Les barrières numériques échouent à protéger la génération connectée d'aujourd'hui

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La loi française sur la majorité numérique et la lutte contre la haine en ligne imposent aux plateformes des responsabilités pour protéger les enfants contre les contenus nuisibles. Cela marque une étape décisive dans la protection numérique des jeunes internautes.

Aujourd’hui, les outils numériques ont considérablement renforcé la sécurité des utilisateurs, et surtout des enfants. Les parents peuvent suivre la localisation de leurs enfants en temps réel, rester en contact grâce à la vidéo et aux services de messagerie, et même surveiller leur bien-être physique. Pourtant, cette évolution rapide entraîne des risques que nous commençons seulement à comprendre. Si nous savons protéger les enfants dans le monde réel, le monde en ligne présente des risques que les solutions actuelles ne parviennent pas encore à maîtriser.  

Des protections numériques dans un monde en pleine mutation  

En France, 60% des enfants (Étude #BornSocial2024) âgés de 11 et 12 ans indiquent que leurs parents les géolocalisent avec leur téléphone. Malgré ce taux encourageant, certains parents ignorent encore les risques auxquels leurs enfants peuvent être confrontés ou manquent d’outils clairs et accessibles pour y répondre. Cela s’explique par le fait que les outils numériques évoluent plus vite que notre compréhension.  

Mais ce ne sont pas seulement les jeunes qui sont exposés à des risques. Les générations plus âgées ne sont pas épargnées : beaucoup d’entre elles ont des compétences et connaissances limitées et restent vulnérables face à des arnaques sophistiquées. Les démarches autrefois simples comme gérer ses comptes bancaires, payer ses factures ou prendre des rendez-vous nécessitent désormais de naviguer entre mises à jour d’applications, changements d’interface, authentification à deux facteurs, et plus encore. Chaque nouvelle mesure de sécurité, bien que nécessaire, devient un obstacle supplémentaire pour ceux qui apprennent à maîtriser ces outils.  

Dans ce contexte, les fraudeurs comprennent ces vulnérabilités avec une précision inédite. Ils ciblent souvent les personnes ayant des économies ou vivant seules, utilisant de fausses urgences familiales pour les pousser à agir. En Allemagne, l’Enkeltrick (arnaque du petit-fils) est devenue une escroquerie répandue, où des arnaqueurs se font passer pour des petits-enfants en détresse et exploitent la vulnérabilité et l’émotion pour escroquer les victimes âgées. 

Les arnaques par usurpation d’identité ont généré environ 10,6 milliards d’euros de pertes financières en 2025 (Étude Fintech). 

En France, le Parquet de Paris, l’Autorité des marchés financiers (AMF), l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) alertent sur la montée en puissance des arnaques financières. Le montant moyen de la perte déclarée auprès de l’AMF, tous thèmes d’arnaques confondus, s’élevait à 29 000 euros fin novembre 2024. 

Des menaces de plus en plus fréquentes 

Sans intervention, ces risques ne feront que s’intensifier avec les avancées technologiques. D’ici 2030, PwC prévoit que la fraude deviendra le crime le plus fréquemment signalé. L’IA est de plus en plus utilisée par les arnaqueurs pour créer de fausses identités et manipuler les victimes plus facilement.  

Ce qui nécessitait autrefois des connaissances techniques peut désormais être réalisé à l’aide d’outils et de tutoriels en ligne. Cela inclut la vague de création de documents via l’IA et la fraude par de fausses identités. L’accessibilité de ces outils, des générateurs de deepfake à l’édition de documents, a largement contribué au succès des actions entreprises par les cybercriminels.  

De plus, 18% des 8-17 ans (Étude Orange / Hello Future) ont déjà subi des arnaques en ligne. Pour mettre cela en perspective, imaginez si 18 % des enfants avaient été confrontés à des menaces physiques sur le chemin de l’école. Les parents réagiraient et se mobiliseraient aussitôt. Pourtant, beaucoup d’entre eux ignorent que l’équivalent numérique se produit. Contrairement aux menaces physiques que l’on peut apprendre à éviter, les menaces numériques sont beaucoup plus insidieuses. La prévention n’est pas toujours possible, même en restant vigilant. 

Aller au-delà de la protection physique 

À mesure que la technologie progresse, la protection des consommateurs doit suivre. Nous ne pouvons pas éliminer tous les dangers, tout comme nous ne pouvons pas prévenir tous les risques dans le monde physique. Mais les fournisseurs peuvent concevoir des solutions répondant aux défis des utilisateurs pour offrir un vrai soutien et éviter les risques actuels. L’objectif n’est pas de restreindre l’accès à la technologie pour les enfants ou les moins expérimentés, mais de donner à tous la confiance d’utiliser les outils numériques en toute sérénité. 

Pour y parvenir, les fournisseurs doivent repenser leur rôle : passer de la simple protection matérielle à la protection de l’ensemble de la vie numérique, afin de nous protéger des vulnérabilités auxquelles nous sommes exposés à chaque interaction. 

La marche à suivre 

Pour les parents, cela implique de penser au-delà des habitudes : surveiller activement les informations liées aux portefeuilles numériques et aux applications, rester vigilants face aux violations de données, comprendre l’usage des données personnelles et leur potentiel partage. En réalité, ces leçons s’appliquent à tous, à mesure que nous devenons de plus en plus dépendants du numérique. 

Pour l’industrie, il n’y a pas de temps à perdre. Ce n’est qu’en abordant l’ensemble des menaces, du matériel que nous utilisons aux informations accessibles à travers celui-ci, que nous pourrons véritablement protéger la génération qui grandit dans un monde connecté.