La gestion du risque humain est devenue une priorité stratégique en cybersécurité

Le modèle traditionnel, centré uniquement sur la technologie ou sur des formations ponctuelles, présente une faille stratégique majeure : la gestion du risque humain (HRM – Human Risk Management).

Dans la lutte contre les cybermenaces, les organisations ont investi des milliards dans des technologies avancées – pare-feux, systèmes de détection d’intrusion, protections des postes de travail. Pourtant, une réalité inquiétante persiste : l’élément humain est impliqué dans 68 % à 90 % des violations de sécurité. Il ne s’agit pas de désigner des coupables, mais d’un appel à l’introspection. À une époque où les collaborateurs sont constamment sollicités, souvent distraits et de plus en plus en télétravail, se contenter de « sensibiliser » via des formations génériques et axées sur la conformité n’est plus suffisant. Le modèle traditionnel, centré uniquement sur la technologie ou sur des formations ponctuelles, présente une faille stratégique majeure : la gestion du risque humain (HRM – Human Risk Management).

Vers une approche centrée sur l’humain

Les techniques d’ingénierie sociale, désormais amplifiées par l’intelligence artificielle, rendent difficile, même pour les collaborateurs les plus vigilants, la détection des menaces – d’autant que les technologies de détection traditionnelles échouent souvent à les repérer.

Ce constat impose un changement fondamental : passer d’une approche cloisonnée et réactive à une démarche holistique, centrée sur l’humain. La HRM ne se résume pas à un simple rebranding de la sensibilisation à la sécurité et des formations (SAT – Security Awareness and Training). Il s’agit d’un processus stratégique, continu, qui combine la technologie à une compréhension approfondie du comportement humain. Il s’agit de reconnaître que l’erreur humaine est inévitable, et de construire une organisation résiliente capable de se protéger en traitant de manière proactive les risques liés à l’humain.

Les limites de la sensibilisation et de la formation traditionnelles

Une stratégie de HRM efficace repose sur une solide compréhension des sciences comportementales. La formation traditionnelle souffre souvent d’un manque d’engagement, de contenus génériques inadaptés aux rôles spécifiques et aux risques réels, et d’un écart persistant entre la sensibilisation et l’action. Connaître une politique ne garantit pas son application sous pression, en particulier lorsque des biais cognitifs tels que le biais d’autorité, le biais d’optimisme ou le biais de familiarité sont exploités par les attaquants.

Principes fondamentaux d’une approche moderne de la gestion du risque humain

Une approche moderne de HRM repose sur plusieurs principes clés :

Identifier les points faibles : des évaluations de risque complètes sont essentielles pour comprendre les vulnérabilités individuelles et les comportements.

Personnalisation : les formations et interventions doivent être adaptées aux menaces spécifiques et aux besoins d’apprentissage des différents rôles et équipes.

IA et automatisation : la technologie intelligente est indispensable pour étendre l’approche, personnaliser les actions et extraire des informations basées sur les données.

Quantification du risque : la stratégie de HRM est un processus itératif, qui affine en permanence ses stratégies à partir d’indicateurs permettant d’établir un score de risque humain quantifiable et défendable.

Humaniser les politiques : les politiques doivent être claires, empathiques et pertinentes, conçues en tenant compte de l’expérience utilisateur.

Implication des dirigeants : l’engagement des instances dirigeantes est crucial pour souligner l’importance stratégique de HRM.

Ne pas oublier l’aspect humain : si la technologie est essentielle, le coaching individuel et le développement d’un sentiment de responsabilité partagée restent indispensables.

Le cadre DEEP

Pour structurer cette approche, un modèle conceptuel tel que DEEP (Défendre, Éduquer, Responsabiliser, Protéger) s’avère particulièrement pertinent.

Defend vise à mettre en place des protections techniques pour réduire la surface d’attaque.

Educate consiste à fournir aux employés les connaissances et compétences nécessaires pour reconnaître les menaces.

Empower favorise une culture de sécurité positive et met à disposition des outils intuitifs facilitant les choix sécurisés.

Protect s’appuie sur des plans de réponse robustes pour limiter les conséquences des erreurs et réinjecter les enseignements dans les autres piliers, créant ainsi une boucle d’amélioration continue.

Mettre en œuvre la HRM

La mise en œuvre d’une stratégie aussi complète nécessite une plateforme intégrée de gestion du risque humain. Celle-ci permet une échelle, une intégration des données et une automatisation impossibles à atteindre avec des solutions fragmentées. Des plateformes sont conçues pour opérationnaliser le cadre DEEP, en exploitant l’IA pour une formation personnalisée, une sécurité avancée des courriels, une réponse automatisée aux incidents et un coaching en temps réel. Un élément clé réside dans l’évaluation individuelle du risque, permettant des interventions ciblées et la démonstration de réductions mesurables du risque global aux parties prenantes.

La gestion du risque humain comme priorité stratégique

Gérer le risque humain n’est plus une compétence « douce » ou une préoccupation secondaire. À l’heure des attaques alimentées par l’IA et des interactions numériques croissantes, c’est une nécessité stratégique. En transformant l’élément humain en une couche de défense solide et fiable, les organisations peuvent atteindre une véritable résilience cyber et en tirer des bénéfices opérationnels et financiers concrets.