Réduction des dépenses, dette climatique, Nouvelle Calédonie… Ce qu'il faut retenir de la déclaration de politique générale de Barnier
Le Premier ministre a ouvert son discours sur la double dette "budgétaire" et "climatique", avant de préciser sa "méthode", pour enfin développer "cinq chantiers prioritaires".
"Nous allons faire du dialogue et de la culture du compromis la culture du gouvernement", a promis ce mardi 1er octobre Michel Barnier, lors de son premier discours devant les députés. Le Premier ministre a déroulé sa déclaration de politique générale d'un ton grave, devant un hémicycle parfois agité, où des députés de gauche ont brandi leur carte d'électeur, en rappel de leur victoire aux législatives anticipées. Budget, "dette climatique", Nouvelle-Calédonie, immigration... Ce qu'il faut retenir.
Déficit et climat : la double "dette"
Elément de langage désormais familier dans sa rhétorique, Michel Barnier a ouvert son discours sur le double enjeu budgétaire et écologique. Sur les finances, le Premier ministre a dit sa volonté de "ramener le déficit de notre pays à 5% (du PIB) en 2025", puis "sous le plafond de 3% en 2029". Pour cela, "le premier remède de la dette, c'est la réduction des dépenses", a-t-il déclaré, indiquant que celle-ci représenterait "les deux tiers de l'effort budgétaire" en 2025. Il a cependant confirmé qu'un effort fiscal "ciblé" et "limité dans le temps" serait également demandé "aux grandes et aux très grandes entreprises" ainsi qu'aux "français les plus fortunés, afin d'éviter des stratégies de défiscalisation des plus gros contribuables".
Michel Barnier a ensuite longuement évoqué la "dette climatique", promettant notamment de poursuivre le développement du nucléaire et des énergies renouvelable, mais aussi d'organiser "une grande conférence sur l'eau", ou encore d'accélérer la rénovation thermique des bâtiments, par exemple par une simplification des diagnostics de performance énergétique.
Une "nouvelle méthode" et un engagement pour la proportionnelle
"Je demanderai à mon gouvernement de s'appuyer davantage sur le travail parlementaire", a déclaré Michel Barnier, promettant "écoute, respect et dialogue avec le Parlement". Il s'est dit pour cela favorable à une meilleure répartition des initiatives entre le gouvernement et les deux chambres, notamment afin de favoriser les propositions de loi transpartisanes.
"Nous écouterons et nous respecterons chacun et chacune d'entre vous, même si ce respect n'était pas toujours réciproque", a-t-il dit à l'ensemble des députés. Une promesse qui répondait à une demande répétée du Rassemblement national, de même que l'engagement pris par le Premier ministre d'ouvrir "une réflexion et une action sans idéologie sur le scrutin proportionnel."
Nouvelle-Calédonie : report des élections provinciales
Devant une délégation d'élus de la Nouvelle-Calédonie, Michel Barnier a eu "un mot particulier" pour la "crise d'une gravité exceptionnelle" qui secoue l'archipel français depuis plusieurs mois. En concertation avec Emmanuel Macron, il a annoncé le report des élections provinciales à fin 2025 et a indiqué que le projet de loi constitutionnelle sur le dégel du corps électoral, à l'origine de la crise, ne serait pas soumis au Congrès.
"Les lignes rouges du gouvernement"
"J'ai entendu que certains ont des lignes rouges. J'ai gardé en mémoire mes propres lignes rouges, qui sont celles de tout le gouvernement", a déclaré Michel Barnier, avant d'énumérer celles-ci : "aucune tolérance à l'égard du racisme et de l'antisémitisme", des "violences faites aux femmes", du "communautarisme", "aucun accommodement sur la défense de la laïcité", mais aussi aucune "remise en cause des libertés conquises au fil des ans", parmi lesquelles la législation sur l'IVG, le mariage pour tous et les "dispositions législatives sur la PMA".
"Amélioration du niveau de vie" et "services publics de qualité"
Parmi les cinq chantiers prioritaires définis par Michel Barnier, le "niveau de vie des Français" est arrivé en tête dans son discours. Le Premier ministre a notamment annoncé une revalorisation du Smic de l'ordre de 2% dès novembre, en anticipation de son indexation automatique sur l'inflation prévue au 1er janvier 2025. Il a également dit son souhait de généraliser le prêt à taux zéro pour tous les "primo-accédants" à la propriété.
Côté services publics, Michel Barnier a confirmé que l'école resterait "la priorité" du gouvernement. Concernant la santé, il a relancé l'idée d'un programme visant à encourager les internes à exercer dans les territoire en manque de médecins, avant d'évoquer une "loi infirmière/infirmier" visant à élargir les compétences de ces derniers. Enfin, il a annoncé la reprise des travaux parlementaires sur la fin de vie dès le début de l'année 2025.
Sécurité, Immigration
Le Premier ministre s'est engagé à mener avec le gouvernement une "lutte implacable contre trafic de drogue" et "la criminalité organisée". Il s'est attardé sur la délinquance des mineurs, réclamant notamment la "réduction des délais de jugement", "l'atténuation des excuses de minorité", ou encore la création de nouveaux établissements pénitentiaires destinés aux courtes peines.
Il a enfin jugé "urgent de sortir l'immigration de l'impasse idéologique où les uns et les autres l'ont mise", afin de mieux maîtriser les flux tout en favorisant "l'intégration". Il a exhorté à un "traitement plus efficace des demandes d'asile" et s'est dit favorable à une possible "prolongation de la détention des étrangers sous OQTF", ainsi qu'à un rétablissement des contrôles aux frontières.
Ukraine, Proche-Orient... construire "l'influence française"
Michel Barnier a conclu son discours en évoquant les sujets internationaux. Fort de son expérience de commissaire européen, il a dit son attachement à l'UE et appelé à "tenir compte du monde qui nous entoure", rappelant que "l'influence française ne tombe pas du ciel" mais "se construit", et appelant à le faire "sans arrogance". "La France restera aux côtés du peuple ukrainien", a-t-il réaffirmé, "continuera d'appeler à un cessez-le-feu à Gaza" et à s'engager pour "faire cesser les hostilités au Liban".