Assemblée nationale : le socle commun reprend la main avec le soutien du RN
Le renouvellement des instances de l'Assemblée nationale, le 2 octobre, a provoqué un tournant. Le Socle commun a récupéré onze commissions sur douze, avec le soutien du RN. Une recomposition qui isole encore davantage la gauche et redessine les équilibres politiques de l'hémicycle.
Le socle commun rafle les commissions.
Les résultats sont sans appel : onze commissions permanentes sur douze passent sous le contrôle du socle commun. Seule la commission des finances reste dirigée par Éric Coquerel (La France insoumise), conformément à la règle réservant ce poste à l'opposition.
Plusieurs changements notables ont marqué cette redistribution : Alexandre Portier (LR) a pris la tête de la commission des affaires culturelles, succédant à la socialiste Fatiha Keloua-Hachi, tandis que Stéphane Travert (Renaissance) a remplacé Aurélie Trouvé (LFI) aux affaires économiques. Philippe Juvin (LR) est devenu rapporteur général du budget, un poste stratégique, qu'il reprend à Charles de Courson (LIOT).
Dans son analyse, Le Monde souligne que ce basculement offre une mainmise quasi totale au socle commun sur les organes clés de l'Assemblée.
Le soutien décisif du RN
Le Rassemblement national a choisi une stratégie subtile : ne présenter aucun candidat aux présidences, mais voter en faveur des candidats du socle commun. Ce calcul lui a permis d'obtenir des vice-présidences dans plusieurs commissions, ainsi que cinq sièges au Bureau de l'Assemblée, rapporte Le Monde.
Ce choix a été interprété comme un accord tacite. Le RN justifie sa position en rappelant que, selon lui, les présidences de commissions doivent revenir aux soutiens du gouvernement. En retour, il accroît son influence dans les instances internes du Parlement.
Ce geste, analysé comme une manœuvre politique, illustre la capacité du RN à peser sur l'équilibre des pouvoirs, même sans chercher à occuper les premiers rôles.
La gauche dénonce une alliance contre-nature.
Pour les partis de gauche, cette recomposition est vécue comme un revers majeur. Les Insoumis et les socialistes accusent le socle commun de s'allier avec l'extrême droite. "La macronie agonisante fait la courte échelle aux fascistes", a réagi Manuel Bompard (LFI) sur X. Le socialiste Arthur Delaporte a dénoncé "une déchéance immense".
La gauche, déjà divisée, se retrouve isolée face à un bloc central renforcé et un RN qui avance ses pions dans les coulisses institutionnelles. Le seul point d'appui qui lui reste est la présidence de la commission des finances, où Éric Coquerel conserve un rôle clé pour contrôler le budget et exercer son pouvoir d'enquête.
Avec cette redistribution, le socle commun consolide son contrôle, mais au prix d'un rapprochement controversé avec le RN. Une nouvelle configuration qui annonce des débats tendus à l'Assemblée, alors que s'ouvrent les discussions sur le budget 2026.