Start-up : peut-on réussir à l’international tout en étant français ?

Les initiatives en faveur du développement des startups françaises à l'international se multiplient et, dans le secteur du numérique, quelques success-story bien connues laissent rêveur. Mais se lancer à l'international ne s'improvise pas et les opportunités ne sont pas toujours là où on les attend.

Grâce à l’initiative gouvernementale « French Tech », l’écosystème numérique des startups françaises et leur rayonnement à l’international sont plus que jamais d’actualité. De nombreux événements, comme par exemple la « French Touch Conference », dont la deuxième édition se tiendra à New York en juin prochain, jouent également un rôle important dans la promotion à l’étranger de l’innovation et de entrepreneuriat à la française. Cette impulsion est particulièrement bénéfique pour les startups françaises qui souhaitent se lancer à l’international, et suivre l’exemple de sociétés comme Criteo ou Leguide.com, qui ont démontré que le « made in France » s’exportait et faisait recette.

Cependant, se lancer à l’international n’est pas une mince affaire ! Les entreprises qui viennent d’être citées en sont la preuve, il existe plusieurs stratégies, chacune avec leurs écueils. Une internationalisation doit se préparer en amont et faire partie intégrante de la stratégie de croissance de l’entreprise et ce quasiment dès sa création.

Connaissance du marché

Un entrepreneur ne dispose pas toujours du réseau, de l’entourage, de la connaissance du marché visé, pourtant nécessaires à la réussite du projet. Dans certains pays, notamment en Asie, le réseau est pourtant indispensable pour faire des affaires.

La croissance organique, stratégie adoptée avec succès par des entreprises comme BlaBlaCar permet de lever en partie cette barrière : les entreprises locales rachetées disposent de la connaissance et des talents nécessaires à leur marché. Cette démarche requiert d’engager des investissements importants et, souvent, de perdre en partie son indépendance financière. Ce n’est ni un choix facile, ni à la portée de toutes les entreprises.

Grâce au développement des nouvelles technologies, il est également possible de se lancer à l’étranger sans pour autant s’y implanter, surtout dans le secteur du numérique. La barrière de la langue – auprès des clients, prestataires, partenaires – le décalage horaire ou encore les différences culturelles restent toutefois des enjeux de taille. Embaucher des natifs est alors un véritable facilitateur, voire un prérequis.

La stratégie de l’entreprise est donc généralement réglée par ses moyens financiers et, par conséquent, par son business plan.

Résister à l’appel du « rêve américain »

Si le fameux « rêve américain » est toujours d’actualité, il est risqué. Les entreprises et investisseurs américains traitent principalement avec les entreprises implantées aux Etats-Unis. Or une telle démarche demande de lourds investissements et de se préparer à faire face à une concurrence acharnée, notamment dans le secteur du numérique où le débauchage de talents est un sport quotidien.

Dans un premier temps, l’Europe est peut-être ainsi un marché plus accessible et suffisamment vaste pour consolider ses activités et assoir sa légitimité. Il est également plus aisé d’être considéré comme un leader ou, a minima, comme un acteur de référence en France avant de se lancer dans un pays étranger, a fortiori lorsqu’il s’agit des Etats-Unis. Les pays émergents en Amérique du Sud ou en Asie sont également de cibles de choix : économie en pleine croissance et évolution technologique rapide en font des marchés porteurs.

La Chine, un marché à ne pas négliger

La France est en effet particulièrement reconnue pour sa technologie et sa technicité, notamment en Chine. Les investisseurs chinois se tournent de plus en plus vers l’occident, dont la France, à la recherche de startups innovantes et pouvant leur ouvrir le marché occidental. A titre d’illustration, le PDG de Huawei a annoncé en fin d’année dernière un plan d’investissement d’1,5 milliard d’euros en France, principalement à destination des PME et startups. Dans le cadre d’un concours, le fabricant a également emmené en Chine une dizaine de startups françaises l’année dernière. Si la Chine est un marché culturellement complexe pour un Français, un tissu de partenaires s’est progressivement mis en place en Chine pour accompagner les entrepreneurs étrangers. Côté France, des initiatives commencent également à voir le jour pour accroitre la visibilité des startups françaises et faciliter leur exportation au pays du soleil levant.

Outre leurs talents, les entrepreneurs français bénéficient ainsi nombreuses circonstances favorables pour se lancer à l’international. D’une part le gouvernement œuvre en ce sens, d’autre part, une réelle demande existe sur des marchés aussi porteurs que la Chine. Préparation et accompagnement restent cependant les clés de voûte d’un projet d’internationalisation réussi.