Malgré l'échec des censures, Lecornu débute dans un climat incertain

Malgré l'échec des censures, Lecornu débute dans un climat incertain La double tentative de renversement n'a pas abouti, mais les lignes de fracture se précisent entre les groupes parlementaires. La position du Parti socialiste et l'isolement du RN redessinent les rapports de force.

Sébastien Lecornu a été confirmé à son poste de Premier ministre à l'issue des votes du 16 octobre 2025 à l'Assemblée nationale. Deux motions de censure ont été successivement repoussées. Le gouvernement reste en place, mais la recomposition des équilibres parlementaires laisse peu de place à l'apaisement.

L'Assemblée rejette les deux motions de censure

La motion de censure déposée par La France insoumise a recueilli 271 voix, contre les 289 requises pour faire tomber le gouvernement. Elle a été soutenue par les députés du Rassemblement national ainsi que par une minorité d'élus Les Républicains. La seconde motion, portée par le RN, a obtenu 144 voix. Les députés socialistes se sont majoritairement abstenus, permettant ainsi le maintien du gouvernement sans lui apporter de soutien explicite.

Présent dans l'Hémicycle, Sébastien Lecornu a quitté la séance à pied en lançant "Au travail", selon Le Monde. Ce premier test politique a été franchi de justesse, dans un contexte marqué par l'arrêt des travaux législatifs depuis la mi-juillet. La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s'est félicitée du résultat, affirmant que le pays disposait désormais d'"une stabilité gouvernementale qui puisse s'installer", rapportent Corentin Lesueur et Robin Richardot dans Le Monde.

L'échec des motions ouvre la voie à la reprise des débats parlementaires, notamment sur le projet de loi de finances. Les discussions budgétaires doivent commencer en séance le 24 octobre. Le calendrier reste étroit et les votes à venir s'annoncent serrés, alors que les groupes d'opposition ont exprimé leur intention de contester plusieurs mesures fiscales et sociales.

Un revers pour le Rassemblement national

Marine Le Pen avait anticipé le vote dès septembre. Selon Le Figaro, elle avait affirmé à ses proches : "La farce est terminée, on censure tous les prochains gouvernements." Le Rassemblement national espérait faire tomber l'exécutif en s'appuyant sur l'usure du pouvoir et les divisions de la majorité. En interne, un plan alternatif était prêt, avec un programme et une équipe de remplacement en cas de dissolution.

Dans l'hémicycle, la députée du Pas-de-Calais a dénoncé une instabilité politique chronique, déclarant : "Les Français ne comptent même plus les motions de censure déposées, débattues et votées depuis la réélection d'Emmanuel Macron en 2022." Elle a également qualifié le budget 2026 de "véritable musée de toutes les horreurs coincées depuis des années dans les tiroirs de Bercy", rapporte Paul Laubacher dans Le Figaro.

Malgré cet activisme, seuls trois députés LR ont voté la motion du RN. La tentative d'un rapprochement avec la droite n'a pas abouti. Le Parti socialiste, en choisissant de s'abstenir, a également fermé la porte à une alliance de circonstance. Cette séquence laisse le RN en retrait, et contraint le gouvernement à naviguer dans un équilibre parlementaire toujours instable.