Sophie Dingreville (Iris Capital) "Pour 2013, nous prévoyons une dizaine d'investissements"

Comment le fonds travaille-t-il avec Orange et Publicis dans le cadre des investissements numériques des deux grands groupes français ? Entretien.

En 2012, l'activité d'Iris Capital a été accélérée grâce à votre partenariat avec Orange et Publicis qui ont décidé d'unir leurs forces pour investir dans des start-up. Comment se segmentent ces opérations ?

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Sophie Dingreville est en charge des investissements dans les technologies et médias numériques chez Iris Capital © Olivier Ezratty

Les 150 millions d'euros qui constituent à parts égales les fonds d'Orange et Publicis gérés par Iris Capital sont en réalité découpés en trois fonds. Le premier est dédié à l'early stage comme l'illustrent les participations dans Youscribe, V3D et Delfmems. Dans ce cas les tickets sont de 1 à 3 millions d'euros. Le second s'adresse au late stage, de 4 à 20 millions d'euros, et nous a permis de prendre des participations dans ProwebCE et AppGratis. Le dernier est dédié à des prises de participations minoritaires dans grands tours de table réalisés par des groupes situés en dehors de l'Europe. Dans ce cas, nos tickets sont de 1 à 2 millions d'euros. Tous ces investissements sont réalisés par Iris Capital et font également intervenir d'autres capitaux de nos investisseurs institutionnels.

Comment travaillez-vous au quotidien avec Orange et Publicis ?

Orange et Publicis sont en mesure d'identifier des opportunités, tout comme nous, le principal étant qu'il y ait des affinités entre leur activité et celles des start-up rencontrées. Chez Publicis, c'est avec Maurice Lévy et l'agence Vivaki que nous collaborons. Chez Orange, nous sommes en relation avec Stéphane Richard, le département "nouvelles activités de croissance" dirigé par Stéphanie Hospital et surtout avec Xavier Perret et Paul-François Fournier du Technocentre d'Orange. Ces collaborations permettent aux deux groupes de disposer d'une position d'observateurs privilégiés de leurs écosystèmes. Les synergies entre les deux groupes sont notamment permises grâce à Didier Lombard, président du comité stratégique d'Iris Capital.

Des acquisitions par Orange et Publicis sont-elles prévues ?

"Nous ne sommes pas l'antichambre des fusions et acquisitions d'Orange et de Publicis"

Les acquisitions ne sont pas exclues mais, dans la mesure du possible, nous évitons de nous mettre dans ce type de position. Il est toutefois possible que cette question se pose dans quatre ou cinq ans... Mais il est encore trop tôt. Nous ne sommes pas l'antichambre des fusions/acquisitions d'Orange et de Publicis.

Pourquoi avoir investi 5 millions d'euros dans AppGratis, un business très dépendant de Google et d'Apple ?

Nous avons conscience de la forte dépendance du modèle d'AppGratis à l'App Store d'Apple mais cela sera vite compensé grâce à la prochaine sortie de l'application sur Google Play. Reste qu'aujourd'hui, la relation entre AppGratis et Apple est très bonne comme le montre l'acceptation de la 3ème version de l'application dans l'App Store. AppGratis ne va pas à l'encontre des catalogues d'applications d'Apple et de Google mais permet au contraire de remettre de la vie dans les stores en faisant remonter certaines applications dans le top. L'application a, par exemple, permis de relancer l'App Store en Amérique du Sud où il était presque éteint. Enfin, le Google Play laisse entrevoir de belles opportunités de marché mais il faudra réfléchir à de nouveaux algorithmes de monétisation, chose qui va prendre du temps... Mais l'idée à terme est de fournir un service de la même qualité que sur l'App Store d'Apple.

Qu'en est-il de votre présence à l'international ? De votre rythme d'investissement à venir ?

"Nous prévoyons une dizaine d'investissements en 2013"

Nous disposons de 450 millions d'euros sous gestion dont 150 proviennent d'Orange et Publics. Nous avons un bureau à Paris, un associé à Düsseldorf, un à Montréal, un à San Francisco et trois venture partners en Asie, à Pékin et Tokyo qui travaillent également pour les Orange Labs. Nous avons également un bureau à Riyad et un autre à Dubaï. Pour 2013, nous prévoyons une dizaine d'investissements, répartis équitablement entre l'early stage, le late stage et l'international.

Diplômée de l'Ecole Nationale Supérieure des Télécommunications, de Universidad Politécnica de Madrid et titulaire d'un MBA interne de McKinsey, Sophie Dingreville débute sa carrière dans la recherche en traitement numérique des images puis rejoint TPS comme chef de projet technique. En 2000, elle intègre McKinsey & Co en tant que consultante au département IT. Elle rejoint Iris Capital en 2002 où elle est en charge des investissements dans les technologies dans les médias numérique.