Croissance, innovation, énergie : les ambitions de l'UE pour reconquérir sa place sur la scène mondiale

Croissance, innovation, énergie : les ambitions de l'UE pour reconquérir sa place sur la scène mondiale Alors que les États-Unis et la Chine multiplient les investissements massifs, l'Europe cherche à relancer son attractivité. La Commission européenne propose un ensemble de réformes pour favoriser l'innovation.

L'Union européenne a dévoilé une feuille de route ambitieuse pour redresser son économie et renforcer sa compétitivité face aux États-Unis et à la Chine. La boussole pour la compétitivité, présentée par Ursula von der Leyen le 29 janvier, trace les grandes lignes de cette stratégie, articulée autour de la simplification réglementaire, du soutien aux technologies d'avenir et d'une réorganisation du marché énergétique.

Alléger la réglementation et stimuler l'investissement

L'un des premiers objectifs de la Commission européenne est de réduire la complexité administrative pour les entreprises européennes. Une directive dite omnibus, prévue pour le 26 février, doit permettre d'alléger certaines obligations en matière de fiscalité et de durabilité, avec une réduction de 25% des obligations de reporting pour les entreprises. Cette initiative répond à un constat partagé par plusieurs acteurs économiques : "Nous avons reçu un message très clair de la part des entreprises européennes, qu'il y a trop de complexité" a déclaré Ursula von der Leyen, citée par Politico.

Bruxelles envisage également d'harmoniser les règles du marché intérieur en proposant un statut juridique unique pour les entreprises opérant dans plusieurs États membres. Ce 28e régime permettrait aux sociétés innovantes d'éviter la fragmentation des législations nationales.

La question du financement reste un défi. Mario Draghi, ancien président de la BCE, a estimé dans son rapport que l'UE devra mobiliser 800 milliards d'euros d'investissements annuels pour préserver sa compétitivité, un montant qui pose problème en l'absence d'un consensus sur un mécanisme de financement commun. Ursula von der Leyen a écarté cette option pour le moment, évoquant un hypothétique fonds de compétitivité qui pourrait être intégré au budget communautaire de 2028, d'après Le Monde.

Soutenir les technologies stratégiques et encourager l'innovation

Le plan européen mise sur l'innovation pour dynamiser l'économie, avec un accent particulier sur l'intelligence artificielle, la biotechnologie et les technologies quantiques. Une stratégie spécifique pour l'IA sera dévoilée d'ici la fin de l'année, avec des investissements destinés à la création d'infrastructures cloud et de supercalculateurs. L'objectif est de rattraper le retard de l'UE face aux États-Unis et à la Chine, alors que seuls 13% des entreprises européennes utilisent actuellement l'intelligence artificielle.

Le soutien aux startups et scale-ups passera également par la mise en place d'une union de l'épargne et de l'investissement, une version renforcée du projet d'Union des marchés de capitaux lancé en 2014. Selon la Commission européenne, cette initiative doit permettre de mobiliser davantage de capitaux privés pour financer les entreprises innovantes.

Une partie des investissements européens sera également consacrée aux secteurs industriels clés comme la sidérurgie, la chimie et l'automobile. Un Pacte pour une industrie propre doit être présenté fin février pour aider ces secteurs à accélérer leur transition vers des technologies bas-carbone.

Réduire les coûts énergétiques et sécuriser l'approvisionnement

Le prix élevé de l'énergie en Europe est l'un des principaux freins à la compétitivité des entreprises. Aujourd'hui, le coût de l'électricité pour les industriels européens est en moyenne trois fois supérieur à celui des États-Unis, selon Le Journal de l'Économie. Pour y remédier, Bruxelles prévoit un plan d'action pour une énergie abordable, dont les détails seront précisés en février.

L'UE cherche également à renforcer son indépendance énergétique en limitant sa dépendance aux importations chinoises et américaines. Une plateforme commune d'achat de matières premières stratégiques sera mise en place afin de garantir l'approvisionnement en métaux rares, indispensables pour les batteries et les technologies propres.

Les nouvelles orientations européennes en matière énergétique devront toutefois composer avec des tensions politiques internes. Plusieurs États membres réclament un assouplissement des réglementations environnementales du Pacte vert afin de réduire les charges pesant sur les entreprises."Le monde ne nous attendra pas. Tous les États membres sont d'accord sur ce point. Agissons donc en partant de ce consensus", a affirmé Ursula von der Leyen lors de la présentation du plan, citée par Toute l'Europe.