Budget : le patron de l'Insee juge Bercy "trop seul" dans ses prévisions
Ce mercredi, le directeur général de l'Insee a estimé que des experts en finances publiques devraient participer à la confection du budget pur éviter à Bercy "de porter seul la responsabilité" des erreurs de prévisions. Il était questionné ce mercredi par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur le dérapage du déficit public en 2024, initialement prévu à 4,4% du PIB, bien au-dessus des 3% tolérés par Bruxelles. Mais celui-ci devrait s'établir à 6,1%, chiffre confirmé fin mars et que Jean-Luc Tavernier a jugé "réaliste".
Des erreurs de prévisions
Il est membre du Haut conseil des finances publics (HCFP), organisme présidé par le Premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici, et chargé de donner son avis sur les prévisions budgétaires du gouvernement. Mais il a constaté que "tout un tas de gens publient des hypothèses macroéconomiques, et qu'on peut voir ainsi si on est dans le consensus", bien qu'il n'y ait pas "tout cet écosystème" pour les prévisions de dépenses et de recettes. Pour le directeur général de l'Insee, "il faudrait que certains labos académiques" tels que l'Institut des politiques publiques, Rexecode ou l'OFCE "soient incités, y compris en les finançant, à travailler sur ces sujets". "Du point de vue de Bercy [ce serait] salutaire, car ce n'est pas bon d'être seul et de porter seul la responsabilité quand on se trompe", a-t-il affirmé.
Concernant la part éventuelle de volonté politique dans les prévisions trop optimistes qui ont abouti au dérapage, Tavernier a choisi l'explication générale : "plutôt des erreurs de prévisions qui sont malheureusement pour la plupart tombées du mauvais côté". Il a également pesté contre les conditions d'exercice du HCFP, qui nuit à la "collégialité" des travaux : "Je ne sais pas quand nous serons saisis pour une révision des hypothèses de la loi de finances initiale", a-t-il expliqué, comme celle d'un déficit public revu à 5,4% du PIB au lieu de 5% cette année, ou d'une croissance abaissée à 0,9% au lieu de 1,1%.