Comment Informatica a pivoté vers une data management platform multicloud

Comment Informatica a pivoté vers une data management platform multicloud L'acteur historique du monde de l'ETL/ELT a lancé, avec succès, une plateforme nativement cloud réunissant tous les services de gestion des données. Un évolution stratégique soutenue par un retour en bourse.

2021 aura été une année clé pour Informatica. En octobre, le spécialiste américain du management de données se réintroduisait en Bourse, six ans après l'avoir quittée, levant 841 millions de dollars. Quelques mois peu plus tôt, en avril, la firme de Redwood City avait donné une orientation décisive au cours de son histoire en lançant une nouvelle offre baptisée Intelligent Data Management Cloud (IDMC). Une plateforme nativement cloud de gestion de données de bout en bout et pensée pour les environnements hybrides et multicloud.

"IDMC est une synthèse de notre stratégie"

Cette solution constitue une forme d'aboutissement pour l'éditeur californien, créé il y a près de trente ans sur le marché historique de l'extraction et de la transformation de données (ETL/ELT). "IDMC est une synthèse de notre stratégie, avance Denis Herriau, DG France et VP Europe du Sud. Cette plateforme unifiée factorise des sujets qui étaient adressés jusqu'alors par différentes solutions. Elle réunit nos grands domaines fonctionnels que sont l'intégration des données, la gouvernance des données et la gestion des référentiels."

"Depuis une même plateforme, une entreprise peut couvrir tous ses sujets de data management sans recourir à un empilement de technologies dont certaines sont parfois obsolètes", complète Denis Herriau. IDMC se veut aussi une réponse à la montée progressive des entreprises dans le cloud qui tout en gagnant en agilité ne peuvent s'affranchir de leur existant ni s'enfermer auprès d'un seul provider.

Près de 28 billions de transactions par mois

Près d'un an après son lancement, IDMC fonctionne déjà à un rythme soutenu, traitant 27,8 billions de transactions par mois. Plateforme basée sur une architecture de micro-services et pilotée par APIs, IDMC est alimentée par le moteur d'intelligence artificielle maison, baptisée CLAIRE. En interprétant les métadonnées issues de diverses sources systèmes, bases de données et autres services cloud, cette IA va automatiser les processus de gestion et de gouvernance des données. Elle permet de créer des pipelines de données, de les traiter et de les provisionner à des fins d'analyse.

Sur le terrain du cloud, Informatica se veut agnostique. Via différents partenariats technologiques, la plateforme traite indifféremment les environnements des hyperscalers AWS, de Microsoft Azure et Google Cloud ou les modern data platforms de Databricks et Snowflake. Pour Denis Herriau, Informatica entre très rarement en concurrence avec ces deux derniers. "Notre plus-value historique porte sur notre capacité à alimenter une plateforme en données de qualité avec un bon niveau de contrôle. Nous fournissons toutes les briques pour que la donnée arrive au bon format et soit conforme à la réglementation. Cette phase préparatoire crée les conditions d'une bonne stratégie de data management."

Démocratiser l'accès à la donnée

Informatica entend aussi favoriser l'accès à la donnée au-delà du cercle des experts de la data. L'éditeur propose une interface simplifiée, la Cloud Data Marketplace, à destination des consommateurs de la donnée, qu'ils se trouvent dans les directions commerciale et marketing ou dans les fonctions liées à la conformité comme le DPO. "En apportant cette couche d'abstraction, nous ouvrons les jeux de données au plus grand nombre. Cela permet aussi de pallier la pénurie de compétences chez les spécialistes de la data."

"Notre Cloud Data Marketplace permet aussi de pallier la pénurie de compétences chez les spécialistes de la data"

L'évolution du positionnement marché d'Informatica induit mécaniquement un changement dans le profil-type des entreprises clientes. Alors qu'originellement il se concentrait sur les grands comptes du CAC 40 et du Fortune 500, l'éditeur américain a élargi le spectre. Le mode de consommation des services en mode cloud faisant baisser le ticket d'entrée, il peut s'attaquer à des entreprises réalisant entre 500 millions et 1,5 milliard d'euros de CA. Comme d'autres éditeurs, Informatica est, de toutes façons, portée par la dynamique du cloud. Lors de ses derniers résultats financiers, il faisait savoir que ses revenus récurrents liés au cloud avaient bondi de 40% au dernier trimestre 2021 pour atteindre 317 millions de dollars.

Pour Denis Herriau, le marché français suit la tendance et n'accuse aucun retard en termes d'adoption du cloud. Parmi les références hexagonales, on peut citer Manutan, Gras Savoye, Sodexo, Eurovia ou Sanofi. Les objectifs poursuivis diffèrent fortement d'un compte à l'autre. Gras Savoye s'est d'abord dotée d'une solution de gestion des données de référence pour répondre à un enjeu de conformité (lutte contre le blanchiment, LCB-FT) avant d'aller vers l'amélioration de la connaissance client. Filiale BTP du groupe Vinci, Eurovia avait, lui, entrepris un chantier de modernisation de ses systèmes d'information en s'appuyant sur un socle SAP S/4HANA. Les solutions d'Informatica ont permis des intégrations complexes et notamment de données IoT provenant de milliers de véhicules de chantier.

Pour 2022, Informatica se fixe trois grandes priorités. La première porte sur le renforcement de ses relations avec les grands écosystèmes cloud. Il est d'ores et déjà possible de consommer des services Informatica depuis les marketplaces de Microsoft Azure ou de Google Cloud. La deuxième priorité porte sur l'innovation produit et l'enrichissement fonctionnel d'IDMC. "Il s'agit d'aller plus loin dans la gestion de référentiels en augmentant la logique de données clients, de données financières, de données employés", illustre Denis Herriau. Enfin, Informatica prévoit, en 2022, d'accroître sa force commerciale pour faire face à sa croissance soutenue. Lors du dernier exercice, son chiffre d'affaires a augmenté de 9% pour atteindre 1,4 milliard de dollars.