Marché PC : Siemens remet en cause son alliance avec Fujitsu

La joint-venture détenue à 50-50 par Siemens et Fujitsu bat de l'aile. Plongé au cœur d'un scandale de corruption et lancé dans la course effrénée aux cessions, le constructeur allemand est prêt à abandonner la partie.

Qu'elles soient préméditées ou forcées, toutes les histoires d'amour ont une fin. Dans le cas de Fujitsu-Siemens Computer (FSC), l'union sacrée qui a donné naissance il y a 9 ans maintenant (octobre 99) à une joint-venture a commune à 50-50, est sérieusement en train de tourner en eau de boudin.

Pris dans la tourmente d'une réorganisation stratégique d'une rare ampleur (un plan social prévoit la suppression de 17 000 collaborateurs) et secoué par une affaire de corruption au plus haut niveau - aujourd'hui résolue - Siemens ne devrait en tout état de cause pas rempiler pour un nouveau bail avec son partenaire nippon.

Il faut dire qu'en près de 10 ans beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts. Des désillusions également, sa présence sur le marché n'ayant jamais pu dépasser le stade de la discrétion - soit une part de marché de 4,5% en 2007 avec moins de 10 millions d'unités vendues dans le monde selon le Gartner, loin derrière HP, Dell, Acer, Lenovo et Toshiba - sans compter un chiffre d'affaires en recul de 4,9% sur la même période, à 6,6 milliards d'euros.

Son bénéfice net a également été confronté à un régime minceur pour aujourd'hui afficher à peine plus de 100 millions d'euros avant impôts, soit 150 millions d'euros de moins qu'espérés par les analystes.

Fujitsu, plus intéressé par une acquisition sur le marché de la téléphonie mobile plutôt que dans celui du PC

Le constructeur aura également pris de plein fouet un terrible vent de désaffection en provenance de sa terre de prédilection : l'Europe. Notamment au 2ème trimestre 2008 où ses ventes y ont fondu comme neige au soleil, même en Allemagne   
(-7,6%), là où une croissance de 23,5% a été observée, toujours selon le cabinet Gartner.

Aujourd'hui, Siemens est bien décidé à mettre la clé sous la porte, au moment où son P-DG, Peter Löscher, n'a jamais caché son agacement envers la joint-venture et ce, depuis sa prise de fonction l'année dernière. Le principal grief qu'il lui a opposé ayant de n'avoir jamais été aussi profitable qu'elle n'aurait dû l'être.

D'ailleurs, FSC est loin d'être la seule entité appartenant (de près ou de loin) au constructeur allemand à se voir ainsi malmenée. Son activité de téléphonie mobile aura par exemple subit auparavant les frais d'une cession réalisée sans ménagement au profit de BenQ, en 2005.

Depuis, les opérations de revente se sont multipliées comme des petits pains, au premier rang desquelles celle de sa filiale spécialisée dans les infrastructures PABX Siemens Enterprise Network et de ses 2 unités de télécommunications dont les combinés téléphoniques DECT.

Aujourd'hui, les options envisagées par Siemens pour se désengager à 100% de sa joint-venture ne sont pas nombreuses. Sachant qu'il faudra faire vite dans la mesure où en l'absence de proposition de revente concrète d'ici fin 2008, le bail qui le lie à son ex-partenaire serait tacitement reconduit pour 5 ans.

Le plus simple étant de proposer à Fujitsu de racheter ses parts... Mais cela est loin d'être gagné d'avance, à en croire les récents propos tenus par son président, Kuniaki Nozoe et rapportés par le Wall Street Journal, dont le cœur (et la raison ?) pencherait davantage vers une acquisition dans le domaine de la téléphonie mobile, plutôt que du PC.

Quoi qu'il en soit, les prétendants seront à n'en pas douter nombreux à se presser au balcon du constructeur allemand. Lenovo (qui a procédé aux activités PC d'IBM en 2005) ou encore Acer (qui a jeté son dévolu sur Packard Bell l'année dernière) seront faire étalage de toute leur passion - et de leur portefeuille - pour courtiser le japonais et lui tenir la chandelle.