Qui sont les serials Mooceurs ?
Ils ont validé plusieurs dizaines de Mooc chacun au cours des dernières années. Par curiosité mais aussi pour relancer leur carrière. Découvrez-les.
Le 19 janvier 2017, elle monte sur scène sous un tonnerre d'applaudissements pour chercher un trophée qu'elle reçoit émue. Mais il ne s'agit ni d'une actrice ni d'une chanteuse renommée. Laura Lebon est récompensée du prix "Serial Mooceur de l'année", lors de la première édition des Mooc of The Year, un événement co-organisé par Google, My Mooc et le JDN.
Les serials mooceurs sont des passionnés qui consacrent une grande partie de leur temps à la validation de Mooc. Et à ce petit jeu, Laura Lebon écrase la concurrence avec la bagatelle de près de 50 formations validées depuis fin 2013. Mais qu'est-ce qui pousse cette développeuse web à collectionner les certificats ?
"Je pense que c'est un mélange de curiosité et d'esprit geek", reconnaît la jeune femme qui s'imprègne de sujets complexes qui n'ont pas forcément de liens avec son métier. "Tous les domaines m'intéressent. J'ai fait de l'entreprenariat, du développement durable, du droit européen, des formations sur l'amélioration de soft skills ou sur la fabrication de parfum", énumère Laura Lebon, qui consacre environ six heures par semaine à sa passion. "C'est un hobby comme un autre et je compte bien profiter de ma jeunesse pour l'assouvir", reprend-elle.
Mais en matière d'apprentissage en ligne, l'âge n'est pas une limite. Ce n'est pas Ludovic Boulet, cinquième du classement des serials mooceurs, qui dira le contraire.
"Je consacre 20 heures par semaine aux Mooc, presque un travail à mi-temps"
A 53 ans, cet informaticien consacre 20 heures par semaine à l'apprentissage online. "C'est presque un travail à mi-temps. J'y suis venu par appétence pour les nouvelles technologies et je n'arrive pas à décrocher. Je suis des Mooc sur mon lieu de travail, mais aussi tous les week-end chez moi. En ce moment je suis focalisé sur quatre formations en même temps", explique celui-ci.
Mais tous les serials mooceurs ne sont pas seulement des passionnés. Certains accumulent les certificats dans un but simple : donner un nouvel élan à leur vie professionnelle. C'est le cas de Gilles Xavier. Ce responsable hotline nantais a subi un licenciement économique en janvier 2016. "Cela est potentiellement catastrophique car je travaille dans un métier ultra-spécialisé dans lequel il n y a qu'entre 7 et 8 offres par an en France. De plus, j'ai 45 ans et statistiquement, plus l'on est âgé plus il est difficile de se distinguer sur le marché du travail", déplore Gilles Xavier, qui a vite compris que pour rester employable, il devait se reconvertir dans des domaines proches de son activité tels que la gestion de projet et l'informatique.
"Hors de question de retourner sur les bancs d'une école, surtout d'une école privée aux frais d'inscription élevés"
"Pour atteindre mes objectifs en matière de reconversion, je me suis mis aux Mooc. Depuis cet été, j'en ai validé 28. J'ai particulièrement apprécié le Mooc "Gestion de projet" de Rémi Bachelet mais aussi "Les réseaux, l'IT et moi" développé par Orange".
Lucas Grimont, 28 ans, est lui aussi devenu serial mooceur pour donner un coup de pouce à sa carrière : "Il y a deux ans, alors que j'étais diplômé en comptabilité, j'ai eu la chance de travailler en alternance dans une entreprise où j'ai pu m'initier au webmarketing et au e-commerce. J'ai tout de suite su que je voulais travailler dans ce domaine. Mais hors de question de retourner sur les bancs d'une école, surtout d'une école privée aux frais d'inscription élevés", se rappelle le jeune homme. Son salut est venu des Mooc. "Pendant deux mois, je m'y suis mis à fond. J'ai fait 6 Mooc de A à Z. Les formations étaient vraiment techniques. J'ai appris les bases de codage ou encore de l'e-mailing et de la création de sites web, ce qui m'a demandé 10 heures par jour 6 jours sur 7 durant tout un été."
Les Mooc ont aidé Lucas Grimont a décrocher un poste de chargé de communication digitale
Cette abnégation a-t-elle payée ? Pour Lucas Grimont elle a incontestablement porté ses fruits. Les certificats obtenus lui ont permis de décrocher un poste de chargé de communication digitale. Malgré un emploi du temps professionnel désormais chargé, il reste passionné des Mooc. "J'en suis à 34 sur des sujets qui n'ont rien à voir avec mon métier mais qui me passionnent. Je pense notamment à la biologie ou à la finance éthique. Grâce aux connaissances acquises via les formations en ligne, j'ai même crée le blog Annuaire mooc qui se veut le point de rencontre entre tous les passionnés des Mooc". Lucas Grimont n'est pas seul sur ce terrain. Il existe aussi le blog easy2learn conçu et animé par Laura Lebon. Tous deux ont le même objectif : faire de leur blog le rendez-vous des mooceur qu'ils soient addicts ou occasionnels.
Du côté de Xavier Gilles, le travail de serial mooceur n'a pas encore payé : "J'ai décroché des entretiens d'embauche, mais je remarque que mes certifications n'ont pas toujours de la valeur aux yeux des recruteurs". Ce qui n'empêche pas le médaillé de bronze du classement My Mooc de rester optimiste : "Ce qui est certain, c'est que cela me permet de montrer ma détermination et ma volonté. Cela finira par être récompensé".