Jeoffrey Célestin-Urbain (Campus Cyber) "Le Campus Cyber assumera une ligne très marquée en termes de souveraineté numérique"

Nommé président en juin 2025, le haut fonctionnaire passé par Bercy précise comment il veut faire du Campus Cyber une marketplace qui favorise les acteurs français et européens.

JDN. Votre présidence du Campus Cyber est-elle en rupture avec la précédente ?

Jeoffrey Célestin-Urbain (président du Campus Cyber) © Campus Cyber

Jeoffrey Célestin-Urbain. Je respecte toute l'œuvre accomplie par mon prédécesseur Michel van den Berghe, premier président du Campus Cyber inauguré en 2022. Il m'a légué un lieu qui rassemble toutes les parties prenantes de l'écosystème de la cybersécurité. Le campus réunit désormais différents services de l'Etat comme l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information, de nombreuses entreprises de cybersécurité de toute taille puis des associations, des écoles de formation en cybersécurité, des organismes publics de recherche, etc.

Michel van den Berghe m'a donc transmis un socle extraordinaire que je dois renforcer en accueillant encore plus d'acteurs au sein du campus. Actuellement, l'immeuble est loué à 90% contrairement à ce qu'on peut lire dans la presse qui s'intéresse plus aux départs du campus qu'aux arrivées. Mais il faut faire mieux. C'est pourquoi ma présidence ouvre une nouvelle page. Elle porte un nouveau projet stratégique visant à faire du campus un acteur majeur dans le développement économique de l'écosystème cyber français et européen.

Comment atteindre ce but ?

D'abord, je dois faire en sorte que les différents acteurs qui composent le campus communiquent ensemble, nouent des liens, ce qui a manqué par le passé. La structure du campus a été posée par mon prédécesseur. Désormais, je dois faire du campus un opérateur de liens entre les différentes communautés qui y sont représentées. Pour y parvenir, je veux multiplier les points de rencontre entre tous les acteurs de l'écosystème cyber en faisant du campus une marketplace. Le campus doit être en effet un lieu où se rencontrent l'offre et la demande en matière de cybersécurité.

Ensuite, il doit être un incubateur de start-up en favorisant leur développement grâce à l'élargissement de certains programmes qui existent déjà comme le cyber booster. Celui-ci permet à certaines start-up sélectionnées de bénéficier d'un accompagnement du campus pendant un an. Le nombre de start-up sélectionnées pourrait être plus important et la durée de leur accompagnement plus longue. Le campus doit fournir à toute start-up de cybersécurité ce qu'elle demande en matière de recherche et développement, de financements, de solutions, de partenariats, etc.

Enfin, le campus accompagnera les 15 000 petites et moyennes entreprises qui vont devoir se conformer à la directive NIS 2. Pour cela, ses membres pourront leur fournir les outils et services leur permettant de réaliser leur conformité au texte législatif : audits, assistance juridique, solutions numériques, etc.

Sous votre présidence, le Campus Cyber va-t-il défendre la souveraineté en matière de cybersécurité ?

Oui, je défends une préférence nationale et européenne en matière de cybersécurité. Le Campus Cyber assumera une ligne très marquée en matière de souveraineté numérique. Celle-ci infusera d'ailleurs tous ses choix. Par exemple, les critères pour en devenir membre pourraient faire l'objet de modifications à l'avenir. Jusqu'à présent, des acteurs extra-européens pouvaient être membres du campus. Mais il est tout à fait légitime de s'interroger sur la pertinence et les risques de leur présence au sein de celui-ci. De manière générale, le campus doit créer un cadre propice à une économie de la cybersécurité qui favorise avant tout les acteurs français et européens.