RH et Réalité virtuelle: à la recherche des soft skills en entreprise
La formation grâce à la réalité virtuelle facilite et accélère l'identification des soft skills en entreprise.
Gestion des émotions, coopération ou connaissance de soi, nous sommes entrés dans l'ère du leadership-entrepreneurs où les soft skills (ou compétences comportementales) représentent pour les entreprises une richesse insoupçonnée et une valeur ajoutée déterminante et différenciante. Ni palpables, ni mesurables, elles regroupent des qualités humaines et personnelles qui sont de plus en plus recherchées sur le marché de travail. Peu d'organismes de formation proposent aujourd'hui des sessions ou cursus efficaces pour développer ou acquérir ces compétences dites douces.
De la même façon, rares sont les départements ou services RH en entreprise qui font de l'identification et du développement des soft skills un enjeu RH prioritaire alors que tout le monde s'accorde à reconnaître ces compétences comme de plus en plus cruciales en termes d'employabilité.
Avec la pandémie, et notamment avec le télétravail, nous avons assisté à l’avènement de l’autonomie et de la flexibilité, des soft skills qui montrent un degré d’adaptabilité à beaucoup de situations, dont notamment l’imprévu. Ainsi, pour les RH, il s’agira d’identifier les soft skills nécessaires aux besoins métiers et de les articuler aux besoins de l’entreprise et des individus. Encore faut-il les identifier, les mobiliser, les utiliser, les valoriser et les développer. En bref, avoir conscience de ses forces en fonction de la culture de l’entreprise.
Hyper-sollicitées dans les relations humaines et interpersonnelles, les soft skills ne sont rattachées à aucun savoir technique ou académique spécifique. Elles sont ce catalyseur qui développe le potentiel des collaborateurs et leur employabilité, car elles permettent une connexion par l’émotion dans le but de transformer les comportements de manière durable, dans une culture d’entreprise ouverte.
Elles sont d'ordre social, comme savoir maîtriser la communication non-verbale, d'ordre personnel, savoir faire preuve de leadership positif par exemple, ou d’ordre méthodologique, comme savoir conceptualiser ou résoudre des problèmes. Ces compétences dites « douces » sont au savoir-être ce que les hard skills (compétences techniques ou académiques) sont au savoir-faire professionnel. Complémentaires, elles sont preuves de l’adaptabilité de chacun et vecteurs d’employabilité. Elles sont utiles pour tous les métiers et ont de plus en plus de valeur sur le marché du travail.
L’identification des soft skills chez un candidat est un exercice obligé pour le recruteur. Lorsque celui-ci demande à un candidat d’évoquer une réussite, la question qui suivra concernera les erreurs et les réponses données aux difficultés rencontrées. Revenir sur un échec, sur ses enseignements et en parler librement est une preuve de maturité qui démontre une ouverture d’esprit et une capacité certaine à se remettre en question. Cette qualité humaine est profondément personnelle et pérenne. Elle aide à prendre de la hauteur par rapport à une situation donnée et appelle à réagir et à manager avec une plus grande efficacité, tout en améliorant ses relations interpersonnelles.
Gérer ses émotions et celles de ses collaborateurs au quotidien, c’est associer performance collective et management par l'intelligence émotionnelle, par l’expérience de processus favorisant la créativité, l’émergence de nouvelles idées et la prise de décision. Avant d’être une solution managériale, les soft skills apprennent à donner de la reconnaissance et de la considération en situations professionnelles.
En juin 2021, le Cabinet américain PwC[1] dans son étude sur l’efficacité de la réalité virtuelle dans la formation aux soft skills, révèle que la réalité virtuelle est un accélérateur de la formation en entreprise.
Au cours de l’étude, les apprenants qui ont bénéficié de formation en réalité virtuelle ont terminé leurs séquences trois à quatre fois plus rapidement que les apprenants en présentiel. Les apprenants mobilisent plus facilement leurs émotions, lors de l’utilisation de la VR, car ils ont l’impression de vivre une réelle expérience. Ils sont impliqués, car ils sont héros et acteur de leurs faits et gestes. Ils se voient évoluer … à distance. Et c’est aussi cela qui favorise la cognition et la mémorisation, l’impact et la mémoire du geste et du comportement. Le « Connais-toi, toi-même » selon Socrate prend toute sa dimension cognitive quand les apprenants comprennent et se souviennent des informations apprises en s’observant eux-mêmes dans des situations professionnelles... Ils se « téléportent » dans un monde qu’ils maîtrisent et donc non-anxiogène. Dans ce monde, il n’y a pas de place pour l'erreur et comme il n’y a pas de conséquences dans la vraie vie, les collaborateurs se laisseront plus facilement aller à la « déconnexion » et à des comportements plus en phase avec leur personnalité.
L’impact pédagogique d’une mise en situation est réel. Qu’elle se déroule dans le monde virtuel ou réel, elle est aussi impliquante qu’engageante. C’est pourquoi il est important pour les professionnels des ressources humaines de créer différents scénarios avec des environnements de travail authentiques. Évaluer ou révéler des compétences comportementales passe par la mise en pratique des compétences recherchées et cela, afin de mieux appréhender la réalité du quotidien professionnel, si et seulement si la culture de l’entreprise le promeut.
Les soft skills sont les compétences d’aujourd’hui que les entreprises recherchent pour assurer une constante adaptabilité à l’écosystème dans lequel elles évoluent. Là où automatisation, digitalisation rendent certains process caducs, les soft skills offrent un ancrage dans un mouvement qui s’inscrit dans la pérennité, les relations humaines et personnelles. Elles répondent aux aspirations de tout salarié et aux enjeux de l’entreprise.
Les soft skills ou compétences comportementales seront de plus en plus un levier majeur de la performance humaine et économique des entreprises au cours des cinq prochaines années. C'est le principal défi RH à relever et il est immense, car le fonctionnement, l'organisation des entreprises sont en train d'être profondément bouleversés et ce n'est probablement que le début. Plus que jamais, il faut s'inscrire en mode disruptif et se renouveler, cela passe assurément par la valorisation des Soft skills.
[1] https://www.pwc.com/us/en/tech-effect/emerging-tech/virtual-reality-study.html