France Télévisions sommée de se réformer face à une situation financière critique

France Télévisions sommée de se réformer face à une situation financière critique La Cour des comptes alerte sur l'état des finances de France Télévisions et appelle à des mesures immédiates, en pointant aussi bien les choix internes que les responsabilités de l'État actionnaire.

Dans un rapport publié le 23 septembre, la Cour des comptes dresse un constat préoccupant sur la situation de France Télévisions. Malgré de bons résultats d'audience, l'entreprise publique est fragilisée par des déficits répétés, une trésorerie affaiblie et un cadre social jugé trop rigide.

Une entreprise sous tension budgétaire

Le chiffre d'affaires du groupe audiovisuel a atteint 3,3 milliards d'euros en 2024, dont plus de 80 % issus de fonds publics. Mais derrière ces volumes se cachent des déséquilibres structurels. Selon Le Monde, les résultats nets de France Télévisions sont restés déficitaires sur plusieurs exercices, avec un cumul de pertes atteignant 81 millions d'euros entre 2017 et 2024. La prévision pour 2025 fait état d'une nouvelle perte d'exploitation, de l'ordre de 50 millions d'euros.

Cette situation pèse directement sur la trésorerie, qui pourrait basculer dans le négatif avant la fin de l'année. Les capitaux propres, déjà en forte baisse depuis huit ans, devraient passer de 294 millions d'euros en 2017 à environ 125 millions d'euros fin 2025. Une érosion telle que les capitaux propres deviendraient inférieurs à la moitié du capital social, un seuil critique qui, selon la Cour, impose à l'État actionnaire d'intervenir d'ici le 31 décembre 2026 pour éviter une possible dissolution.

La rue Cambon ne limite pas sa critique aux seuls choix du management. Elle dénonce un pilotage rendu difficile par des décisions erratiques de l'État, avec des baisses de dotation, des gels budgétaires ou l'absence de trajectoire financière claire. Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, a résumé cette position lors de la conférence de presse : "Ce rapport n'est pas accablant, mais lucide. Pour être plus fort, l'audiovisuel public doit être plus sain."

Cadre social rigide et masse salariale hors de contrôle

Le rapport met en cause l'accord collectif de 2013, toujours en vigueur, qui encadre plus de 160 métiers et limite fortement la polyvalence. Malgré une réduction des effectifs, la masse salariale reste élevée, notamment en raison de l'ancienneté du personnel. Des dispositifs comme les "unités de compétences complémentaires", censées compenser le manque de flexibilité, sont jugés coûteux et peu efficaces.

Le Figaro évoque également des pratiques internes qui alourdissent les charges : frais de mission élevés, recours intensif aux taxis (près de 4 millions d'euros en 2024), véhicules de fonction et rémunérations jugées "étonnantes". La Cour appelle à une renégociation urgente de cet accord collectif, qualifiée d'"inéluctable", et déjà engagée par la présidente Delphine Ernotte.

Les magistrats insistent sur l'urgence de simplifier l'organisation et de rendre le groupe plus adaptable aux évolutions du secteur. Faute de réforme rapide, la viabilité même de France Télévisions serait menacée.