L'informatique hospitalière à l'heure du pragmatisme Les défis du groupe hospitalier Paris Saint Joseph

Etablissement privé sans but lucratif, le groupe hospitalier Paris Saint Joseph rassemble trois entités que sont les hôpitaux St Michel, St Joseph et Notre-Dame de Bon Secours. La fusion en un site unique devrait d'ailleurs se concrétiser en 2010-2012. Cette échéance permettra notamment de s'atteler à la tâche complexe de faire converger un héritage de trois systèmes d'information hétérogènes, une caractéristique fréquente dans un monde hospitalier souvent marqué par la diversité technologique.

"Le gros vaisseau amiral St Joseph, par son hétérogénéité, est finalement très typique de l'univers hospitalier. Son SI se compose d'un axe centrale qui est la gestion administrative du patient, auquel s'ajoutent la fonction support, et les différents plateaux techniques qui sont les métiers de l'hôpital, avec l'imagerie, la pharmacie, le bloc opératoire, etc. Et ces métiers demeurent encore très orientés silos, avec chacun leurs applications ne dialoguant pas nativement entre elles. L'urbanisation et la rationalisation ne sont pas encore franchement présents", décrit Dominique Bayle, le DSI du groupe hospitalier.

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Hôpital Saint Joseph à Paris © Hôpital Saint Joseph

Si le désir de convergence est néanmoins au centre des préoccupations, il s'avère complexe comme en témoigne le DSI. "La volonté d'urbaniser est confronté à des difficultés. Il n'est en effet pas possible par exemple de déloger une application métier utilisée par le laboratoire. Si les utilisateurs de la paie ou des achats sont d'accord pour adopter des solutions intégrées, il est difficile voire impossible d'imposer une technologie sur les plateaux techniques".

Compte tenu de l'évolution du système de dotation financière auquel seront en principe soumis les hôpitaux en 2009, avec notamment la mise en place d'une tarification à l'activité, la convergence s'impose pourtant comme une nécessité. Cette évolution à marche forcée induit un besoin technologique se concrétisant par la création d'une grande artère de facturation desservant les différents plateaux afin que ceux-ci l'alimentent en information en temps réel.

Pour répondre à ces enjeux, la direction informatique a choisi d'occulter la difficulté pour les utilisateurs en leur fournissant des outils proches de ceux qu'ils peuvent déjà utiliser sur Internet dans leur vie privée. "Nous sommes partis de l'idée de mettre en place un intranet qui serait notre artère de communication. Celle-ci assure la diffusion de l'information à nos équipes et permet la saisie. Grâce à une approche donnant-donnant, il est possible d'envisager de disposer de données exhaustives, intègres et saisies au plus tôt", précise également Dominique Bayle.

L'intranet se présente donc comme un portail Web regroupant les éléments nécessaires à la gestion administrative du patient. Les utilisateurs de profil médical et para-médical y retrouvent ainsi l'ensemble des données essentielles à leur activité, parmi lesquelles un historique relatif au patient, comme par exemple des radios. En décloisonnant, l'intranet irrigue l'ensemble de l'hôpital, avec pour mot clef l'adhésion. Une adhésion qui s'obtient notamment en adaptant son dialogue aux professionnels hospitalier. Le terme de tableau de bord trouvera ainsi plus aisément un écho que celui de Business Intelligence ou décisionnel.

"Les utilisateurs en milieu hospitalier sont très pragmatiques. Ils ne sont pas là pour faire de l'informatique, mais pour se consacrer aux patients. Le système d'information doit donc permettre la sécurisation des soins, créer de la valeur de production ou d'usage en favorisant la fourniture des soins", commente le DSI.