zEnterprise : un grand système survitaminé signé IBM

En mettant 1,5 milliard de dollars en R&D pour son dernier mainframe, IBM veut rallier à sa cause des clients historiques. Cela tombe bien, les établissements bancaires sont loin de s'enflammer pour le Cloud.

Les sirènes du Cloud Computing n'ont pas complètement fait tourner la tête d'IBM. Alors que Big Blue ne cache pas depuis deux ans l'intérêt qu'il porte au Cloud Computing, les récentes saillies de son P-DG Samuel Palmisano ont remis quelques points sur les i.

Ainsi, lors d'une récente conférence de presse au siège d'IBM, à Armonk (New York), le P-DG d'IBM n'a pas manqué d'émettre une série de réserves sur le Cloud en mettant même en garde les entreprises qu'il ne serait pas aussi simple et aisé que cela pour y entrer.

Et Samuel Palmisano d'avoir également pointé du doigt les problématiques de sécurité soulevées par le recours aux services et infrastructures Cloud Computing en particulier pour les établissements bancaires.

Une catégorie d'entreprises loin d'avoir été choisie au hasard par le P-DG, dans la mesure où ce sont elles qui sont également les plus grands consommatrices de grands systèmes (surtout ceux estampillés IBM)  solidement implantés dans leur paysage informatique. Et 100% internalisés pour le moment.

Le dernier-né d'IBM est capable de traiter plus de 50 milliards d'instructions par seconde

La preuve de l'amour porté par IBM à ses mainframes - et à la préservation de juteux contrats de licences et de support associés - porte un nom : zEnterprise. Alors que la rumeur courait depuis juin (des fuites émanant du cabinet spécialisé Duquesne Group ont filtré), Big Blue s'est donc enfin décidé à dévoiler le fruit de ses quatre années de recherche et développement en matière de mainframe.

Digne successeur du zSeries (notamment z10), zEnterprise a nécessité un investissement d'1,5 milliard de dollars, mobilisé pas moins de 5 000 employés, et impliqué tout au long de sa conception une trentaine de clients VIP triés sur le volet.

Outre une redoutable puissance processeur, le petit dernier zEnterprise est plus rapide et moins gourmand en énergie. La vitesse de cadencement est ainsi annoncé à 5,2 Ghz, pour une capacité de traitement de plus de 50 milliards d'instructions par seconde. La technologie processus incluera par ailleurs un jeu d'instructions à même de prévenir les gloulets d'étranglement de charge mémoire grâce à une technologie d'analyse prédictive.

Le coup de Trafalgar pour IBM pourrait venir des constructeurs misant sur le mainframe en mode Cloud  

Par rapport à son prédécesseur, le z10, le zEnterprise est annoncé comme étant entre 40 et 60% plus véloce, pour une consommation énergétique réduite de 12% et un rapport capacité/coût annoncé comme étant plus intéressant, sans toutefois en savoir davantage sur ce point.  

Cette nouvelle génération de mainframe vient donc à point nommé pour Big Blue pour consolider sa position concurrentielle. Car malgré une part de marché proche des 90%, les assauts d'Oracle et surtout d'HP pour équiper les centres de données (notamment ceux utilisés pour fournir de l'infrastructure Cloud Computing) se font de plus en plus pressants.

Même Cisco, historiquement positionné sur le segment de marché des routeurs et commutateurs, s'oriente vers la fourniture de serveurs à leur destination.  

Sachant qu'IBM doit également composer avec le potentiel de réaction des acteurs historiques du mainframe que sont Unisys et CA Technologies. C'est particulièrement le cas d'ailleurs pour CA Technologies qui pourrait mettre à profit le rachat du spécialiste des infrastructures Cloud 3Tera en février dernier, pour avancer ses pions - pourquoi pas - dans le balbutiant marché du mainframe en mode Cloud.