Le retour de l'ISF au cœur des discussions entre Lecornu et le PS
Deux semaines après son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu n'a pas encore trouvé le compromis budgétaire qui lui permettrait d'éviter une motion de censure. Le retour de l'impôt sur la fortune, supprimé en 2018, s'impose peu à peu comme une option centrale.
L'ISF revient dans le débat
Mercredi, le Premier ministre a reçu l'intersyndicale. À la sortie, Marylise Léon (CFDT) et Sophie Binet (CGT) ont toutes deux parlé d'"une occasion manquée", regrettant l'absence de propositions concrètes. Elles ont annoncé une nouvelle journée de mobilisation le 2 octobre. Lecornu a également rencontré les représentants du patronat, alors que Patrick Martin, président du Medef, a confirmé la tenue d'un meeting le 13 octobre.
En coulisses, l'exécutif réfléchit à une solution fiscale. L'idée qui circule : rétablir un impôt proche de l'ancien ISF, supprimé en 2018. Les actifs financiers seraient de nouveau concernés, mais pas les biens professionnels. "Il faut un symbole, que ça nous fasse mal et que ça ne tue pas l'économie. Ça s'appelle l'ISF ", admet, fataliste, un député macroniste, cité par Le Figaro.
Dans la majorité, l'idée avance, même si certains y voient un recul. "On n'a pas le choix, il faut lâcher du lest sur la fiscalité", reconnaît une ex-ministre macroniste. François Hollande a lui aussi tendu la perche à la mi-septembre, en proposant dans Le Figaro "une taxation se concentrant sur le patrimoine mobilier et immobilier".
Un compromis difficile à trouver
Un retour de l'ISF poserait un vrai problème politique à Emmanuel Macron, qui avait transformé l'impôt en IFI et en avait fait un symbole de sa politique économique. Les Républicains, eux, craignent de voir renaître le slogan "Taxez les riches".
Le Parti socialiste et les syndicats réclament aussi un geste sur les retraites. Ils demandent au minimum la suspension de la réforme de 2023, qui a repoussé l'âge légal à 64 ans. "Le piège tendu au président est presque parfait", analyse un ancien ministre Renaissance dans Le Figaro : soit il cède sur l'ISF et les retraites pour sauver Lecornu, soit il refuse et le gouvernement tombe.
Depuis New York, Emmanuel Macron a temporisé : "Il y a un travail qui est fait par le Premier ministre, Sébastien Lecornu, et il est normal qu'il prenne le temps, il a raison", a-t-il déclaré sur BFMTV. Mais une partie de ses soutiens l'exhorte à lâcher prise. "J'entends sans arrêt "le président ne veut pas", mais moi aussi, dans la vie, il y a plein de choses que je ne veux pas ! Il faut qu'il comprenne qu'il n'a plus de majorité et qu'il apprenne à partager", a lancé une proche de Gabriel Attal.
Lecornu lui-même mesure sa faiblesse. "Je suis le Premier ministre le plus faible de la Ve République", a-t-il confié aux syndicats, selon Sophie Binet. Face au patronat, il a rappelé : "Ne vous adressez pas à moi comme vous vous adressiez à Édouard Philippe, qui avait une majorité parlementaire pléthorique." Dans son entourage, le message est clair : "Le pouvoir doit être partagé. Le temps où tout venait du gouvernement est terminé.