Budget 2025 : la Cour des comptes met en garde contre une dette incontrôlable
La Cour des comptes a publié ce jeudi un rapport alarmant sur la situation budgétaire de la France. L'institution pointe une dérive des dépenses publiques, avec un déficit attendu à 6% du PIB en 2024. Elle appelle à des mesures immédiates pour éviter un décrochage durable par rapport aux autres économies européennes.
Dépenses publiques en forte hausse et objectifs compromis
Le rapport de la Cour des comptes met en lumière une augmentation continue des dépenses publiques, qui ont progressé de 1,7% en volume en 2024, alors que la croissance économique s'est limitée à 1,1%. Ce décalage, attribué principalement aux dépenses sociales et aux collectivités locales, alourdit la trajectoire budgétaire du pays. Selon les données de l'institution, les dépenses de la sphère sociale, comprenant les retraites, les remboursements médicaux et les allocations, ont augmenté de 3,1% pour atteindre 756 milliards d'euros.
Le président de la Cour, Pierre Moscovici, a souligné la gravité de cette situation : "Ce que nous appelons le cœur de la dépense a progressé de 2,7%. C'est la progression la plus importante des 15 dernières années", a-t-il déclaré, cité par Les Echos. Cette dynamique conduit à une détérioration significative des comptes publics et rend l'objectif de réduction du déficit sous la barre des 3% d'ici 2029 particulièrement incertain.
Le rapport insiste sur le fait que cette trajectoire repose essentiellement sur des prélèvements obligatoires temporaires, comme la surtaxe sur les entreprises, plutôt que sur des réformes structurelles durables. Cette stratégie, jugée fragile, pourrait compromettre les efforts nécessaires pour stabiliser les finances publiques à long terme.
Dette en pleine dérive et risque de décrochage européen
La dette publique française, déjà élevée, devrait dépasser les 125% du PIB d'ici 2029 si aucune correction n'est apportée. Le rapport anticipe une charge d'intérêts qui pourrait atteindre 112 milliards d'euros à cette échéance, faisant de la dette le premier poste budgétaire, devant celui de l'Éducation nationale.
Cette situation place la France en décalage par rapport à ses voisins européens. "Le dérapage du déficit public depuis deux ans place la France au pied du mur", alerte la Cour des comptes, citée par FranceInfo. L'institution souligne que, contrairement à d'autres économies de la zone euro, la France n'a toujours pas amorcé de retour sous le seuil des 3% de déficit, pourtant fixé par les règles européennes.
Le rapport indique que le retard pris pourrait nécessiter des ajustements budgétaires plus lourds et plus difficiles à mettre en œuvre si les dépenses ne sont pas rapidement maîtrisées. Une perspective d'autant plus préoccupante que les hypothèses de croissance retenues par le gouvernement sont jugées optimistes.
Des choix budgétaires critiqués et des mesures attendues
La Cour des comptes pointe également des décisions fiscales antérieures, comme les baisses d'impôts non financées et l'absence d'économies structurelles. Le gouvernement a en effet privilégié, jusqu'en 2023, des mesures de soutien temporaires sans mettre en place de réformes de fond.
Le rapport évoque la nécessité d'un effort d'ajustement de 110 milliards d'euros pour ramener le déficit sous les 3% d'ici 2029. Cependant, près de la moitié de cet effort repose sur des hausses de prélèvements temporaires, ce qui reporte les ajustements structurels à plus tard.
Les auteurs du rapport appellent à une mobilisation immédiate pour éviter que la situation ne se détériore davantage. Un scénario combinant une croissance inférieure aux prévisions et un effort budgétaire insuffisant pourrait entraîner un ratio d'endettement de près de 130% du PIB en 2031, bien au-delà des objectifs gouvernementaux.