L'absentéisme au travail en 2023 : des chiffres en baisse, mais des arrêts plus longs

L'absentéisme au travail en 2023 : des chiffres en baisse, mais des arrêts plus longs Certaines catégories de travailleurs, comme les ouvriers et les employés, continuent d'être plus exposées aux arrêts de travail, tandis que les arrêts de longue durée dépassent désormais la moitié des absences totales.

Après des années marquées par une hausse continue de l'absentéisme en entreprise, l'année 2023 a enregistré une baisse notable du nombre de salariés en arrêt de travail. Pourtant, malgré cette amélioration apparente, un autre phénomène inquiète les employeurs : la durée des arrêts de travail s'allonge.

L'absentéisme en baisse pour la première fois depuis 2016

En 2023, pour la première fois depuis 2016, l'absentéisme au travail a diminué, avec un taux passant de 5,4% en 2022 à 4,8% cette année, selon le cabinet de conseil WTW (Willis Towers Watson) relayé par Le Figaro.

Ce recul marque un tournant après des années de hausse continue, mais doit être interprété avec prudence. Noémie Marciano, directrice de l'activité Health and Benefits chez WTW citée par Capital, met en garde : "Cette baisse est liée à la vague Omicron qui avait fortement contribué à augmenter le taux d'absentéisme en 2022." Les chiffres de 2023 représentent donc un retour à une situation plus normale, après une période exceptionnellement marquée par la pandémie de Covid-19.

Les secteurs les plus touchés par l'absentéisme restent toutefois stables. Le secteur de la santé humaine et de l'action sociale, par exemple, a enregistré un taux d'absentéisme de 8,3% en 2023, bien au-dessus de la moyenne nationale. La durée moyenne des arrêts de travail y atteint près d'un mois (27 jours), un chiffre particulièrement élevé. "La nature même de ces métiers de santé implique une forte pénibilité du travail", précise Noémie Marciano.

Des arrêts moins fréquents mais plus longs en 2023

Malgré une baisse globale du nombre d'arrêts de travail, leur durée moyenne a augmenté. En 2023, les arrêts de travail duraient en moyenne 23 jours, contre 20 jours en 2022, une augmentation de 15%. Ce phénomène s'explique en grande partie par la hausse des arrêts de longue durée (plus de 90 jours), qui représentent désormais 55% des jours d'absence en entreprise.

Selon Noémie Marciano, cette augmentation est notamment liée aux troubles de la santé mentale, qui touchent de plus en plus de salariés. En effet, un salarié sur dix est désormais affecté par un burn-out sévère, selon une étude d'OpinionWay publiée cette semaine, rapportée par La Tribune. Ces arrêts longs impactent particulièrement les secteurs déjà en difficulté, comme le transport, l'entreposage et la restauration.

Des disparités selon les catégories professionnelles et le genre

Les ouvriers et employés sont les catégories de travailleurs les plus impactées par l'absentéisme, comparativement aux professions intermédiaires et aux cadres. Le cabinet WTW explique cela par la pénibilité plus importante de leurs emplois, qui peuvent nécessiter des efforts physiques importants. Par exemple, les salariés du secteur du transport affichent un taux d'absentéisme de 7,5%, avec une durée moyenne d'absence de 33 jours par an.

Par ailleurs, l'étude montre que les femmes sont plus souvent absentes que les hommes. Elles cumulent plus de jours d'arrêt, en raison notamment de leur présence majoritaire dans des secteurs plus exposés, comme l'hôtellerie-restauration, où les absences sont particulièrement longues (39 jours en moyenne en 2023).

Le développement du télétravail a aussi joué un rôle dans la réduction de l'absentéisme pour certaines catégories de salariés, notamment les cadres. Selon une étude de l'Ifop et Diot-Siaci, 63% des télétravailleurs estiment que la possibilité de travailler à distance leur a permis d'éviter un arrêt de travail. Cependant, cette option est moins répandue dans les secteurs manuels, qui restent fortement affectés par les absences.