Taxe Zucman : un débat tendu en France, au moment où Macron cherche à rassurer Wall Street
En marge de l'assemblée générale des Nations unies, Emmanuel Macron a rencontré mardi 23 septembre plusieurs acteurs majeurs de la finance américaine. Cette séquence intervient dans un contexte tendu en France, marqué par les polémiques autour de la proposition de taxe portée par l'économiste Gabriel Zucman.
Macron s'adresse aux investisseurs américains, la fiscalité française en toile de fond
Comme chaque année, Emmanuel Macron a profité de sa venue à New York pour organiser une rencontre avec les représentants de grands établissements financiers. Le président français a convié des fonds de capital-risque, tels qu'Andreessen Horowitz, General Catalyst ou Lux Capital, ainsi que plusieurs fonds de private equity comme Apollo, Ares et Carlyle. Des grandes banques JP Morgan, Bank of America, Citi, Morgan Stanley faisaient également partie des invités, tout comme des fonds de pension new-yorkais et des gestionnaires d'actifs français établis aux États-Unis, à l'image de Tikehau Capital, Ardian ou Coatue.
Cette initiative présidentielle s'inscrit dans la continuité du sommet sur l'intelligence artificielle organisé en février à Paris, qui avait abouti à l'annonce de 109 milliards d'euros d'investissements, principalement privés. Le succès de la start-up Mistral AI auprès des fonds américains a également contribué à entretenir l'intérêt des investisseurs pour l'écosystème technologique français.
D'après Les Échos, cette opération de séduction vise à rassurer les partenaires internationaux de la France, alors que le climat fiscal national reste incertain. Certains observateurs estiment que le débat autour de la taxe Zucman pourrait freiner l'attractivité du pays.
Une proposition fiscale contestée, au cœur des tensions politiques
Portée par Gabriel Zucman, la mesure vise à instaurer un impôt minimum de 2 % sur les patrimoines dépassant 100 millions d'euros. Selon ses promoteurs, elle permettrait de répondre à une inégalité de traitement : les 0,1 % les plus riches paieraient actuellement, grâce à l'optimisation fiscale, un taux d'imposition inférieur à la moyenne des contribuables. Le projet prévoit également la possibilité pour les redevables de céder une part de leur entreprise à l'État ou aux salariés s'ils ne disposent pas des liquidités nécessaires.
Cette proposition suscite de nombreuses critiques, y compris dans les rangs politiques qui la soutiennent officiellement. Dans une chronique publiée dans Le Monde, Stéphane Lauer rappelle que "la France se retrouve empêtrée dans un débat caricatural, hystérisé, mêlant morale et efficacité économique et ne menant nulle part".
Le cas de Mistral AI illustre la complexité du mécanisme. Un des fondateurs pourrait être imposé sur la base d'actions valorisées plusieurs milliards d'euros, alors même que l'entreprise ne dégage pas de bénéfices. Interrogé à ce sujet, Éric Coquerel, président de la commission des finances à l'Assemblée nationale, a déclaré sur BFM Business : "Si son entreprise ne gagne pas d'argent, elle ne produit pas de patrimoine. Il ne paiera pas cette taxe." Une affirmation contredite par le fonctionnement même de la taxe, qui s'appliquerait à des actifs non liquides.
La faisabilité budgétaire du projet est elle aussi remise en cause. Alors que certains affirment qu'il pourrait rapporter 20 à 25 milliards d'euros par an, Le Monde souligne qu'un collectif d'économistes en estime le rendement potentiel à un quart de ce montant, du fait de réactions anticipées des contribuables concernés.