Déficit public : Gabriel Attal justifie ses décisions devant la commission sénatoriale
L'audition de l'ancien Premier ministre au Sénat a révélé des détails sur la gestion budgétaire, marquée par des choix contestés et des tensions politiques.
Ce vendredi, Gabriel Attal s'est présenté devant la commission des finances du Sénat. L'audition visait à clarifier la gestion des finances publiques alors que le déficit atteignait 6,1% du PIB, bien au-dessus des prévisions initiales. L'ancien Premier ministre a détaillé les mesures budgétaires prises sous son mandat et a répondu aux critiques formulées contre Bruno Le Maire.
Contexte et mesures budgétaires
Dès son arrivée à Matignon en janvier 2024, Gabriel Attal a pris conscience des alertes sur la dégradation des comptes publics. Pour contenir cette situation, plusieurs mesures ont été adoptées, telles que la révision des prévisions de croissance et la hausse de la cible de déficit.
Gabriel Attal a mentionné les économies de 20 milliards d'euros réalisées au cours de l'année 2024 et la préparation d'un budget prévoyant 15 milliards d'euros d'économies supplémentaires. Ces efforts étaient destinés à répondre à la baisse des recettes fiscales observée en fin d'année.
Cependant, le déficit prévu pour 2024 s'établit à 6,1% du PIB, contre les 4,4% prévus initialement à l'automne 2023 et les 5,1% prévus au printemps. L'ancien dirigeant de Matignon a affirmé que ce chiffre était en grande partie dû à une baisse imprévue des recettes fiscales, selon Public Sénat.
Soutien à Bruno Le Maire et critiques sénatoriales
Lors de l'audition, Gabriel Attal a défendu Bruno Le Maire, ancien ministre de l'Économie, accusé d'"insincérité budgétaire". Ce premier a qualifié de "scandaleux" le "procès médiatique et politique" dirigé contre son ancien ministre, rappelant son engagement pour réduire la dette publique. Selon l'ex-responsable du gouvernement, l'approche de Bruno Le Maire visait à maintenir la rigueur budgétaire face aux crises.
Les sénateurs, dirigés par Jean-François Husson, ont critiqué l'absence de projet de loi de finances rectificative (PLFR) en 2024, perçue comme un manque de transparence. Gabriel Attal a rétorqué que le gouvernement avait préféré utiliser des dispositifs alternatifs, tels que le décret d'annulation de crédits, pour ajuster le budget.
Choix stratégiques et contexte politique
Gabriel Attal a expliqué que la décision de ne pas présenter de PLFR avait été prise en accord avec le président Emmanuel Macron et visait à utiliser des mécanismes plus adaptés, comme le budget de fin de gestion. Cette stratégie permettait de modifier les crédits sans passer par un PLFR.
Le président de la commission, Claude Raynal, a exprimé des doutes quant aux motivations politiques de cette décision, notamment l'impact des élections européennes de 2024. Gabriel Attal a de son côté fermement nié que les élections aient influencé cette décision, ajoutant que des mesures telles que l'annulation de crédits et les ajustements prévus n'avaient pas été repris par le gouvernement actuel.
Jean-François Husson a aussi souligné que l'objectif initial de réduction du déficit à 4,4% avait été abandonné, ce à quoi le député français a répondu que des événements imprévisibles avaient modifié la trajectoire budgétaire.