Lancement de Free TV : TF1 et France Télévisions saisissent l'Arcom
Free a présenté sa nouvelle plateforme comme la plus grande offre de télévision gratuite en France. Mais le lancement de Free TV, sans concertation préalable, a provoqué une réaction immédiate de TF1 et France Télévisions, qui dénoncent une remise en cause du modèle économique de la création audiovisuelle.
Un lancement sans concertation dénoncé par les chaînes
Free a annoncé, le 21 octobre, le lancement de Free TV, une offre de télévision gratuite accessible sans abonnement, sur tous les appareils. Cette plateforme permet d'accéder à plus de 170 chaînes, dont les principales de la TNT, ainsi qu'à des films et programmes en replay. Elle remplace l'application Oqee, jusque-là réservée aux abonnés de l'opérateur, et se positionne comme une alternative aux applications des chaînes comme TF1+ ou France.tv.
Dès l'annonce de ce lancement, TF1 et France Télévisions ont publié un communiqué commun pour exprimer leur désaccord. Les deux groupes dénoncent une démarche "brutale et unilatérale", réalisée "sans concertation préalable et sans rémunération", comme l'a rapporté Sud Ouest avec AFP. Ils estiment que Free s'approprie leurs services sans garantir la valorisation ni la monétisation de leurs contenus.
Dans leur déclaration, les deux groupes audiovisuels soulignent que cette initiative remet en cause leur stratégie de développement et leur capacité à financer la création dans un contexte budgétaire déjà contraint. Ils appellent les pouvoirs publics et l'Arcom, le régulateur de l'audiovisuel, à se saisir du dossier. "Cette méthode brutale et unilatérale témoigne d'un mépris des droits des ayants droit créateurs et acteurs du secteur audiovisuel et de leurs partenaires commerciaux", ont-ils déclaré dans un texte transmis à Stratégies, cité par TF1 Info.
Une inquiétude croissante autour de la monétisation
France Télévisions et TF1 affirment avoir investi "massivement" dans leurs propres plateformes pour répondre aux nouveaux usages et maintenir un modèle économique viable. Ils rappellent que ces investissements visent à offrir une expérience éditoriale cohérente, tout en assurant des revenus indispensables au financement de la production audiovisuelle.
L'un des points de tension réside dans le fait que Free TV permet aux utilisateurs d'accéder aux flux de leurs chaînes sans passer par les interfaces propriétaires des groupes concernés. Selon eux, cela détourne l'audience de leurs propres services et pourrait perturber les indicateurs de mesure d'audience, les inventaires publicitaires et la relation directe avec les utilisateurs.
Free, de son côté, a présenté sa plateforme comme une réponse à la complexité d'accès aux contenus télévisuels. "Maintenant, la télé, c'est simple. Maintenant, la télé, c'est Free", indique le slogan de l'opérateur. Le service propose également une version payante avec davantage de contenus.
Les acteurs concernés attendent désormais une prise de position de l'Arcom. L'autorité devra trancher sur la légalité du modèle proposé par Free et évaluer si la reprise des flux et des contenus s'effectue dans le respect des droits des éditeurs. En parallèle, le débat relance la question du rôle des agrégateurs dans l'audiovisuel français et de leur influence sur la chaîne de valeur de la création.