Présidentielle avancée : le bloc central divisé après l'appel d'Édouard Philippe

Présidentielle avancée : le bloc central divisé après l'appel d'Édouard Philippe L'ancien Premier ministre a ouvertement évoqué l'idée d'une élection présidentielle avant 2027. Une prise de position inédite dans le camp présidentiel, en plein blocage institutionnel.

Alors que les discussions s'enlisent autour de la formation d'un nouveau gouvernement, une proposition inattendue est venue perturber l'équilibre interne du camp présidentiel. Pour la première fois, un ancien chef du gouvernement issu de la majorité évoque publiquement l'hypothèse d'un scrutin présidentiel avancé.

Une déclaration inédite au sein de la majorité


Mardi 7 octobre, Édouard Philippe a proposé d'organiser une élection présidentielle anticipée, dans un calendrier à définir par Emmanuel Macron. Cette suggestion, formulée dans un entretien accordé au Figaro, marque une rupture dans le positionnement du camp macroniste, jusqu'ici uni sur la préservation du mandat présidentiel jusqu'en 2027.


L'ancien Premier ministre affirme ne pas vouloir " mettre le président au pied du mur ", mais estime qu'un départ volontaire et ordonné permettrait d'éviter " que la crise que nous constatons perdure et ruine le crédit de la France pendant dix-huit mois encore ". Selon lui, cette solution serait préférable à une dissolution ou à une instabilité prolongée.


Jusqu'à présent, l'idée d'une présidentielle anticipée était principalement portée par les oppositions : le Rassemblement national et La France insoumise réclament le départ immédiat du chef de l'État. La position d'Édouard Philippe diffère sur la forme, mais converge sur le fond : provoquer une sortie de crise par le retour aux urnes.


Le maire du Havre précise que ce scénario pourrait intervenir " une fois le budget adopté ", ce qui repousserait l'échéance au début de l'année 2026. Il justifie cette temporalité par la nécessité d'assurer la continuité institutionnelle et de " préserver les conditions de stabilité du pays ".

Un tabou brisé et des lignes de fracture internes


La sortie d'Édouard Philippe a provoqué des tensions au sein du bloc central. Selon Le Monde, plusieurs responsables de la majorité ont été pris de court par cette proposition, perçue comme une remise en cause de la stratégie présidentielle. Certains y voient un signal d'autonomisation de l'ancien chef du gouvernement en vue de 2027.


Dans le même temps, Élisabeth Borne a évoqué la possibilité de suspendre la réforme des retraites, autre sujet sensible qui divise les forces politiques. Lors de ses discussions avec les partis, elle a affirmé que " la suspension de la réforme fait partie des pistes sur la table ", selon les propos rapportés par Le Monde.


Ces divergences stratégiques interviennent alors que le Premier ministre démissionnaire, Sébastien Lecornu, tente toujours de former un gouvernement d'union. Il doit présenter une proposition avant mercredi soir. Faute de majorité stable, plusieurs options restent sur la table : gouvernement technique, nouvelle dissolution de l'Assemblée, ou scrutin présidentiel anticipé.


Dans ce contexte, la prise de parole d'Édouard Philippe rebat les cartes. Elle rend crédible une option qui, jusqu'alors, n'était évoquée que par les extrêmes. En élargissant le champ des possibles, elle alimente les spéculations sur l'avenir institutionnel du pays.