Mario Draghi sonne l'alarme : relancer l'économie européenne pour rivaliser avec les États-Unis

Mario Draghi sonne l'alarme : relancer l'économie européenne pour rivaliser avec les États-Unis Un rapport de 400 pages détaille les mesures nécessaires pour stimuler l'économie européenne et réduire sa dépendance stratégique envers d'autres puissances.

Début septembre, Mario Draghi, ancien Premier ministre italien et ex-président de la Banque centrale européenne, a présenté un rapport de 400 pages mettant en exergue l'urgence pour l'Union européenne de repenser sa stratégie économique. Selon lui, l'Europe doit intensifier ses efforts pour stimuler la croissance et réduire sa dépendance envers la Chine pour les technologies stratégiques et certaines matières premières. Il souligne un constat alarmant : le revenu par habitant a progressé presque deux fois plus aux États-Unis qu'en Europe depuis 2000. Cette stagnation pourrait conduire l'UE à une "lente agonie" si des mesures drastiques ne sont pas prises rapidement.

Les recommandations de Mario Draghi : innovation et régulation

Pour contrer ce déclin, le rapport préconise des investissements annuels estimés entre 750 et 800 milliards d'euros. Ces fonds seraient orientés vers des secteurs clés comme l'innovation numérique, la transition écologique et les industries de défense. Ce montant colossal, supérieur au plan Marshall, représente un immense défi pour les 27 pays de l'UE, alors même qu'ils luttent pour contenir leur endettement et réduire leurs déficits.

Le rapport insiste aussi sur la nécessité de réguler les concentrations d'entreprises. Mario Draghi préconise une approche sectorielle et flexible afin de promouvoir l'innovation tout en maintenant une concurrence équitable. Par exemple, il appelle à faciliter les fusions dans le domaine des télécommunications pour stimuler l'investissement dans les infrastructures et réseaux.

Le mur des financements et les divergences politiques

Si l'urgence de la situation est largement reconnue, les moyens pour y parvenir divisent. L'Allemagne et plusieurs pays dits "frugaux" refusent toute idée de nouvel endettement commun, malgré le succès du plan de relance post-Covid de 800 milliards d'euros, rappelle l'Opinion. Ils envisagent toutefois des financements par le biais du budget de l'UE ou de la Banque européenne d'investissement.

Mario Draghi met aussi l'accent sur l'importance d'attirer les financements privés. Mobiliser l'épargne des Européens pour soutenir les entreprises et développer un véritable marché intérieur de la finance apparaît comme une solution essentielle pour éviter la stagnation.

L'élection de Donald Trump, un élément perturbateur

L'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis en 2024 a amplifié la nécessité de ces réformes. Le président américain a déclaré son intention de s'attaquer aux excédents commerciaux de l'UE en imposant des taxes sur les importations. Face à ces pressions, l'Europe doit renforcer sa compétitivité et préserver son autonomie économique.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a affirmé que le plan Draghi constituait une base solide pour guider les futures réformes. Cependant, la concrétisation de ces idées pourrait s'étaler sur plusieurs années, avec des résultats tangibles qui se feront attendre. Sylvie Matelly, directrice de l'institut Jacques Delors, met en garde : "Les États produisent de belles déclarations mais qu'il n'y ait pas grand-chose derrière", citée par La Tribune.

Pour surmonter ce mur d'investissements et de divergences, les dirigeants des Vingt-Sept doivent s'engager dans un dialogue constructif. L'approfondissement du marché unique, la simplification réglementaire et la création d'un marché intérieur de la finance sont autant de leviers indispensables.