Après Ouest-France, Sud Ouest quitte X, dénonçant un réseau hors de contrôle
Le groupe Sud Ouest a rejoint la liste croissante des médias suspendant leur présence sur X, anciennement Twitter. Cette décision s'inscrit dans une série d'annonces similaires, dont celle de Ouest-France et de plusieurs journaux européens, évoquant un réseau social devenu ingérable face aux dérives de la modération et à la propagation de fausses informations.
Une suspension motivée par la dérive du réseau
Ce jeudi, Sud Ouest a annoncé qu'il suspendait ses publications sur X, précisant que cette décision durerait "tant que des garanties sérieuses de lutte contre la désinformation et en faveur de l'équilibre des débats n'auront pas été apportées". Cette déclaration provient d'un communiqué signé par Nicolas Sterckx, directeur général du groupe.
Nicolas Sterckx a également dénoncé "le défaut de modération assumé", accompagné de "mesures aux conséquences délétères", parmi lesquelles la "limitation des publications des comptes médias", la "modification des conditions de blocage" et la "disparition des pastilles de certification au profit de la mise en avant des comptes payants". Ces pratiques sont perçues comme des atteintes directes aux valeurs que défend le groupe.
En parallèle, chaque journaliste du groupe conserve le droit de maintenir une activité personnelle sur X, "en veillant au respect des chartes déontologiques de chaque titre", a précisé Sterckx dans ce même communiqué.
Un mouvement collectif parmi les médias
Cette décision de Sud Ouest fait suite à celle d'Ouest-France, annoncée la veille, et s'inscrit dans une tendance plus large qui touche également des médias internationaux. The Guardian (Royaume-Uni), La Vanguardia (Espagne) et Dagens Nyheter (Suède) figurent parmi les journaux ayant cessé leurs activités sur X ces derniers mois.
Ces départs massifs s'expliquent par les inquiétudes croissantes liées à la gouvernance de la plateforme depuis son rachat par Elon Musk en 2022. Le réseau social est accusé de propager de fausses informations et de ne pas allouer suffisamment de moyens pour modérer les contenus problématiques. Fervent défenseur d'une "liberté d'expression absolue", Musk a été critiqué pour avoir supprimé les mécanismes traditionnels de certification et favorisé les comptes payants.
Ouest-France avait d'ailleurs déclaré que le retrait de la plateforme durerait selon Le Figaro, "sauf si cela devenait un espace régulé et respectueux des personnes", une position qui reflète également celle adoptée par Sud Ouest.
Une stratégie tournée vers l'indépendance
Dans son communiqué, Sud Ouest a également souligné son ambition de renforcer ses propres plateformes numériques. "Cette décision est conforme à notre volonté réaffirmée d'orienter et d'intensifier nos efforts vers le développement de nos audiences en lien avec des contenus certifiés", précise le groupe dans un article publié sur son site officiel.
Le groupe a récemment entrepris un renouvellement de ses sites et applications mobiles, avec pour objectif de proposer des contenus diversifiés et engageants, notamment à travers la vidéo. Ce repositionnement stratégique vise à offrir une alternative fiable et qualitative à ses audiences, loin des dérives observées sur X.
Les départs successifs des médias soulignent une problématique plus large : celle de la régulation des réseaux sociaux. Pour de nombreux acteurs de l'information, le manque de garanties apportées par des plateformes comme X pose la question de leur responsabilité face à la désinformation. Nicolas Sterckx a notamment rappelé que "ces évolutions vont à l'encontre des valeurs fondamentales que nous défendons", une déclaration rapportée par Sud Ouest.