La démission de Sébastien Lecornu ébranle Matignon et les marchés
Lundi 6 octobre, Sébastien Lecornu a remis sa démission à Emmanuel Macron, qui l'a acceptée dans la matinée. Cette décision intervient alors que le chef du gouvernement venait tout juste de présenter la composition de son équipe.
Une instabilité politique immédiate
La démission est intervenue alors que Sébastien Lecornu devait prononcer sa déclaration de politique générale le lendemain à l'Assemblée nationale. Selon le communiqué de l'Élysée cité par Le Parisien, il s'est présenté dès les premières heures de la journée à l'Élysée pour remettre sa lettre au président. Il s'agit du mandat le plus court de la Ve République, avec à peine une douzaine d'heures à la tête du gouvernement.
La crise politique s'est accentuée dans les heures qui ont suivi. La composition du gouvernement, dévoilée dimanche soir, avait provoqué de vives tensions au sein de la majorité comme de la droite. Sur 18 ministres nommés, 12 étaient déjà en poste, ce qui a été perçu par plusieurs responsables politiques comme un manque de renouvellement. Le retour de Bruno Le Maire aux Armées a été particulièrement critiqué. Plusieurs figures des Républicains ont contesté la place jugée disproportionnée accordée à Renaissance.
Selon Le Parisien, des cadres de la majorité envisageaient déjà une sortie de la droite du gouvernement dès dimanche soir. Le président du parti Les Républicains, Bruno Retailleau, avait convoqué en urgence le comité stratégique à 11 h 30 pour discuter du maintien de sa formation au sein de l'exécutif.
Forte tension sur les marchés financiers
La réaction des marchés financiers a été immédiate. Le Figaro rapporte que le CAC 40 a chuté de près de 2 % dans les premières heures de la matinée, passant d'un léger repli à une baisse brutale. À la clôture de vendredi, l'indice s'établissait à 8081,54 points. Lundi matin, les valeurs bancaires figuraient parmi les plus touchées : BNP Paribas reculait de 6,00 %, Crédit Agricole de 5,56 % et Veolia de 4,12 %.
La démission a aussi eu un effet sur la dette française. Le taux d'emprunt à dix ans a brièvement atteint 3,61 %, avant de redescendre à 3,57 %. Selon Antoine Andreani, directeur de la recherche chez XTB France, "si le seuil des 3,60 % est franchi, la dette française pourrait être exposée à des attaques massives, amplifiant la nervosité des marchés", citation publiée dans Le Figaro.
Les analystes s'inquiètent des répercussions d'une instabilité politique prolongée sur la politique budgétaire du gouvernement. Antoine Andreani a précisé que "la démission de Lecornu plonge la scène politique dans l'incertitude. Les investisseurs craignent un effet domino sur la politique économique et budgétaire."
Ailleurs en Europe, les principales places boursières ont également ouvert en baisse, dans un climat d'attentisme. A Francfort, le DAX cédait 0,14 %, Londres reculait de 0,16 % et Milan de 0,86 %.