Shein au BHV : l'implantation provoque la dissidence des fournisseurs

Shein au BHV : l'implantation provoque la dissidence des fournisseurs Plusieurs fournisseurs ont vidé leurs stocks du BHV après l'annonce officielle. De son côté, la Banque des territoires se désengage du projet de rachat des murs, dénonçant une " rupture de confiance ".

Alors que le BHV Marais doit accueillir un corner de l'enseigne chinoise Shein dès novembre, la décision continue de faire vaciller l'équilibre du grand magasin parisien. Fournisseurs, institutions et partenaires s'éloignent les uns après les autres.

Les marques quittent les lieux après l'annonce.


Le vendredi 3 octobre, dans la foulée de l'annonce officielle, plusieurs fournisseurs du BHV ont pris leurs distances. Le fondateur d'Odaje a retiré l'ensemble de son stock de chaussures, tandis qu'Éléonore Baudry, présidente de Figaret Paris, a vidé 1 500 pièces du corner dédié à la marque. "C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", a-t-elle affirmé, citée par Le Monde.


La réaction a rapidement gagné d'autres marques. APC, acteur historique de la mode parisienne, a quitté le BHV. Le groupe PVH, détenteur de Calvin Klein et Tommy Hilfiger, envisage de suivre. Cabaïa, autre marque partenaire, a également fait part de son intention de partir si l'opération Shein est maintenue.


Certains fournisseurs pointent également des tensions financières déjà présentes. Fashion Network rapporte que plusieurs créateurs déplorent des retards de paiement et des arriérés sur les mois précédents, aggravant la situation. Une marque anonyme explique qu'"au-delà du cas Shein, la confiance était déjà fragilisée par des impayés à répétition".

La Banque des territoires se retire du projet.


Le désengagement ne concerne pas uniquement les marques. La Banque des territoires a annoncé le 8 octobre qu'elle quittait les négociations sur le rachat des murs du BHV. Elle justifie sa décision par une "perte de confiance" liée à l'annonce du partenariat avec Shein, diffusée dans la presse sans concertation. "Le modèle de l'entreprise ne correspond pas aux valeurs et à la mission de la Banque des territoires", a précisé l'institution, citée par Le Monde.


Cette rupture fragilise le projet de rachat mené par SGM, l'exploitant du BHV. L'entreprise assure toutefois qu'elle poursuit l'opération avec d'autres partenaires. Selon Fashion Network, SGM attribue le retrait à une "pression politique", qui aurait, selon elle, influencé la décision de la Banque des territoires.


Le climat de défiance s'installe, d'autant que plusieurs marques partenaires affirment ne plus avoir de visibilité sur l'évolution de la stratégie commerciale du BHV. La direction du magasin n'a pas officiellement réagi aux retraits de fournisseurs ni aux critiques exprimées.