Remaniement : Lecornu prépare un accord écrit avec Les Républicains

Remaniement : Lecornu prépare un accord écrit avec Les Républicains Les discussions portent sur la dépense publique, la fiscalité, les retraites, mais aussi la sécurité et l'immigration, au cœur des priorités de la droite.

À quelques jours de l'annonce de son gouvernement, Sébastien Lecornu tente de sceller un compromis avec Les Républicains. Après une réunion à Matignon, le Premier ministre a promis de formaliser rapidement ses engagements dans un document écrit.

Les conditions posées par Les Républicains

Selon Le Figaro, le chef du gouvernement a reçu lundi matin les responsables parlementaires de LR, dont Laurent Wauquiez, Mathieu Darnaud, Gérard Larcher et Bruno Retailleau. À l'issue de cette rencontre, le Premier ministre a indiqué vouloir remettre "dans les prochains jours" une base écrite reprenant les engagements demandés. Cette démarche vise à poser les fondations d'un accord de gouvernement susceptible d'être accepté par la droite.

Lors de cet échange, les représentants de LR ont mis en avant plusieurs priorités. Sur le plan budgétaire, ils ont insisté sur "la réduction de la dépense publique" et posé une ligne rouge : pas d'augmentation globale des prélèvements obligatoires. Si des hausses devaient viser les contribuables les plus aisés, elles devraient être compensées par des baisses ailleurs. LR a également réaffirmé son opposition à la taxe Zucman, au retour de l'ISF, ou encore à l'impôt sur la fortune financière, proposé par Marine Le Pen.

En matière de retraites, les responsables de droite demandent que la gestion soit confiée aux partenaires sociaux, comme c'est déjà le cas pour les complémentaires, et ont posé un "pas de retour" sur l'âge légal de départ. Concernant la transmission patrimoniale, ils souhaitent des mesures pour faciliter les transferts de patrimoine des générations plus âgées vers les plus jeunes.

Fiscalité, travail et lutte contre la fraude

La droite a également mis sur la table des revendications plus précises. Elle demande que "le travail paie plus", en passant par exemple par une défiscalisation accrue des heures supplémentaires. LR pousse aussi pour l'inscription d'un texte antifraude dès le dépôt du projet de loi de finances. Enfin, dans le domaine social, le parti défend la mise en place d'un plafonnement du compte social unique, afin de limiter ce qu'il considère comme des abus.

Un cadre LR a résumé l'état d'esprit de son camp auprès de Le Figaro : "On est en phase sur la philosophie générale mais le diable peut se loger dans les détails." Pour ce responsable, si l'accord prévoit une baisse des dépenses, l'absence de hausse globale des impôts et une politique ferme sur la sécurité et l'immigration, "même si tout n'est pas parfait", il sera difficile pour la droite de refuser un compromis.

Sécurité et immigration au cœur des négociations

Outre les sujets économiques, LR a rappelé ses exigences sur le régalien. Le parti souhaite un projet de loi sur la sécurité du quotidien, incluant la criminalisation de l'organisation de rave-partys ou l'alourdissement des peines en cas de refus d'obtempérer. Il plaide également pour des peines minimales incompressibles contre les agressions visant les représentants de l'autorité publique.

En matière migratoire, LR veut une réforme de l'aide médicale d'État, un allongement de la durée maximale de rétention administrative à 210 jours pour les étrangers jugés dangereux et le rétablissement du délit de séjour irrégulier.

Ces demandes interviennent alors que la gauche socialiste menace de déposer une motion de censure si un accord est conclu avec la droite. L'équilibre reste donc fragile. Comme l'a confié un élu de LR cité par Le Figaro, "on voit mal comment la droite ferait tout exploser en ouvrant la porte au Parti socialiste sans donner l'impression de fuir ses responsabilités pour de basses raisons politiciennes".