Olivier Vallet (Steria) "Pour Great Place To Work 2013, nous allons faire mieux"

Quelles sont les perspectives de recrutement chez Steria ? Quels sont les points à améliorer en termes de conditions de travail et de politique RH ? La direction de la SSII a pu tirer les enseignements d'un récent sondage interne.

JDN Solutions. Début 2012, Steria avait annoncé vouloir recruter 1 000 personnes cette année. Quelques mois après, le contexte a-t-il fait évoluer ces objectifs ?

Olivier Vallet (Steria). Nous avons, depuis, publié nos résultats annuels. Pour l'exercice 2011, en France, Steria a pu enregistrer un chiffre d'affaires en hausse de 4,4%. Pour le premier trimestre 2012, toujours en France, la croissance est encore plus forte et dépasse 13%. Nous enregistrons de meilleures tendances que nos concurrents.

2011 nous a également permis de signer de beaux contrats. J'en citerais deux. Le premier va nous permettre de gérer la mise en place du système qui vise à récolter la taxe poids lourds décidée par le Grenelle de l'environnement. Le deuxième concerne la tierce maintenance applicative liée au grand projet de refonte du système d'information de l'Etat, Chorus.  

Ce sont deux beaux projets qui peuvent séduire de futurs collaborateurs et donc faciliter les recrutements. Et nous avons de forts besoins en la matière. Si l'année dernière, nous avions recruté 1 500 personnes, nous devrions en recruter 1 200 cette année, soit moins que l'année dernière mais plus qu'annoncé au début de l'année. Je voudrais également souligner que notre turn over est de 13%. Il est donc plus faible que celui de nos concurrents. En 2011, 400 emplois nets auront été créés par Steria.
 

"Il faut comparer ce qui est comparable : travailler pour un éditeur n'est pas la même chose que pour une SSII"

Le projet Chorus a été critiqué par la Cour des comptes. Ce chantier a coûté plus cher que prévu. Il a aussi duré plus longtemps. Steria fait partie des acteurs très impliqués dans ce projet, depuis longtemps. Considérez-vous Chorus comme une réussite ?

Le projet a certes accusé des retards, et a pu coûter plus cher que prévu. Mais, ce chantier n'a aucun équivalent dans la sphère privée. Compte tenu de ses particularités, il ne se déroule donc pas si mal. C'est même une réussite.

Les briques logicielles sont aujourd'hui déployées, et en production puisqu'elles ont pu officiellement servir pour les comptes 2011 de l'Etat. Mais ce qui prend aujourd'hui beaucoup plus de temps qu'escompté, c'est la conduite du changement, qui a été sous-estimée dans ce grand projet. Ensuite, Chorus va permettre à l'Etat de réaliser des économies en modernisant son système d'information. Or aujourd'hui, compte tenu du contexte économique, ces économies sont particulièrement les bienvenues.

Récemment, un syndicat a expliqué que Steria avait recueilli de mauvaises notes lors de l'enquête Great Place To Work, qui vise à sonder la qualité des conditions de travail. Parmi les éléments négatifs, l'enquête aurait notamment souligné que les employés restaient trop peu chez Steria. Est-ce exact ?

Ce type d'enquête n'est évidemment pas nouveau pour Steria. Mais l'année dernière, nous avons décidé de changer de méthodologie et d'emprunter celle de l'Institut Great Place To Work. Cela s'est un peu fait dans la précipitation, et cela n'a sans doute pas été assez expliqué aux salariés. De plus, comme les critères d'évaluation étaient différents, cela a aussi compliqué la comparaison avec nos précédentes études. A noter aussi que seulement six employés sur dix ont répondu au sondage.

Des points positifs, mais aussi négatifs, ont cependant pu ressortir de ce sondage.

Parmi les points positifs, c'est-à-dire ceux pour lesquels les employés se sont estimés majoritairement satisfaits ou très satisfaits, je voudrais en souligner trois : les bonnes conditions de travail, la fierté d'appartenance à notre société et la diversité qui y règne.
 

Des marges de progression ont pu néanmoins apparaître, Steria n'étant pas une société parfaite. Le fait que des collaborateurs puissent ne pas ressentir assez de reconnaissance de la part de leur supérieur a retenu notre attention. Nous devons et allons améliorer ce point. Des managers ont été nommés dans leur département pour faire remonter des idées. D'autres actions concrètes à mettre en place sont aussi à l'étude.

Quant au temps moyen passé chez Steria, l'enquête Great Place to Work ne nous a évidemment rien révélé que nous ne sachions déjà. Steria est l'une des grandes entreprises du secteur des services qui fidélise le plus longtemps ses employés en moyenne. Nous avons cependant pu déceler que nous n'avions parfois pas bien expliqué aux collaborateurs qui travaillent chez nous depuis longtemps les changements qui sont en train de s'opérer sur notre secteur.
 

Nous allons de nouveau nous appuyer sur la méthodologie et les critères de l'Institut Great Place to Work pour l'année prochaine, avec l'ambition de faire mieux et même, pourquoi pas, essayer de faire aussi bien que Microsoft, qui est en tête du classement des entreprises IT de plus de 500 employés. Cependant, il faut comparer ce qui est comparable : je voudrais rappeler que les SSII ont par nature des conditions de travail différentes de celles d'un éditeur, car nos collaborateurs sont souvent en régie, chez le client.

En outre, pour Microsoft, bon nombre de fonctions clés, notamment dans l'ingénierie IT, sont réalisées outre-Atlantique : ce n'est pas le cas chez Steria. Enfin, Microsoft France compte à peu près 1 500 employés, nous en comptons quatre fois plus.


 

Membre du comité exécutif du groupe Steria et directeur de l'Innovation groupe, Olivier Vallet a pris la tête de Steria France en décembre 2008. Il a également été élu président du Collège SSII au sein du comité exécutif du Syntec Informatique.

Il a rejoint Steria en 2006 pour prendre en charge la direction des opérations industrielles, avant de devenir, en 2007, directeur général des entités Espagne et Scandinavie. Entre 2000 et 2006, Olivier Vallet a exercé différentes fonctions au sein du groupe Alcatel. Il était depuis 2003, PDG d'Alcanet, filiale détenue à 100% par le groupe Alcatel.