Budget 2026 : l'exécutif envisage une hausse de la flat tax sur le capital
La fiscalité des revenus du capital pourrait évoluer dès 2026. L'exécutif réfléchit à relever le taux du prélèvement forfaitaire unique, connu sous le nom de "flat tax", une mesure qui marquerait un tournant après huit années de stabilité.
Un symbole de la politique économique de Macron remis en cause
Instituée en 2018, la flat tax fixe à 30 % l'imposition des revenus du capital, incluant dividendes, intérêts et plus-values mobilières. Elle est devenue l'un des emblèmes de la politique économique d'Emmanuel Macron, conçue pour encourager l'investissement et soutenir la croissance.
Mais d'après les informations des Échos, confirmant une première révélation de Politico, le gouvernement a sondé plusieurs acteurs économiques sur une possible hausse du taux, qui pourrait atteindre 36 %. Matignon n'a pas confirmé ces discussions, précisant que "rien n'est arbitré".
Vendredi, Sébastien Lecornu a rappelé dans une interview au Parisien qu'il ne comptait pas augmenter "globalement" la fiscalité, mais qu'il présenterait "une proposition de budget dans laquelle certains impôts augmenteront, mais d'autres diminueront". Le Premier ministre a insisté sur le rôle du Parlement, chargé de trancher les mesures liées à la justice fiscale.
Une idée déjà débattue au Parlement
Chaque année, des amendements visant à relever la flat tax apparaissent lors de l'examen du budget. En 2024, un amendement du Modem avait même été voté en commission des Finances pour porter le taux à 33 %, avant d'être rejeté par le gouvernement Barnier.
Début 2025, l'équipe de François Bayrou avait également étudié cette option. Le ministre de l'Économie de l'époque, Éric Lombard, avait jugé que la France disposait "d'un peu de marge", rappelant que dans d'autres pays développés le taux se situait entre 30 et 35 %. Finalement, l'exécutif avait renoncé, en raison de la mise en place d'une contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR), qui produisait un effet similaire.
Cette contribution, fixant un impôt minimum de 20 % sur les revenus des contribuables les plus aisés (au-delà de 250 000 euros pour une personne seule), revenait en pratique à relever la flat tax jusqu'à 37,2 % pour certains profils.
Un rendement budgétaire significatif
Aujourd'hui, l'exécutif envisage de reconduire la CDHR et d'augmenter simultanément la flat tax. Selon les calculs cités par Les Échos, chaque point de hausse du prélèvement rapporte environ 240 millions d'euros. Un passage de 30 % à 36 % générerait ainsi près de 1,5 milliard d'euros de recettes supplémentaires.
Un tel gain pourrait faciliter le financement de baisses d'impôts en faveur des travailleurs et des ménages modestes. Cette redistribution permettrait au gouvernement de présenter la mesure comme un rééquilibrage entre la fiscalité du capital et celle du travail, un argument susceptible de séduire une partie de la gauche socialiste.
Cette perspective constituerait cependant un désaveu pour Emmanuel Macron, qui avait défendu la flat tax comme un pilier de sa politique de l'offre. Elle marquerait également une rupture avec la stabilité fiscale qui prévalait depuis son instauration en 2018.