Sous Donald Trump, la dérégulation bancaire américaine passe à la vitesse supérieure

Sous Donald Trump, la dérégulation bancaire américaine passe à la vitesse supérieure La Réserve fédérale envisage de revoir à la baisse les exigences de fonds propres imposées aux grandes institutions financières. Une décision attendue depuis plusieurs années par les banques américaines, qui pourrait entrer en vigueur dès 2026.

La Réserve fédérale américaine s'apprête à modifier les exigences de capital imposées aux grandes banques, relançant un processus d'allègement réglementaire engagé sous le premier mandat de Donald Trump.

Un premier assouplissement ciblé des ratios de fonds propres

Le Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale doit se réunir ce mercredi pour présenter un premier projet de réduction du eSLR (enhanced supplementary leverage ratio), ratio de levier imposé aux plus grandes banques américaines. Selon Bloomberg, le taux minimum requis pour les sociétés mères bancaires pourrait passer de 5% à une fourchette comprise entre 3,5% et 4,5%. Le seuil de 6% appliqué aux filiales pourrait également être abaissé.

Ces mesures reprennent les grandes lignes d'une réforme déjà évoquée en 2018 et relancée à l'occasion du second mandat Trump. L'objectif, selon les régulateurs, serait de réexaminer les exigences introduites dans le sillage de la crise financière de 2008. Michelle Bowman, vice-présidente de la Fed chargée de la supervision, a déclaré lors d'un discours début juin : "Après plus d'une décennie de mise en place dans le système bancaire, il est temps d'évaluer si tous ces changements sont toujours d'actualité", propos relayés dans Les Échos.

Selon la Fed, ces changements font suite à une demande récurrente du secteur bancaire, qui critique des règles jugées trop rigides et déconnectées du niveau réel de risque. Les investissements dans les bons du Trésor étant inclus dans le calcul du SLR, certaines institutions jugent ce ratio pénalisant, notamment dans le contexte actuel de tensions sur les marchés obligataires.

Un impact différencié selon les établissements

Les premières banques concernées seraient Goldman Sachs et Morgan Stanley, qui affichent actuellement des marges plus faibles en matière de fonds propres. JP Morgan et Wells Fargo, dont les niveaux de réserve sont plus élevés, en tireraient moins d'avantages à court terme, selon une analyse de Deutsche Bank.

Du côté des acteurs financiers, la réforme est perçue comme une ouverture vers une capacité de financement élargie. Une note d'analystes de Barclays souligne que "ces changements à venir liés aux exigences de fonds propres pourraient permettre aux banques de mieux remplir leurs rôles d'intermédiation et de financement".

L'administration Trump, par la voix du secrétaire au Trésor Scott Bessent, a également laissé entendre que cette évolution réglementaire pourrait contribuer à abaisser les taux sur la dette souveraine américaine, en facilitant l'achat de titres par les banques. Une hypothèse renforcée par le souvenir de la période Covid, durant laquelle la règle d'inclusion des Treasuries dans le SLR avait été suspendue temporairement.

Une réforme inscrite dans un calendrier politique et économique tendu

Cette première étape devrait ouvrir la voie à une réforme plus large, incluant le cadre des stress tests, les règles de Bâle III, ainsi que la surcharge en capital imposée aux grandes banques. Une conférence organisée par la Fed est prévue en juillet pour engager des discussions avec les parties prenantes du secteur financier.

Les projections économiques et monétaires actuelles alimentent également les attentes. D'après Reuters, Jeff Schmid, président de la Fed de Kansas City, a estimé lors d'un sommet agricole dans le Nebraska que "la résilience de l'économie donne le temps d'observer comment les prix et l'économie évoluent", avant de procéder à une modification du taux directeur. Il a également évoqué l'incertitude autour des effets des droits de douane, qui pourrait ralentir la prise de décision.

La Fed prévoit néanmoins deux baisses de taux d'ici fin 2025, tout en soulignant que l'inflation reste supérieure à l'objectif de 2% et que les indicateurs de croissance sont en recul. Ces éléments pourraient peser dans le calendrier de mise en œuvre des nouvelles règles bancaires, attendues au plus tôt pour 2026, à l'issue d'une période de consultation de trois mois.