Finances publiques : les risques croissants pour l'économie française

Finances publiques : les risques croissants pour l'économie française Alors que le Sénat débat des finances publiques, Jean-François Husson met en garde contre les risques liés à l'aggravation du déficit et de la dette.

Alors que le Sénat débat du projet de loi de finances pour 2025, les indicateurs budgétaires français s'aggravent, alimentant des inquiétudes croissantes. Entre déficit élevé, dette en hausse et conditions d'emprunt qui se détériorent, les acteurs politiques tirent la sonnette d'alarme.

Un déficit préoccupant dans un contexte de tensions économiques

Le déficit public français, prévu à 5,5% du PIB en 2025, reflète une situation budgétaire sous pression. Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances du Sénat, s'inquiète de cette trajectoire et appelle à une réduction immédiate des dépenses dans un entretien avec Les Echos : "La France est dans un état d'extrême urgence budgétaire. Nous ne sommes pas tant au pied de l'Himalaya qu'au bord d'un précipice". Ces propos mettent en lumière la gravité de la situation, exacerbée par des écarts de taux d'intérêt croissants avec l'Allemagne, un indicateur de la perte de confiance des investisseurs.

Le Sénat a déjà voté des économies supplémentaires pour un total de 3,5 milliards d'euros. Parmi elles figurent la réduction d'un milliard d'euros du budget de formation des enseignants, ainsi que des ajustements ciblés dans l'aide médicale d'État, les aides à l'apprentissage et les dispositifs de soutien à l'emploi. "L'enjeu est de faire maigrir l'athlète France, pour lui redonner du muscle, de la vitalité, de la compétitivité", a ajouté Jean-François Husson.

Des solutions sous débat pour maîtriser la dette

Alors que les conditions d'emprunt continuent de se durcir, le gouvernement est contraint de revoir ses priorités. Plusieurs pistes de réformes ont été évoquées, dont certaines concernent des dépenses jugées non essentielles. La suppression de la mission "Plan de relance", pour des actions désormais classiques de l'État, pourrait rapporter 169 millions d'euros. Le recentrage du Pass Culture sur les élèves boursiers permettrait d'économiser 125 millions d'euros supplémentaires, tandis que la fin du Service national universel représenterait une réduction de 100 millions d'euros.

Pour compléter ces efforts, le Sénat a également adopté des mesures ciblant la fraude fiscale, telles que le dispositif anti-"Cum-Cum", qui vise à lutter contre l'arbitrage frauduleux de dividendes. Ces dispositifs, largement soutenus par les sénateurs, illustrent la nécessité de combler les marges budgétaires sans recourir à une hausse massive des impôts. "Nous ne comprendrions pas que le nouveau gouvernement ne retienne pas cet acquis", a souligné Jean-François Husson.

L'impact des tensions sur les collectivités et les politiques publiques

La gestion budgétaire implique également un dialogue avec les collectivités locales, souvent mises à contribution pour réduire le déficit. Un accord préalable avait limité leur effort à 2 milliards d'euros d'économies, contre 5 milliards initialement demandés par le gouvernement. François Rebsamen, ministre de l'Aménagement du territoire, a confirmé cet arrangement avec le Sénat.

Cependant, ces ajustements budgétaires ne suffisent pas à apaiser les tensions. L'échec d'un compromis pourrait exacerber les problèmes structurels des finances publiques et fragiliser davantage l'économie française. En témoigne la nécessité urgente de trouver au moins 10 milliards d'euros d'économies nouvelles, sous peine de dépasser les seuils de déficit fixés.