Scission de Vivendi : Canal+ chute à Londres, Havas et Louis Hachette en plein essor

Scission de Vivendi : Canal+ chute à Londres, Havas et Louis Hachette en plein essor Vivendi entame une nouvelle ère après avoir séparé ses activités en trois sociétés distinctes, désormais cotées sur des marchés différents.

Ce lundi marque une étape clé pour Vivendi, géant français des médias et de l'édition, avec l'entrée en Bourse de ses trois nouvelles entités : Canal+, Havas et Louis Hachette Group. Tandis que les investisseurs saluent les performances prometteuses de Havas et Louis Hachette, Canal+ connaît des débuts plus difficiles à Londres, révélant les contrastes d'une scission aux enjeux multiples.

Vivendi se restructure avec des ambitions internationales

Le projet de scission de Vivendi, validé par les actionnaires à plus de 97% en novembre dernier, vise à révéler la valeur réelle des différentes branches du groupe. Les nouvelles entités cotées reflètent des choix stratégiques pour s'implanter sur des marchés spécifiques. Canal+ a été introduit sur le London Stock Exchange, Havas sur Euronext Amsterdam, et Louis Hachette Group sur Euronext Growth à Paris.

Selon Yannick Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi cité par Les Echos, cette opération vise à "révéler le vrai potentiel des actifs de Vivendi". Le cours boursier du groupe, jugé insuffisamment représentatif de la valeur de ses actifs, constituait "un handicap pour nos actionnaires et pour le développement de nos activités", a-t-il déclaré, relayé par La Tribune.

Les actions des entités nouvellement créées ont été réparties aux détenteurs d'actions Vivendi : une action Canal+, une action Havas, et une action Louis Hachette Group ont été attribuées pour chaque titre Vivendi détenu. L'action Vivendi continue par ailleurs à être cotée à Paris.

Une entrée en Bourse contrastée pour les nouvelles entités

Dès l'ouverture des marchés, les performances des trois sociétés ont affiché des dynamiques opposées. Canal+, coté à Londres, a vu son action chuter de plus de 10% dans les premières heures, atteignant même une baisse de 20% selon certaines analyses. Maxime Saada, président de Canal+, a toutefois relativisé ces débuts : "Le succès de cette introduction en Bourse, nous le mesurerons d'ici deux à trois ans", a-t-il déclaré dans Le Figaro.

En revanche, les débuts de Louis Hachette Group et Havas ont été marqués par des hausses significatives. À Paris, l'action de Louis Hachette Group a bondi de 28%, atteignant 1,44 euro, contre un prix initial de 1,12 euro. À Amsterdam, l'action Havas a enregistré une progression de près de 10% dans les premiers échanges.

Ces disparités s'expliquent en partie par les spécificités des marchés choisis pour la cotation. La place de Londres offre à Canal+ une visibilité accrue à l'international, où la chaîne cryptée ambitionne de renforcer sa présence. Deux tiers de ses 27 millions d'abonnés actuels sont situés hors de France, un chiffre que le groupe espère doubler dans les années à venir.

Des critiques et des défis pour Vivendi

Si cette scission est présentée comme une opportunité stratégique, elle suscite également des réserves parmi certains actionnaires. Le fonds activiste CIAM, qui détient une petite participation dans Vivendi, a poursuivi ses recours en justice pour annuler l'opération, estimant qu'elle "contourne la loi sur les offres publiques d'achat obligatoires".

Par ailleurs, la holding Vivendi conserve plusieurs participations stratégiques, notamment dans Universal Music Group, MediaForEurope (ex-Mediaset), Banijay, ou encore Gameloft. Ces actifs représentent un pilier essentiel pour l'avenir du groupe, mais certains analystes craignent une "décote de holding" qui pourrait peser sur la valorisation globale.

En fin de semaine dernière, la capitalisation de Vivendi s'élevait à 8,55 milliards d'euros. Yannick Bolloré a toutefois évoqué une valorisation post-scission potentiellement supérieure, estimée autour de 16 milliards d'euros pour l'ensemble des entités indépendantes.