Budget 2026 : une trajectoire d'endettement sous haute tension
Alors que les tensions politiques fragilisent le climat économique, la soutenabilité de la dette publique française redevient un sujet central. Le projet de loi de finances 2026 affiche un effort structurel limité et repose sur des hypothèses de croissance optimistes, dans un contexte où la charge des intérêts ne cesse de croître.
Un déficit élevé maintenu, une croissance surévaluée
Le projet de budget 2026 table sur une réduction du déficit public à 4,4 % du PIB, après 4,9 % en 2023. Pourtant, cette baisse modérée interroge, d'autant que la croissance du PIB est anticipée à 1,4 % en 2025 et 1,8 % en 2026. Ces prévisions apparaissent fragiles au regard de la conjoncture européenne, de la hausse des taux d'intérêt et de l'instabilité interne.
La dette publique, estimée à 111,8 % du PIB en 2024, est projetée à 112,3 % en 2026. L'analyse publiée par Deloitte Société d'Avocats relève qu'en dépit d'une légère diminution du déficit, la trajectoire d'endettement ne montre pas de véritable inflexion ". Le gouvernement prévoit néanmoins une réduction du ratio dette/PIB dès 2027, avec un retour sous les 110 % à l'horizon 2030. Mais ces engagements reposent sur un scénario macroéconomique encore incertain.
En parallèle, le ratio de dépenses publiques rapporté au PIB devrait rester au-dessus de 56 % en 2026, un niveau historiquement élevé. Les efforts structurels restent limités, avec un ajustement cumulé estimé à seulement 0,4 point de PIB d'ici 2026.
Une charge d'intérêts en forte hausse et un risque de perte de crédibilité
L'évolution de la charge d'intérêts représente un point d'alerte majeur. Celle-ci atteindrait 52,9 milliards d'euros en 2026, contre 38,6 milliards en 2023. Cette progression rapide, conséquence de la remontée des taux, pèse sur les marges budgétaires de l'État. À elle seule, cette charge représente près de deux fois le budget annuel de l'enseignement supérieur.
Selon Deloitte Société d'Avocats, "la crédibilité budgétaire est mise à l'épreuve par le décalage entre les objectifs affichés et les mesures effectives". Cette situation complique également la position de la France vis-à-vis des règles européennes, alors que la réforme du Pacte de stabilité prévoit une réduction progressive du déficit sous les 3 %.
Le Haut Conseil des finances publiques, saisi pour avis sur le projet de budget, a déjà exprimé des réserves sur le réalisme des hypothèses de croissance et de recettes. Une révision à la baisse des prévisions pourrait rapidement remettre en cause les équilibres projetés, d'autant plus que le gouvernement s'appuie sur des hausses de recettes fiscales plutôt que sur des coupes significatives dans les dépenses.
Dans ce contexte, la Commission européenne pourrait intensifier la pression sur la France dès 2026. La trajectoire d'endettement, combinée à une faible croissance et à un déficit persistant, alimente les inquiétudes sur la soutenabilité budgétaire à moyen terme.