Jérôme Bibinet (Altarea Cogedim) "Nous sommes une petite structure, beaucoup plus agile que la grande distribution"

Alors que la Nuit du Directeur Digital se rapproche, le directeur digital d'Altarea Cogedim présente au JDN le chantier majeur qu'il conduit pour transformer la foncière.

JDN. Vous êtes directeur digital depuis janvier 2017 d'Altarea, une importante société foncière. Quel est votre principal chantier en cours ?

Jérôme Bibinet est directeur digital d'Altarea Cogedim. © Altarea Cogedim

Jérôme Bibinet. Faire basculer notre entreprise dans l'ère de l'omnicanal, aussi bien auprès des particuliers qui se rendent dans nos centres commerciaux que des professionnels de l'immobilier. Nous sommes en pleine phase de reconstruction de notre écosystème numérique (application mobile, DMP physique, géo-guidage jusqu'aux enseignes) sur dix-sept de nos quarante centres commerciaux, le solde étant géré pour compte de tiers. Nous repartons de zéro avec une feuille entièrement blanche afin de disposer d'outils réellement évolutifs pour procurer de nouvelles expériences à nos clients. Pour ce faire, nous travaillons avec divers prestataires externes comme Altima, une agence spécialisée dans les dispositifs numériques commerciaux, ou Openfield, un partenaire historique d'Altarea spécialisé dans l'intelligence temps réel et contextuelle pour de la DMP physique et l'interaction avec nos centres.

Quels sont les principaux obstacles que vous ayez eu à surmonter et quelles sont les difficultés particulières que vous avez rencontrées ?

Nous devons impérativement avoir une bonne maîtrise des sujets et des connaissances numériques. Il y a beaucoup de pédagogie et d'évangélisation à faire autour de tout cela sachant que le numérique n'était pas au cœur des préoccupations d'une société foncière. Nous avons beaucoup d'écoute de la direction générale, qui est bien consciente des enjeux. Avec un peu de pédagogie et d'explications, il n'y a aucune défiance sur ces sujets dans l'entreprise. De même, nous avons adopté une logique ROIste afin de créer de la valeur, logique parfaitement comprise au sein du groupe.

De combien de collaborateurs disposez-vous et quel est votre budget dédié à la transformation numérique ?

Nous sommes deux permanents dont un chef de projet. Hormis nos prestataires Altima et Openfield, soit une vingtaine de collaborateurs, notre budget est de l'ordre de 2 millions d'euros par an. Je suis rattaché à la direction marketing et travaille en étroite collaboration avec la direction des systèmes d'information qui compte une quarantaine de personnes.

Quelles relations entretenez-vous avec l'univers des 400 start-up de l'immobilier ?

J'en rencontre actuellement beaucoup même si nous n'avons pas de réels projets de nouveaux services, hormis ceux que je citais auparavant. Nous agissons plutôt en tant qu'intégrateur et, en tant que tel, nous sommes en contact régulier avec une douzaine de start-up de l'univers de l'immobilier comme Find & Order, Partoo, Kairos, un spécialiste des QR Codes, ou Armis.

Quel regard portez-vous sur la transformation numérique dans l'univers de l'immobilier ?

Nous avons beaucoup d'échanges entre nous et toutes les sociétés foncières en sont à peu près au même point et confrontées aux mêmes enjeux. Compte-tenu de mon parcours professionnel (huit ans chez Fia Net, une start-up du web-marchand rachetée depuis par Sofinco, et huit ans chez Leclerc, ndlr), l'univers des foncières est évidemment très différent. Nous sommes une petite structure, beaucoup plus agile que la grande distribution.

En résumé

Pourquoi ce projet est-il innovant ?

"Nous nous efforçons de créer aujourd'hui quelque chose de nouveau, et notamment mettre notre application mobile en totale interaction avec nos visiteurs. Cette application est une sorte de télécommande permettant d'interagir avec des points de contact, qu'ils soient numériques ou physiques".

Pourquoi ce projet est-il stratégique ?

"Ce projet de refonte est stratégique car nous créons un socle technique permettant de se donner une base de travail propre et de pouvoir innover sereinement tant auprès des visiteurs que des enseignes et à partir d'un socle unique de services".

Pourquoi ce projet est-il transformateur ?

"Parce que ce sont des sujets relativement neufs pour une société foncière. On voit bien que le secteur du retail pivote et nous avec".

Pourquoi ce projet est-il accélérateur ?

"C'est accélérateur dans la manière de mener ces projets. Avec ces nouvelles méthodes de travail, nous sommes assez proches du fonctionnement d'une start-up. Nous utilisons le numérique en tant qu'outil pour améliorer les processus internes et anticiper les changements de demain et travaillons main dans la main avec les enseignes pour construire une expérience parfaite avec les visiteurs de nos centres commerciaux".

Le JDN propose pour la quatrième année consécutive le 19 juin prochain un événement destiné à récompenser les meilleurs chief digital officers de France. Pour en savoir plus : la Nuit du Directeur Digital.