Antoine Jouteau (Leboncoin) "Leboncoin veut être un acteur central dans le recrutement des cadres"
Avec la récente acquisition du "Tinder de l'emploi" Kudoz, Leboncoin se prépare à partir à l'assaut du marché des cadres. Son directeur général dévoile sa stratégie au JDN.
JDN. Pourquoi Leboncoin s'empare-t-il de l'application Kudoz ?
Antoine Jouteau (Leboncoin). Kudoz est une application de matching spécialisée dans le recrutement de jeunes cadres, notamment dans le secteur de la tech. La solution vise particulièrement des personnes ayant entre trois et cinq années d'expérience. Ce rachat s'inscrit dans une stratégie de montée en puissance dans le secteur du recrutement où nous sommes déjà un acteur de poids. Aujourd'hui, il y a entre 60 000 et 70 000 offres d'emploi sur Leboncoin. Nous touchons tous les secteurs, toutes les générations et tous les types de contrats de travail. En termes d'offres postées nous sommes le second acteur français derrière Pôle emploi.
Désormais, nous voulons accélérer sur le marché des cadres et Kudoz possède de nombreuses qualités. Les applications sont dans l'air du temps, les jeunes sont habitués à les utiliser. L'interface est très simple et permet de postuler en 140 caractères. De plus, leur algorithme de matching permet de bien faire coïncider les besoins des recruteurs et ceux des candidats. Kudoz compte déjà 3 000 clients, preuve de l'efficacité du concept. Nous avions pris une participation dans la start-up en 2015. Nous la suivions de près…
Que va devenir Kudoz ?
Les salariés de Kudoz sont déjà installés dans notre site parisien rue du Faubourg Saint Martin. La start-up gardera son nom. Elle bénéficiera de nos ressources internes (commercialisation, technologie…). Le but est de créer des synergies produit dès 2018. Nous espérons également recruter du renfort pour Kudoz qui pour le moment compte 11 collaborateurs. En bref, nous avons vraiment l'intention de staffer et de structurer Kudoz.
Pourquoi partir à l'assaut du marché du recrutement des cadres ?
15% des annonces sur les jobboards sont des offres de cadres. Pour le moment, nous sommes à 5% sur Leboncoin, sans aucune stratégie particulière. Il y a donc un vrai levier de croissance. Leboncoin veut devenir un acteur central dans le recrutement de cadres à la fois dans les TPE, les PME, mais aussi les ETI, les start-up et les groupes du Cac 40.
Quelle est votre stratégie ?
Nous misons énormément sur Kudoz. Nous voulons qu'elle soit la solution réflexe pour les jeunes cadres. Kudoz et Leboncoin ont tout pour former un cocktail gagnant du recrutement. Nous étudions aussi la possibilité d'utiliser la technologie de matching de Kudoz pour la partie recrutement du Bon coin. Pour le moment, rien n'a été formalisé. De même, nous n'avons pas encore réfléchi à une stratégie de croissance externe mais nous n'écartons aucune piste.
"5% des offres d'emplois sur Leboncoin sont des offres de cadres. Il y a un vrai gisement de croissance"
Si nous souhaitons augmenter le nombre de recrutement de cadres, nous comptons garder le même modèle : baser le prix en fonction du volume de recrutement. Nous ne ferons pas de tarification par profil, nous ne voyons aucune raison de le faire. Et nous garderons notre offre à destination des TPE (cinq annonces gratuites, la sixième payante).
Quels sont vos objectifs en termes de recrutement de cadres à moyen terme ?
Nous avons naturellement des ambitions fortes et chiffrées, mais pour le moment, nous ne souhaitons pas communiquer dessus.
Les Gafa cherchent à s'implanter sur le marché du recrutement. Le dernier en date est Google qui a lancé en juin son offre Google for Jobs aux Etats-Unis. Avez-vous peur de cette concurrence ?
"Nous n'avons pas peur de la concurrence des Gafa. S'ils nous attaquent, on répondra"
Evidemment, voir que de tels acteurs se positionnent est de prime abord inquiétant. Ils ont une force de frappe extrêmement forte et sont ultra compétents en matière de création d'algorithmes. Mais attention, nous avons aussi de belles cartes à jouer. Sur le marché de l'emploi, nous avons une forte notoriété. Par exemple, en termes de notoriété top of mind sur l'emploi, nous occupons la première place en France. De plus, nous sommes un acteur hexagonal, nous connaissons l'état du marché du travail. Nous n'avons pas peur, s'ils nous attaquent, on répondra.