Moneo, chronique d'une mort annoncée

Moneo, chronique d'une mort annoncée Le porte-monnaie électronique qui devait remplacer les espèces pour les petits achats du quotidien n'a jamais trouvé son marché. Il fermera dans quelques semaines.

Moneo, le porte-monnaie électronique embarqué sur carte bancaire, fermera définitivement dans quelques semaines. Lancé en fanfare en 1999, il avait l'ambition louable de peu à peu remplacer le paiement en espèces pour les petits achats quotidiens. Il n'a pourtant jamais rencontré son public et ne compte aujourd'hui que quelques milliers d'utilisateurs qui règlent leur pain ou leur journal par ce moyen. Pour la plupart des clients de HSBC et de plusieurs caisses régionales du Crédit Agricole, ils n'ont plus qu'à vider rapidement leur carte ou aller se faire rembourser leur solde, en agence ou sur les bornes Moneo.

Pris en tenaille entre attachement aux espèces et émergence du sans contact

Pourquoi cet échec ? Sans doute en raison d'un dispositif peu commode pour les acheteurs comme pour les marchands. Les premiers devaient en effet aller recharger leur carte, une contrainte absente de la pratique concurrente du paiement sans contact. En outre, leur attachement aux espèces laisse en réalité peu de place à l'émergence de méthodes électroniques : 91% des consommateurs préfèrent régler en liquide leurs achats de tous les jours, selon une récente étude Ifop pour Brink's France. Quant aux marchands, qui devraient s'équiper d'un terminal bancaire Moneo, ils étaient priés de verser une commission supplémentaire sur ces achats. Chez eux, Moneo n'était employé que pour quelques centaines de paiements par mois.

L'abandon progressif du système de paiement avait d'ailleurs déjà été entériné sur les parcmètres parisiens, où l'on ne pouvait plus payer avec Moneo depuis deux ans. Le système avait en outre perdu son marché des cartes étudiants, utilisées par 1,5 million de porteurs. C'est Izly de BPCE, système mobile ou carte rechargeable en ligne, qui a été retenu à sa place l'an dernier et sera étendu à tous les campus d'ici la rentrée 2016 pour permettre aux étudiants de payer au resto U, à la machine à café ou à la photocopieuse. Seule verticale encore debout, l'activité de titres restaurants Moneo Resto lancée en 2012, à la peine sur un marché qui ne décolle pas.