Les assureurs peuvent-ils vraiment se permettre de faire l'impasse sur le cloud ?

Si de nombreux assureurs numérisaient déjà leurs systèmes et leurs opérations avant la pandémie, on constate une nette accélération depuis mars 2020.

Une composante essentielle de la numérisation des entreprises est le cloud computing. Selon Gartner, 51% des dépenses informatiques des entreprises passeront au cloud d'ici 2025, contre seulement 41% en 2022.

Pour les assureurs aussi, les modèles SaaS - c'est-à-dire la fourniture d'applications logicielles via le cloud - deviennent de plus en plus cruciaux pour le succès à long terme, même si de nombreux assureurs sont encore à la traîne lorsqu'il s'agit de moderniser leurs systèmes informatiques. 

Néanmoins, l'adoption du cloud par les compagnies d'assurance est inévitablement en train de se généraliser, car les assureurs cherchent à minimiser les coûts, à améliorer la sécurité et à soutenir des écosystèmes numériques flexibles ; tout cela au service d’un meilleur service aux clients.

Quel est l'état de l'adoption du cloud par les assureurs européens aujourd'hui ?

À l'heure actuelle, la plupart des assureurs s'appuient déjà sur le cloud et le SaaS pour leurs applications professionnelles non critiques (par exemple, en utilisant les solutions de géants du web comme GAFAM). Mais lorsqu'il s'agit d'applications métier critiques, telles que la gestion des sinistres, la gestion des contrats d'assurance ou la facturation et le commissionnement, la réticence à adopter le cloud est encore courante et bien ancrée, tant en France spécifiquement que dans toute l'Europe. 

Pour l'instant, l'adoption du cloud est plus prononcée aux États-Unis mais on constate une ouverture progressive des esprits aux avantages qu'il offre dans les autres pays européens également.

Dans tous les pays d'Europe du Sud, il existe des pionniers du marché qui prennent la décision courageuse et visionnaire d'adopter le modèle SaaS et d'externaliser leurs applications critiques vers le cloud pour deux avantages spécifiques : une meilleure innovation et une plus grande efficacité.

Dans cette région, sept assureurs ont adopté le cloud, dont la Macif, pionnière sur le marché français de cette orientation stratégique. L'assureur mise sur la rapidité, l'innovation, la résilience et la prévisibilité de son système pour rester leader du marché. C'est le cas des acteurs de l'assurance de nos pays voisins, comme l'assureur belge P&V, qui a également migré vers le cloud pour maintenir son niveau d'innovation et sa position de leader. 

Il est important de savoir que le marché est très réglementé en France et en Europe, et que cela vaut pour les assureurs comme pour les prestataires informatiques ; l'adoption d'une solution SaaS doit se faire en conformité. 

Le cloud, un facilitateur d'innovation pour les assureurs

Si certains assureurs peuvent encore résister à l'idée de remplacer ou de moderniser leurs systèmes en passant au cloud par conformité ou par peur, la question n'est plus de savoir s'ils doivent le faire, mais plutôt " comment " le faire. 

Le cloud a clairement changé la donne, non seulement en termes de technologie, mais aussi plus largement en termes de modèle d'exploitation informatique des assureurs, pour tous leurs systèmes d'entreprise. Il s'agit d'un vecteur d'innovation sans précédent. Il permet aux assureurs de proposer des solutions flexibles et adaptées à leur activité, tout en optimisant et en réduisant le coût total de possession de leurs systèmes.

Il s'agit également d'une meilleure répartition de la responsabilité technologique entre les assureurs et les fournisseurs spécialisés. Les compétences informatiques à valeur ajoutée limitée reviennent aux fournisseurs et à leurs équipes d'experts, tandis que les assureurs peuvent se concentrer sur leur cœur de métier, à savoir la gestion et l'évaluation des risques, l'accélération des services et la livraison des produits. 

Les exigences informatiques sur l'analyse des big data pour offrir des expériences personnalisées aux clients, par exemple, nécessitent une infrastructure évolutive que de nombreux assureurs ne peuvent pas reproduire en interne. Le cloud permet aux assureurs de maintenir des modèles d'écosystèmes numériques flexibles, en améliorant l'expérience des partenaires de l'écosystème, et de réduire la dépendance à l'égard de solutions construites en développement interne.

Pour de nombreux assureurs, l'adoption du cloud est une voie évidente  pour devenir un assureur " digital-first ".