Rapatriement des données du cloud : un choix plus nuancé qu'il n'y paraît

Le rapatriement du cloud est-il une tendance marginale ou une perspective légitime pour les entreprises ? Le point.

Dans un contexte où l’infrastructure IT évolue sans cesse, les instances dirigeantes hésitent souvent entre passer totalement au cloud ou revenir aux avantages des solutions sur site. Ce phénomène, également connu sous le nom de "rapatriement des données du cloud" ou "migration inverse", continue d’embraser les discussions au sein des entreprises qui recherchent le bon équilibre entre rapport coût/efficacité, sécurité et performances.

Si certains dossiers particulièrement médiatisés, comme celui de 37signals, font état d’économies considérables après un rapatriement des charges de travail sur site, la question demeure : le rapatriement du cloud est-il une tendance marginale ou une perspective légitime pour les entreprises ?

Les arguments en faveur du rapatriement du cloud sont-ils vraiment justifiés ?

Depuis quelques années, le rapatriement des données du cloud, qui consiste à ramener sur site les charges de travail auparavant exécutées dans le cloud, suscite un intérêt grandissant. Si certaines entreprises très médiatisées comme Dropbox ou 37signals ont réussi leur sortie d’AWS en faisant état d’économies tangibles, il est important de savoir si cette tendance reste marginale, ou si elle pourrait témoigner d’une réelle utilité pour les organisations.

Des exemples de rapatriement particulièrement médiatisés

L’engouement autour du rapatriement du cloud a commencé à se manifester au début de l’année 2018. À cette époque, Dropbox fait les gros titres en annonçant la migration inverse de ses données cloud, économisant au passage près de 75 millions de dollars en coûts d’infrastructure. Si la success-story de Dropbox était et reste indéniable, n’oublions toutefois pas que la situation de l’entreprise était relativement atypique (sauf si, vous aussi, vous avez 53 millions de dollars à investir en infrastructures sur-mesure).

La même année, IDC publie un rapport intitulé Cloud Repatriation Accelerates in a Multi-Cloud World, aux conclusions plus modérées : l’interopérabilité entre données et applications revêt une importance cruciale, mais de nombreuses entreprises n’ont tout bonnement pas accès à des systèmes de cloud hybrides. Le cloud privé reste la rampe de lancement privilégiée pour l’interopérabilité avec les clouds publics.

Plus récemment, 37signals a fait beaucoup de bruit en annonçant sa sortie d’AWS. Après avoir investi 3,2 millions de dollars dans les services cloud en 2022, 37signals a fait le choix de relocaliser son activité dans un cloud souverain. Tout compte fait, cette solution affiche un coût annuel d’environ 840 000 $. Si ce montant est hors d’atteinte pour de nombreuses entreprises, il n’en est pas moins clairement inférieur aux dépenses auparavant engagées par 37signals auprès d’AWS.

L’argument d’un rééquilibrage en faveur d’architectures hybrides plus matures

Plutôt qu’un rapatriement complet, certaines entreprises choisissent une approche de rééquilibrage : elles s’appuient sur des architectures hybrides plus matures, qui associent une infrastructure sur site et le cloud.

La hausse des coûts, les problèmes de sécurité ou la dégradation des performances sont autant de facteurs à intégrer au moment de prendre une décision. Une bonne compréhension de ces éléments vous aidera à prendre une décision mieux informée et à aligner votre stratégie d’infrastructure avec vos besoins.

Pourquoi choisir de rééquilibrer son infrastructure en rapatriant les charges de travail ?

  1. Hausse des coûts : les frais liés au cloud finissent bien souvent par dépasser les projections initiales. Des enquêtes réalisées par 451 Research et IDC ont montré que les coûts représentaient la raison n° 1 avancée pour le rapatriement des charges de travail.
  2. Problèmes de sécurité : l’enquête IDC de 2018 a révélé que la sécurité était un facteur décisif pour le rapatriement. Selon l’indice de transformation cloud 2022 d’IBM, 54% des participants estiment que le cloud public n’est pas encore assez sécurisé. Les vulnérabilités récurrentes observées chez les fournisseurs de cloud comme Azure, AWS et GCP alimentent ces questions autour de la sécurité.
  3. Dégradation des performances : les entreprises peuvent rencontrer des problèmes de performances liés au cloud, qui peuvent les inciter à envisager un rapatriement de certaines charges.

Comment évaluer le rapatriement et élaborer une analyse de rentabilisation ?

En évaluant les coûts, les avantages et les risques, vous pouvez mieux planifier l’optimisation de vos plateformes dans une optique d’économie et de maximisation de la valeur. Voici quelques faits et chiffres à ne pas négliger :

Coûts et bénéfices mensuels de chaque plateforme

Le calcul des coûts et bénéfices mensuels de chaque plateforme est prépondérant pour décider si l’entreprise a intérêt à rester dans le cloud ou à revenir à un centre de données sur site. Ce calcul requiert une compréhension détaillée des coûts associés au cloud, et doit inclure les frais de personnel, ainsi que les bénéfices intangibles comme l’agilité ou la capacité de montée en charge. Malheureusement, il peut être complexe de calculer ces coûts précisément, car il est facile de passer à côté de certains bénéfices, ce qui peut mener à des erreurs coûteuses.

Coûts et bénéfices globaux d’une infrastructure sur site

Prenez en compte l’ensemble des coûts et bénéfices globaux d’une infrastructure sur site : dépenses en matériel et en maintenance logicielle, locaux du centre de données, dépréciation, frais d’assurance, d’électricité, de sécurité physique, de conformité, de sauvegarde, et bien d’autres encore. N’oubliez pas que la valeur de l’agilité et de la capacité de montée en charge peut être affectée si vous rapatriez vos charges de travail vers un data center. Enfin, mesurez l’impact potentiel de la perte des services cloud-native, comme l’IA ou les analyses de données, plus difficiles à répliquer sur site.

Coûts et bénéfices des plateformes cloud

Prenez en compte tous les coûts de maintenance des plateformes de cloud. Là encore, ces coûts incluent les dépenses liées aux ressources humaines, aux systèmes de sécurité, aux systèmes de sauvegarde et de restauration, ainsi que les frais associés au transit des données (entrée ou sortie). Par ailleurs, tenez compte des augmentations ou diminutions de prix potentielles, présentes ou à venir. Enfin, voyez si la charge de travail analysée utilise des services cloud-native difficiles à répliquer sur site.

Coûts et risques du rapatriement

Le rapatriement entraîne lui aussi des coûts et des risques. Par exemple, si une charge de travail a été adaptée pour exploiter des fonctionnalités cloud-native lors de la migration initiale, elle doit être remodifiée au moment du rapatriement. Elle doit être à nouveau testée et configurée sur la plateforme sur site. Justifier la décision du rapatriement face aux enjeux de politiques internes peut également être une tâche délicate.

L’avenir proche sera hybride

Toutes les données laissent à penser que l’avenir de la gestion des charges de travail se trouve dans un rééquilibrage des infrastructures, plutôt que dans un rapatriement intégral. Aujourd’hui, les entreprises adoptent de plus en plus souvent une approche hybride. Elles cherchent à implémenter une infrastructure optimale qui fournira les fonctionnalités dont leur activité a réellement besoin, comme la SSO (authentification unique).

Dans les années qui viennent, nous assisterons probablement à une vague de rapatriements motivés par un regain d’intérêt pour l’optimisation des coûts. Les symptômes de cette vague, si elle n’a pas déjà débuté, seront vraisemblablement beaucoup plus subtils, à mesure que des entreprises de toutes tailles commenceront à rapatrier une partie (mais pas l’intégralité) de leurs charges de travail sur site.

Alors, reposons-nous la question : le rééquilibrage du cloud se justifie-t-il du point de vue commercial ? Absolument.

Chaque entreprise cherche à trouver l’architecture optimale, qui correspond le mieux à ses objectifs métier. Pour certaines, cette démarche passe par les services de clouds publics ; pour d’autres, la vérité est ailleurs. L’approche hybride, qui combine l’agilité du cloud public et les avantages d’une infrastructure sur site, est un bon compromis pour les entreprises.

L’important est de rester flexible et de suivre attentivement l’évolution des tendances et des besoins métiers. Ces informations aident les entreprises à mieux gérer les complexités liées à la gestion des charges de travail et de prendre des décisions qui alignent leur vision de l’infrastructure IT avec leurs objectifs globaux, tant métiers que financiers.