Xavier Poisson (HP) "Les données non structurées explosent dans les entreprises"

Virtualisation, segmentation et provisionning sont les maîtres mots de l'innovation en matière de stockage. Principal enjeu des entreprises : l'explosion du volume de données en mode fichier.

La division Stockage chez HP France a été créée en 2008. Cette activité s'est alors dissociée de la division serveur. Pourquoi cette réorganisation ? Quelles sont les conséquences aujourd'hui ?

Et bien nous sommes aujourd'hui 100 personnes au sein de cette division, sur des postes de marketing, de vente et d'avant vente, mais aussi de services. La réorganisation avait pour objectif d'être armés de la même manière que nos concurrents, et ce alors que nous mettions sur le marché de nouveaux produits de stockage.

Mark Hurd [ndlr. le CEO et président de HP] a identifié le stockage comme une zone de croissance considérable pour HP. S'en est suivi de gros investissements en recherche et développement. Nous avons profité de ce mouvement pour nous réorganiser en France.

Serveur, stockage réseau, cartouche, disque... Vous proposez une multitude de supports de stockage. Pour quels types de client ?

Notre ambition est de couvrir l'ensemble des catégories de client, de la TPE à la très grande entreprise. Cela explique la diversité de notre portefeuille de produits, qui va effectivement de la simple baie de disque à la plate-forme haute capacité.

Mais au-delà de cette diversité, il y a des points communs dans chaque domaine.

"Nos produits sont agnostiques, ce qui signifie qu'ils permettent de faire fonctionner des systèmes de stockage réseau de toutes marques"

Lesquels ?

Je crois que quel que soit le client, les thématiques de la virtualisation, de l'optimisation du taux d'usage des espaces de  stockage et la conformité aux standards sont présents.

Justement, quels gains apporte la virtualisation dans le domaine du stockage ?

La virtualisation est désormais présente à toutes les étapes du stockage. Chez nous, elle est présente en début de gamme avec du direct attached [ndlr ou stockage réseau en connexion directe], en milieu de gamme avec les gammes EVA [ndlr. Enterprise Virtual Arrays] et SVSP [ndlr. SAN Virtualization Services Platform], ou encore en haut de gamme avec un virtualiseur natif. L'idée ici et d'être capable de visualiser le stockage en pool, et ce de manière à simplifier la gestion.

La croissance des instances virtualisées est très importante. La tentation de piéger le client dans un système de gestion de la virtualisation propriétaire aussi. Comment procédez-vous ?

Nos systèmes sont agnostiques, ce qui signifie qu'ils permettent de faire fonctionner des direct attached de toutes marques. C'est une réduction de coût pour l'entreprise parce qu'elle devient libre du choix de son fournisseur.

De manière plus générale, quelle est votre perception de l'évolution du stockage des données ?

Il faut bien voir la différence qui existe entre données structurées et non structurées. Depuis un an et demi, on assiste à un changement majeur chez les utilisateurs. Jusqu'à maintenant, c'est la donnée en mode bloc, c'est-à-dire la donnée structurée, qui était en croissance.

Désormais, si la croissance des données en mode bloc est en faible croissance, ce sont les données en mode fichier, c'est-à-dire les données non structurées, qui connaissent une véritable explosion.

Quel est l'impact de ce changement ?

Cela signifie que l'utilisateur crée autant de données en allant les chercher à l'extérieur de l'entreprise qu'à l'intérieur. Ce changement a une incidence sur l'économie générale du stockage, et nous répondons à cette demande avec de nouvelles générations de systèmes virtualisés, réalisés à partir des standards du marché. Notre produit ExDS 9100 permet de connecter la couche matérielle, des processeurs de traitement spécifique, aux contrôleurs de disque, disques, comutateurs, avec une couche de virtualisation qui simplifie la gestion.

Mais pour ce qui est des données en mode fichier, pour quelles raisons une approche identique, passant par la virtualisation, n'est-elle pas à l'ordre du jour ?

C'est une question de maturité des systèmes. Dans le mode bloc, la stratégie de HP est la suivante. Nous voulons permettre aux entreprises d'utiliser la bonne donnée sur le bon support, d'où la notion de classe de stockage.

Nous nous penchons aussi sur les questions d'optimisation de l'usage : on va utiliser à 75% au lieu de 40% l'espace utilisé jusqu'alors.

Quelles sont les techniques qui permettent d'arriver à ce résultat ?

Nous travaillons sur la notion de virtualisation, mais aussi de segmentation et de provisionning.

C'est-à-dire ?

Et bien nous utilisons la capacité de allocation logique par rapport à l'espace physique en place sur le support de stockage. A titre d'exemple, pour mettre en place une application, si pour sa durée de vie j'avais besoin de 30 To, j'utilisais auparavant une baie de 30 To, utilisé à 30 ou 40% à un instant T.

Désormais, nous séparons la ligne logique de la ligne physique, ce qui permet, si je reprend l'exemple précédent, d'allouer une baie de 10 To qui suffira à la durée de vie de mon application.

Xavier Poisson est le directeur de la division stockage HP.