qui lancent leurs prestations.

Nous avons prévu de nous étendre aux Royaume-Uni, aux Etats-Unis, au Canada et à l'Allemagne.

Quelles sont les principales nouveautés de votre outil SeeUrankFalcon, comparé à la version précédente ?

Nous avons restructuré la solution en termes d'ergonomie pour la rendre plus simple à utiliser. Ce travail était un véritable défi car nous avons multiplié par trois le nombre de tableaux de bord de suivi. Nous avons par exemple ajouté 50 tableaux pour le suivi de la performance. Un autre changement majeur concerne l'architecture du logiciel. Nous l'avons refondue entièrement pour la rendre modulaire. Ce qui nous permet désormais de disposer d'une technologie plus évolutive qui nous permettra d'accélérer le rythme des nouveautés.

Nous prévoyons d'ailleurs de sortir en 2011 une version serveur et donc multi-utilisateur. Elle permettra d'envisager des possibilités collaboratives, mais aussi de publication multi-canal en couvrant à la fois intranet et terminaux mobiles. Nous avons d'ores et déjà prévu une tarification au serveur de 690 euros HT, et non pas en fonction du nombre d'utilisateurs. Cette évolution prépare aussi la sortie de versions dans d'autres langues dans l'optique de lancer l'application dans d'autres pays. Nous avons prévu de cibler dans un premier temps le Royaume-Uni, puis les Etats-Unis et le Canada, et l'Allemagne.

Qu'en est-il des nouveaux indicateurs que vous proposez dans SeeUrank Falcon ?

Nous avons introduit des tableaux de bord centré sur la mesure de la performance du SEO. L'amélioration d'un positionnement est-elle corrélée avec la croissance du nombre de visiteurs, et l'augmentation du chiffre d'affaires ? C'est bien là la question. Pour permettre d'y répondre, nous intégrons une série d'indicateurs pour identifier les mots clés qui rapportent le plus de visiteurs et de revenu, ou encore ceux sur lesquels le positionnement est faible mais les revenus relativement importants. Grâce à ces informations, un référenceur pourra proposer des mots clés en qualifiant sa prestation en termes de ROI.

Qu'apporte l'intégration d'un flux en provenance de Google Analytics ?

Google Analytics est le premier outil de suivi d'audience que nous intégrons à SeeUrank Falcon. Mais nous sommes en train de nous approcher des principaux éditeurs de solution dans ce domaine. L'idée est de corréler le suivi du référencement avec l'audience réalisée. Le score global du référencement d'un site que nous avons mis en place avec SeeUrank Falcon s'inscrit dans cette logique. Il permet de comparer le positionnement avec ceux de ses principaux concurrents, avec la possibilité d'une pondération en fonction de l'importance donnée à chaque mot clé.

Parmi les autres avancées, je peux citer l'amélioration des exports de rapports en PDF et HTML, et la possibilité de personnaliser entièrement la présentation. Enfin, un système d'analyse de page a été ajouté pour réaliser des audits de sites. Il analyse la structure d'un site, son maillage interne, les liens externes, mais aussi les pages en tant que telles, le corps et les balises importantes pour le référencement, les contenus éventuellement dupliqués et les mots clés qu'elles contiennent. Il est possible également de comparer les pages entre elles, y compris dans une optique d'analyse concurrentielle en faisant des corrélations avec leur positionnement. Le tout a pour vocation de former une aide à la préconisation. 
 

D'autres évolutions sont-elles envisagées, notamment autour de Bing et des réseaux sociaux ?  

Nous étudions en permanence l'évolution du marché, et des méthodes de référencement. Concernant Bing, il fait partie des 350 moteurs que nous pouvons superviser. Nous étudions la possibilité d'enrichir les données que nous recueillons sur lui par des flux complémentaires, en provenance du Bing Webmaster Center par exemple. Nous planchons également sur l'idée d'intégrer un référentiel de mots clés, qui reposerait sur les bases de Bing et Google, dans l'optique d'un module de préconisation de mots clés.  

Du côté du Social Media Optimisation, nous réfléchissons aussi à introduire un outil de suivi de la présence des sites sur les différents réseaux sociaux. Autre idée dans les cartons, la prise en compte de la recherche universelle et les encarts de résultats localisés, type Google Maps. Ce qui nous permettrait d'atteindre un premier niveau de prise en compte des résultats personnalisés basés sur la localisation de l'internaute. 

Romain Bellet est directeur et fondateur de Yooda.