Barbara Sessa (Mastercard) "En 2024, Mastercard a empêché plus de 20 milliards de dollars de tentatives de fraude sur son réseau"
A l'approche du Mastercard Innovation Forum qui se tiendra le 9 octobre, Barbara Sessa, directrice générale de Mastercard France, partage sa vision sur les liens étroits entre innovation, confiance et sécurité des paiements.
JDN. L'événement MIF 2025 aura lieu ce 9 octobre. Vous ouvrez les débats avec un discours sur la confiance. Pourquoi avoir choisi ce thème pour commencer la journée ?

Barbara Sessa : Nous vivons d'intenses changements technologiques qui redessinent les équilibres économiques. Et dans ce contexte, la confiance, socle numéro un de l'économie, est plus que jamais un pilier fondamental du développement économique et social. Comme la technologie va toujours plus vite, nous partageons une conviction forte : l'innovation est un impératif mais nous gardons toujours en tête que sans confiance il n'y a pas de progrès durable.
Le thème exact de ce discours sera "La confiance, fondement de l'innovation". Comment cela se traduit chez Mastercard ?
Chez Mastercard, la confiance ne se décrète pas. Elle se construit jour après jour. Comment ? En garantissant la sécurité des échanges, en plaçant l'inclusion au cœur de l'innovation et en agissant avec responsabilité et transparence. Nous agissons en partenaire de confiance avec les banques, fintechs, marchands mais aussi avec les pouvoirs publics, notamment sur les enjeux de souveraineté numérique et de régulation. Ce que nous défendons chez Mastercard, c'est un progrès numérique utile, responsable, et au service de tous.
En quoi les partenariats public-privé peuvent-ils jouer en faveur de la confiance numérique ?
Cette complémentarité entre les acteurs publics et privés est indispensable à l'atteinte des objectifs de sécurité numérique. Le secteur public peut apporter une vision long terme, la force de la régulation et de la loi, mais il doit appuyer ses décisions sur les solutions et technologies que le privé peut apporter. De son côté, le secteur privé dispose de capacité d'innovation, d'investissement, et peut contribuer à façonner les choix règlementaires du privé au profit d'une meilleur sécurité numérique. A titre d'exemple, nous échangeons régulièrement avec les banques centrales européennes et les régulateurs. Nous avons aussi travaillé avec Cybermalveillance.fr et plusieurs acteurs publics et privés afin de lancer la campagne Fraud Fight Club dont l'objet est d'alerter de manière ludique les citoyens sur les dangers cyber.
A vos yeux, l'intelligence artificielle représente-t-elle une menace ou une opportunité pour renforcer la confiance et prévenir la fraude dans les paiements ?
Dans un contexte de connectivité croissante, la cybercriminalité représente une menace persistante pour les particuliers et les entreprises et les fraudeurs cherchent continuellement de nouveaux procédés. Chaque jour, de nouvelles formes de fraude, de vols d'identité et d'attaques ciblent les acteurs économiques. Pour faire face aux cybercriminels, nous investissons significativement dans l'intelligence artificielle. Des algorithmes analysent des milliards de transactions en temps réel, permettant l'identification rapide de comportements suspects et le blocage préventif des opérations frauduleuses. Ce recours à l'IA a permis d'améliorer considérablement la détection des fraudes, multipliant par deux à trois les résultats obtenus. En 2024, Mastercard a ainsi empêché plus de 20 milliards de dollars de tentatives de fraude sur son réseau.
Comment se traduit l'intégration de Mastercard au sein de l'écosystème français de l'innovation ?
L'implantation de Mastercard en France remonte à plusieurs décennies. Tout d'abord cantonné à une clientèle d'affaires et de voyageurs internationaux, le réseau Mastercard s'est progressivement ancré dans les usages quotidiens, notamment à partir des années 2000. Cette montée en puissance a été facilitée par la libéralisation du secteur bancaire, la création du marché unique européen et la normalisation des standards de paiement. Notre intégration dans l'écosystème français se traduit par exemple avec notre collaboration avec les fintechs françaises. De nombreuses start-up s'appuient sur Mastercard pour lancer des offres innovantes, notamment dans le paiement mobile, les cartes virtuelles ou les services aux entreprises. Pour la France, l'enjeu est désormais de trouver un équilibre entre ouverture à l'innovation internationale et préservation de ses intérêts stratégiques.