Retards de paiement : l'alerte rouge dans le secteur public et l'immobilier

Retards de paiement : l'alerte rouge dans le secteur public et l'immobilier En France, moins d'une entreprise sur deux règle ses factures dans les délais. Les grandes structures et les administrations allongent les temps de règlement, fragilisant les sous-traitants.

En 2025, les délais de paiement continuent de s'allonger. D'après une étude du groupe Altares relayée par Le Figaro, la France dépasse désormais la moyenne européenne et enregistre la plus forte dégradation annuelle du continent. La situation préoccupe les observateurs, notamment en raison de ses répercussions sur la trésorerie des petites structures.

Moins de ponctualité, plus de pression pour les fournisseurs

Les retards atteignent 14,1 jours en moyenne, contre 13,5 fin 2024. Seules 45,2 % des entreprises règlent leurs fournisseurs à temps. Du côté des grands groupes, les délais dépassent désormais les 20 jours. Les entreprises plus petites, elles, s'approchent des 15 jours, ce qui reste au-dessus des seuils recommandés pour éviter des tensions de liquidité.

Le secteur public prend encore plus de temps que le privé : 15 jours en moyenne, contre 13,3. Certaines administrations dépassent largement ce seuil. Les services déconcentrés de l'État atteignent 25,4 jours, les hôpitaux montent à 21,7 jours. Cette lenteur touche particulièrement les prestataires en attente de règlements pour maintenir leur activité. À l'inverse, les très petites entreprises de moins de trois salariés restent les plus fiables, avec des retards inférieurs à 13 jours.

Selon les secteurs d'activité, les écarts sont frappants. Dans l'immobilier, le délai grimpe à 28,8 jours, soit le niveau le plus élevé observé. Dans le e-commerce, les retards peuvent atteindre jusqu'à 30 jours, ce qui place les plateformes en ligne parmi les moins ponctuelles. À l'opposé, le bâtiment affiche un délai réduit à 8,3 jours, et reste ainsi sous le seuil d'alerte. L'industrie reste globalement sous la moyenne nationale, bien que certaines activités, comme la boulangerie, enregistrent des retards qui approchent les 19 jours, selon L'Express.

L'Europe plus rigoureuse, des ajustements attendus en France

En Europe, les Pays-Bas règlent en moyenne en 3 jours, l'Allemagne en moins de 7 jours. La France, avec ses 14,1 jours, se retrouve derrière des pays comme l'Espagne (14,9) ou l'Italie (17). Le Portugal dépasse les 24 jours, tandis que le Royaume-Uni reste sous les 13 jours. Ces chiffres traduisent des différences de culture administrative et de pratiques de gestion entre les pays.

Thierry Millon, directeur des études chez Altares, interrogé par Le Figaro, estime que "l'on est encore loin d'une culture de la ponctualité" et souligne que ces retards "sont très préjudiciables pour les sous-traitants". Il évoque aussi les incertitudes de la période : "instabilité politique, tensions sociales, guerre commerciale et croissance modérée".

Une réforme est prévue : la facture électronique deviendra obligatoire à partir de septembre 2026, avec un déploiement progressif selon la taille des entreprises. En attendant, une amende allant jusqu'à 1 % du chiffre d'affaires pourrait être appliquée aux entreprises qui ne respectent pas les délais légaux de paiement. Cette mesure reste encore à l'étude.