L'Europe réduit les quotas d'importation d'acier pour contrer la Chine
Plombée par la chute de la demande, les coûts énergétiques élevés et la concurrence étrangère, la sidérurgie européenne traverse une crise profonde. Bruxelles entend réagir en durcissant ses règles commerciales, avec un plan ciblé sur les importations d'acier.
Un plan protectionniste assumé pour protéger une industrie stratégique
Mardi 7 octobre, la Commission européenne a présenté une série de mesures pour protéger la production d'acier sur le continent. Le nouveau dispositif prévoit de réduire de moitié les quotas d'importation d'acier exemptés de droits de douane, et de doubler ces derniers, les faisant passer de 25 % à 50 %.
Stéphane Séjourné, commissaire à l'Industrie, a affirmé qu'"il s'agit de la clause de sauvegarde la plus robuste jamais présentée", s'adressant à la presse lors d'une réunion à Strasbourg. Il a précisé que l'UE n'entrait pas dans une logique de guerre commerciale : "Nous ne faisons pas du Trump", a-t-il ajouté.
Le secteur est en difficulté depuis plusieurs années, fragilisé par la concurrence asiatique, des coûts énergétiques élevés et une demande en berne. Selon Le Monde, 18 000 emplois ont été supprimés dans la sidérurgie européenne en 2024, et le taux d'utilisation des capacités de production est tombé à 70 % en moyenne. À Dunkerque, ArcelorMittal conditionne désormais la poursuite de son projet de décarbonation à l'impact concret des nouvelles mesures européennes.
Une réponse directe au déséquilibre du marché mondial
L'Europe tente de s'aligner sur les États-Unis et le Canada pour mieux faire face au déséquilibre créé par les surcapacités chinoises. D'après Capital, la Chine a produit plus de 1 000 millions de tonnes d'acier en 2023, soit plus de la moitié de la production mondiale. À titre de comparaison, la France n'a produit que 11 millions de tonnes, l'Allemagne 37 millions, et les États-Unis 79 millions, selon les données de la World Steel Association.
Ce déséquilibre a tiré les prix mondiaux vers le bas, rendant la production européenne de moins en moins rentable. En 2023, la rentabilité moyenne des producteurs européens d'acier s'est effondrée à 0,3 %, note Le Monde. Face à cette situation, le conglomérat allemand Thyssenkrupp envisage la cession de sa division acier à l'Indien Jindal Steel.
Du côté syndical, les premières réactions ont été favorables. Le syndicat belge CNE a salué "le plan ambitieux et nécessaire" de la Commission, tandis que l'action d'ArcelorMittal a gagné 9 % en une semaine, selon Capital. L'Union européenne espère désormais renforcer sa coopération avec Washington, afin de constituer un front commun contre le dumping chinois.