Matignon pour François Bayrou : applaudissements et indignations dans l'arène politique
La nomination de François Bayrou au poste de Premier ministre, annoncée ce vendredi 13 décembre, n'a laissé personne indifférent. Entre critiques acerbes de l'opposition et soutiens mesurés de ses alliés, cette décision reflète les fractures qui traversent la classe politique française.
Une décision qui divise profondément la classe politique
La nomination de François Bayrou à Matignon, en remplacement de Michel Barnier, a été annoncée dans un contexte politique tendu. Ce choix, qualifié par l'Élysée de "consensuel" selon Les Echos, n'a pas manqué de provoquer des réactions contrastées.
Du côté de La France Insoumise (LFI), l'opposition est frontale. Mathilde Panot, cheffe des députés LFI, a déclaré sur le réseau X : "Deux choix clairs s'offrent au pays : la continuité des politiques de malheur avec François Bayrou ou la rupture. Deux choix s'offriront aux députés : le soutien au sauvetage de Macron ou la censure. Nous avons fait le nôtre". Elle a confirmé que son groupe voterait une motion de censure contre le nouveau gouvernement. Louis Boyard, également député LFI, a critiqué une nomination qu'il qualifie de "Michel Barnier bis" d'après Europe 1, ajoutant sur X : "La censure est donc inévitable".
Le Parti communiste français (PCF) a aussi exprimé des réserves. Fabien Roussel, son secrétaire national, a interpellé François Bayrou sur BFMTV, demandant s'il s'engagerait à ne pas recourir à l'article 49.3. Il a ajouté également qu'ils jugeront "sur pièce" avant de décider de voter la censure ou non, comme le rapporte Le Parisien.
À l'opposé, le Rassemblement National (RN) a adopté une position plus mesurée. Jordan Bardella, président du RN, a affirmé : "Il n'y aura pas de censure a priori". Il a cependant précisé que François Bayrou devra "entendre et écouter les oppositions pour construire un budget raisonnable et réfléchi". Sur X, Marine Le Pen a appelé à une politique plus inclusive, déclarant : "Toute autre politique qui ne serait que le prolongement du macronisme, rejeté par deux fois dans les urnes, ne pourrait mener qu'à l'impasse et à l'échec".
Soutien mitigé parmi les proches d'Emmanuel Macron
Dans le camp macroniste, la nomination de François Bayrou a été accueillie avec un soutien prudent. Gabriel Attal, ancien Premier ministre et député du groupe Renaissance, a déclaré sur X : "Dans le moment si difficile que traverse notre pays, je sais qu'il a les qualités pour défendre l'intérêt général et construire l'indispensable stabilité que les Français attendent".
Roland Lescure, vice-président de l'Assemblée nationale et pressenti pour Matignon, a félicité François Bayrou : "Félicitations à François Bayrou, M. le Premier ministre ! Il est l'homme de la situation, dans un moment où le pays a plus que jamais besoin de courage et de dialogue". Ces propos ont été rapportés par L'Union.
Enfin, Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre, a souligné les défis de cette nomination : "Il a la tâche de rassembler et d'agir. La France a besoin d'autorité, d'action et d'unité nationale".
Une nomination aux enjeux cruciaux
François Bayrou a désormais pour mission de composer un gouvernement capable de naviguer dans un paysage politique fragmenté. L'Élysée a justifié ce choix comme étant "le plus consensuel", ajoutant que le maire de Pau est apparu comme la personnalité "la plus à même d'assurer l'unité et de former le gouvernement d'intérêt général appelé de ses vœux par le Président de la République".
Cependant, cette nomination intervient dans un contexte délicat. Les dernières élections législatives ont laissé Emmanuel Macron avec une majorité relative, rendant la formation d'un gouvernement stable particulièrement complexe. François Bayrou devra trouver un équilibre entre dialogue avec les oppositions et maintien de la ligne présidentielle, tout en évitant une censure immédiate.