Réforme des retraites : la CFDT propose un nouveau cadre de discussion pour l'après-crise
Alors que les négociations menées par le Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu avec les partis de gauche sont en cours, la CFDT, par la voix de sa secrétaire générale Marylise Léon, appelle à un changement de cap. L'organisation syndicale demande une suspension immédiate de la réforme des retraites et remet sur la table l'idée d'un système à points, mis de côté après le premier quinquennat d'Emmanuel Macron.
Une suspension jugée prioritaire
La CFDT plaide pour un gel rapide de la réforme de 2023, adoptée sans vote au Parlement via l'article 49.3. Cette réforme prévoit un report progressif de l'âge légal à 64 ans. Pour Marylise Léon, il est nécessaire de ralentir immédiatement la montée en charge du dispositif.
Dans une interview accordée au Point, elle affirme : "Nous demandons que le curseur reste à 62 ans et 9 mois, ce qui permettrait à plusieurs centaines de milliers de personnes de partir plus tôt." L'objectif serait ainsi de "rouvrir un cadre de discussion politique et sociale", en concertation avec les partenaires sociaux.
La CFDT, historiquement réformiste, avait soutenu certains volets de la réforme initiale du premier quinquennat. Mais selon sa secrétaire générale, la version actuelle "n'est pas juste", en particulier pour les carrières hachées ou les travailleurs usés.
Un retour du modèle à points
Au-delà du gel immédiat, la CFDT relance un débat abandonné depuis 2020 : celui d'un système de retraite à points. Ce modèle reposerait non pas sur un âge légal de départ, mais sur une logique de contribution cumulée tout au long de la carrière, laissant à chacun la liberté de partir à sa convenance, en fonction du nombre de points acquis.
"Dans un système à points, il n'y a pas besoin d'âge légal", explique Marylise Léon, citée dans Le Point. Ce type de régime, déjà expérimenté dans plusieurs pays européens, offrirait selon elle plus de souplesse et de justice intergénérationnelle.
Ce modèle permettrait également de mieux prendre en compte les temps partiels, les interruptions de carrière et les inégalités de parcours, notamment pour les femmes. La CFDT ne le présente pas comme une solution immédiate, mais comme un cadre à reconstruire dans un second temps, une fois la situation politique stabilisée.
Le débat reste ouvert. Le Parti socialiste, partenaire clé dans les tractations en cours, partage une partie des constats, sans pour autant s'aligner sur toutes les propositions syndicales. Aucun consensus n'a pour l'heure émergé sur le contenu ou le calendrier d'un éventuel retrait ou aménagement de la réforme.