Comparatif visioconférence : match serré entre Zoom, Teams et Google Meet

Comparatif visioconférence : match serré entre Zoom, Teams et Google Meet Les trois outils leaders de la visioconférence n'ont cessé de s'enrichir de nouvelles fonctionnalités depuis la crise sanitaire qui a vu leur nombre d'utilisateurs explosé.

On se fait une "visio" ? Incongrue il y a quelques années, la proposition est aujourd'hui banale. Selon une étude du spécialiste Pexip, parue en janvier 2022, plus des deux tiers (71 %) des employés de grandes entreprises déclarent utiliser la visioconférence quotidiennement. La crise sanitaire et la généralisation du télétravail qui s'en est suivie ont définitivement ancré la pratique. Les organisations ont désormais massivement recours aux outils de visioconférence pour collaborer à distance ou joindre leurs clients et prospects.

Le Covid-19 a aussi bouleversé l'ordre établi de ce qui n'était avant la pandémie qu'un marché de niche. Aux acteurs historiques(Cisco, Avaya, Alcatel-Lucent, Polyco) spécialisés dans l'équipement de salles dédiées, se sont substitués des acteurs du web. On retrouve les inévitables Microsoft et Google et un pure player, Zoom. Ce dernier a connu une hausse de popularité sans précédent pendant la pandémie, passant de 10 millions d'utilisateurs quotidiens en mars 2019 à 350 millions en décembre 2020. Soit une croissance de 3 400% !

Depuis, les trois plateformes retenues dans ce comparatif (Zoom, Microsoft Teams et Google Meet) n'ont cessé de s'enrichir de nouvelles fonctionnalités en profitant largement des apports de l'intelligence artificielle. Et les critères discriminants qui prévalaient lors du précédent classement, en 2021, ne sont plus d'actualité. Pour Didier Lambert, fondateur de HubTic.fr, plateforme de veille du marché des communications unifiées, d'autres facteurs doivent être pris en compte en 2024.

Une intégration à la fois matérielle et applicative

A l'heure du travail en mode hybride, le volet matériel, qui était passé en retrait, revient en force. "La solution de visioconférence doit fonctionner à distance et en local, rappelle-t-il. Ce qui pose la question de la comptabilité des terminaux en salle de réunion, comme la pieuvre, la barre de son ou les caméras. Une entreprise a généralement déjà investi dans ces matériels et souhaitera qu'ils fonctionnent avec la solution retenue. "

Ces matériels devront également être compatibles avec les autres outils du marché. Une organisation peut, par exemple, avoir choisi Zoom en interne tout en échangeant avec ses clients et prestataires sur Teams. L'équipement d'une salle de réunion nécessite souvent de faire appel à un intégrateur spécialisé et Didier Lambert conseille de regarder si l'éditeur dispose bien d'un réseau étoffé de partenaires certifiés de proximité pour réaliser cette intégration.

L'intégration est aussi applicative. Une solution de visioconférence doit pouvoir s'intégrer aux outils métiers comme un CRM ou un agenda partagé. "Les éditeurs proposent des centaines de connecteurs sur leurs places de marché et des APIs mais précisent rarement ce que cette intégration permet de faire réellement, déplore Didier Lambert. Au-delà d'offrir la possibilité de lancer une réunion dans un CRM, il serait intéressant de pouvoir remonter la retranscription d'un échange dans une fiche client. "

L'IA, une tarte à la crème ?

Enfin, pour Didier Lambert, "l'avenir du marché de la visioconférence passera par une déclinaison de l'offre par grandes industries". Microsoft et Zoom ont ainsi développé des solutions verticales pour la santé, l'éducation, la justice ou la fonction publique, apportant des fonctionnalités spécifiques. Une offre dédiée à l'éducation permettra de faire l'appel de présence des élèves, d'analyser l'assiduité des participants ou d'assurer le suivi des devoirs.

En revanche, l'expert se montre plus circonspect sur les apports réels de l'intelligence artificielle au-delà des discours marketing des éditeurs. "Parle-t-on d'IA conversationnelle, générative ou analytique? Que permet-elle de faire ? La retranscription d'une réunion reposant sur du speech-to-text est assez classique. En revanche, produire son compte-rendu avec les éléments clés des échanges et les points d'action apporte une vraie plus-value."

D'autres cas d'usage présentent un intérêt à ses yeux. Dans un centre d'appel, l'analyse de sentiments permet de prioriser les appels ou d'anticiper en cas de mécontentent avéré d'un client. L'IA analytique va, elle, indiquer quelles sont les salles de réunion saturées et comment mieux aménager l'espace de travail. Enfin, la reconnaissance faciale sécurisera les réunions en authentifiant les participants habilités.

Zoom, la richesse fonctionnelle

Pure player de la visioconférence en mode cloud, Zoom a littéralement explosé durant la crise sanitaire. Créé en 2011, l'éditeur californien a connu une croissance exponentielle en misant sur l'ergonomie de son interface et sa capacité d'innovation. Ancien de WebEx, son fondateur, Eric S.Yuan, a renouvelé l'expérience utilisateur en proposant le premier de rejoindre une réunion en cliquant simplement sur un lien. Le mode freemium et ses fameuses 40 minutes gratuites a permis de démocratiser l'accès à la visioconférence. Résultat, Zoom revendique 350 millions d'utilisateurs quotidiens et devrait terminer l'exercice 2024 avec un chiffre d'affaires autour de 4,5 milliards de dollars.

Pour ne pas perdre sa position, Zoom n'a cessé d'enrichir son spectre fonctionnel. L'éditeur propose un portefolio particulièrement complet à travers ses quatre grandes offres : Zoom One (réunions, espaces de travail virtuels, chat d'équipe, téléphonie sous IP), Zoom Space (salles de visioconférence), Zoom Events (webinaires), Zoom Contact Center (centre d'appel, agent virtuel) sans compter ses déclinaisons verticales pour l'éducation, les services financiers, la santé, l'administration ou la vente.

N'ayant pas l'écosystème ou la présence en entreprise d'un Microsoft ou d'un Google, Zoom donne aussi des gages d'intégration. Il est ainsi possible de participer à des réunions Teams ou Google Meet depuis des matériels Zoom Rooms. Pointé du doigt en début de crise Covid pour ses failles de sécurité, Zoom a en 2020 rectifié le tir en mettant en place l'authentification à double facteurs et le chiffrement de bout en bout. Depuis juin, Zoom propose également pour ses clients un hébergement de leurs données dans l'Espace économique européen (EEE).

Ces derniers mois, Zoom a encore élargi sa palette en lançant Zoom Surveys, un solution pour créer des enquêtes et des sondages, Zoom Docs, un espace de partage de documents de travail, et Zoom Notes, un outil de prise de notes en temps en réunion ou en mode asynchrone. Enfin, l'éditeur a introduit de l'intelligence artificielle à tous les niveaux. Zoom AI Companion, son assistant intelligent, génère le résumé d'une réunion ou aide à rédiger des messages dans les modules de chat et de messagerie. En centre d'appel, l'IA affiche automatiquement à l'écran les informations utiles d'un client ou fait une analyse du sentiment des conservations.

Microsoft Teams, le couteau suisse

Avant tout connu pour son service de visioconférence, largement utilisé depuis la crise sanitaire, Microsoft Teams se présente comme une véritable plateforme collaborative agrégant des fonctions de messagerie instantanée, d'agenda partagé, de partage de fichiers ou de gestion des tâches. A sa création en novembre 2016, Teams se présentait comme un outil dédié à l'organisation au quotidien d'une équipe, en alternative à Slack.

Depuis, sa popularité n'a été que croissante. Teams a profité du rouleau compresseur marketing de Microsoft mais aussi de son intégration aux différentes briques de l'écosystème de Microsoft 365 comme Outlook pour le calendrier, SharePoint et OneDrive pour le stockage de fichier, OneNote pour la prise de notes. Sous la pression de la Commission européenne, la firme de Redmond a dû découpler Teams de sa suite collaborative. Depuis le 1er octobre, le module n'est plus installé par défaut dans l'Espace économique européen et la Suisse, comme elle l'explique sur son blog, mais proposé en option payante.

Microsoft conserve néanmoins l'avantage de son ancrage historique en entreprise. A l'instar de Zoom, le géant américain a noué des partenariats avec des constructeurs comme Poly, Dell, Logitech, Lenovo et HP pour équiper les salles de réunion de matériels compatibles Teams Rooms. Il capitalise également sur les apports de Copilot, son assistant d'intelligence artificielle. Dans un autre billet de blog, Microsoft explique comment il assiste les utilisateurs dans la rédaction des messages, fournit un résumé d'une réunion assorti des décisions prises et des actions à entreprendre, ou organise dans un tableau blanc les idées issues d'une séance de brainstorming.

En ce qui concerne le métaverse, Microsoft annonçait, fin janvier, la disponibilité générale de Microsoft Mesh, une fonctionnalité de réalité mixte qui permet "de créer des expériences immersives", avec ou sans casque de réalité virtuelle. Les participants à la réunion évoluent dans un espace 3D préconçu qu'une entreprise peut personnaliser à l'aide de bannières, l'insertion d'un logo ou le contenu d'une présentation. Intégré à Teams, Microsoft Mesh s'applique aux réunions d'équipe, aux sessions de brainstorming mais aussi aux événements corporate de plus grande envergure.

Google Meet, la simplicité

Sorti quelques mois après Microsoft Teams, en mars 2017, Google Meet était jusqu'alors connu sous le nom de Hangouts Meet. Comme les outils concurrents, Google a "profité" de la pandémie pour populariser son outil en le rendant gratuit. Encore aujourd'hui, il suffit d'un compte Google pour initier ou rejoindre une réunion. Le géant du numérique revendique plus de 100 millions d'utilisateurs quotidiens.

Google Meet profite, bien entendu, de l'intégration native avec les autres applications de la suite Google Workspace pour planifier une réunion dans Google Agenda ou lancer une visioconférence depuis un fichier Google Docs, Sheets, Slides ou Jamboard ou diffuser du contenu en direct sur YouTube. Pour autant, il est resté, à la différence de Microsoft Teams, une solution uniquement dédiée à la visioconférence.

Sobre et intuitive, son interface répond aux codes des produits Google. Pas besoin de passer par une application, au comportement aléatoire, un navigateur web suffit. La simplicité de l'interface dissimule la richesse fonctionnelle de l'outil. La version premium permet d'enregistrer une réunion, d'insérer des sous-titres "live", de retranscrire automatiquement les échanges ou d'organiser des sondages.

Comme ses concurrents, Google Meet utilise abondamment l'IA pour enrichir ses services. Comme l'explique ce billet de blog, l'assistant Duet AI prend des notes en temps réel au fur et à mesure que la "visio" se déroule. "Si vous êtes en retard à une réunion, Google sera en mesure de vous montrer un résumé en cours de réunion afin que vous puissiez rattraper ce qui s'est passé." La reconnaissance gestuelle permet de rendre une session plus dynamique. Il suffit de lever la main pour prendre la parole. Une fois la réunion terminée, le résumé est enregistré dans Docs.

 

Zoom

Microsoft Teams

Google Meet

Webinaire

X

X

 

Offre centre d'appel

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X

 

Solutions verticales par industrie

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Equipements de salle de réunion certifiés

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X

X

Apports de l'IA (transcription, sous-titrage, résumé)

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Intégration à une suite collaborative

 

X

X

Expérience immersive 3D, métavers

 

X

 

Hébergement des données dans l'UE

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X

Authentification multifacteur, chiffrement de bout en bout

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X

X

Version gratuite

(durée limite de la réunion)

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(30 ou 40 minutes)

X

(60 minutes)

X

(60 minutes)

Tarification (HT)

A partir de 14,99 euros par mois et par utilisateur (Pro)

A partir de 3,70 euros par mois et par utilisateur (Microsoft Teams Essential)

A partir de 6,90 euros par mois et par utilisateur (Workspace Business Starter)

Plus originale, une nouvelle fonctionnalité de Meet permet à Duet AI d'"assister" à une réunion en votre nom. Google génère automatiquement les points que vous auriez voulu aborder. Ces notes seront visibles par les participants pendant la réunion afin qu'ils puissent en discuter. Et si vous êtes bien présent mais que vous avez une petite mine, une fonctionnalité de retouche de portrait propose d'un coup de baguette magique, un blanchiment des dents, un lissage de la peau ou un éclaircissement sous les yeux.