Amazon relance l'activité de ses centres de distribution

Amazon relance l'activité de ses centres de distribution

Après cinq semaines d'interruption, l'activité des entrepôts d'Amazon France a repris ce mardi 19 mai. Une sortie de crise marquée par un processus de consultation avec les comités sociaux et économiques et les organisations syndicales tout au long de la période.

[Mise à jour le mardi 19 mai 2020 à 11h05]  La fermeture des centres de distribution d'Amazon France appartient désormais au passé.  L'activité des six entrepôts de préparation de commandes a repris mardi 19 mai conformément aux annonces des jours précédents. Dans un communiqué daté du 15 mai au soir, la direction informait être en phase de finalisation "des discussions avec les représentants du personnel et les comités sociaux et économiques de l'entreprise, (...) et pouvoir ré-ouvrir les centres de distribution français dans les prochains jours."  Après cinq semaines de consultation, le géant du e-commerce a "fourni à plusieurs reprises des éclaircissements et des informations sur les mesures de sécurité mises en œuvre dans nos centres de distribution pour protéger nos salariés", précise le communiqué. En amont de la reprise d'activité, Amazon a proposé à ses salariés de suivre des formations dès le 18 mai. 

Côté syndicats, la sortie de crise est également une satisfaction. Dans une publication Facebook du 15 mai, la CFDT Amazon France Logistique apporte quelques précisions sur les mesures négociées avec ses homologues de SUD et de la CGT auprès d'Amazon France. Les syndicats ont notamment obtenu gain de cause pour une reprise de l'activité progressive sur la base du volontariat entre le 18 mai et le 2 juin, en deux vagues. La première vague concernera 50% maximum de l'effectif entre le 18 mai et le 25 mai (volontariat total). La deuxième vague mobilisera jusqu'à 80% des effectifs entre le 26 mai et le 2 juin (volontariat avec seuil minimum de présents à hauteur de 50%). Pour les deux vagues, les salariés non-volontaires continueront à percevoir leur salaire en totalité, majoration nuit et weekend compris. La reprise des effectifs à 100% étant fixée au 3 juin. 

Petit séisme dans le monde du e-commerce français alors que le confinement a récemment été prolongé d'un mois. "Cette semaine, nous demanderons aux employés de nos centres de distribution de rester chez eux." Sur le compte Twitter d'Amazon France, l'annonce est officielle en ce mardi 15 avril. Le géant du e-commerce va fermer ses centres de distribution suite à la décision du tribunal judiciaire de Nanterre, intervenue la veille. La justice a en effet sommé le mastodonte du e-commerce de réduire son activité à la réception et à l'expédition des produits alimentaires, médicaux et d'hygiène. "Considérant la complexité inhérente à nos activités logistiques et l'amende d'un million d'euros par infraction imposée par le tribunal, le risque de contrevenir à la décision était trop élevé", justifie la filiale française du site international de e-commerce.  A noter, les produits livrés par les entreprises en direct, et non par Amazon, pourront continuer à l'être.

Au cours de la réunion du CSE Central qui s'est tenue dans l'après-midi du 15 avril, la CFDT Amazon France Logistique a laissé fuiter quelques informations sur les réseaux sociaux. Le syndicat a communiqué sur la prise en charge totale du chômage partiel par Amazon jusqu'au 20 avril inclus, y compris pour les intérimaires (majoration pour le travail de nuit, suppléance, primes T3). Dans une publication par le syndicat dans la soirée du 15 avril, on apprend que les sites logistiques de Montélimar, Lauwin-Planque, Sevrey, Boves, Saran et Brétigny-sur-Orge, devaient cesser leur activité le 16 avril à 10 heures. 

D'après le syndicat, les services de réception et d'expédition seraient concernés par les mesures de chômage partiel. Seuls les services de maintenance, informatique, encadrement et safety seraient présents dans les centres de distribution. La CFDT ajoute que les salariés d'Amazon ayant joui de leur droit de retrait n'ont pas besoin de le reconduire dans le cadre du chômage partiel prononcé par la direction : ils seront rémunérés durant ces 5 jours a hauteur de 100% au même titre que leurs collègues. 

Dans sa série de tweets, Amazon n'a pas apporté plus de précisions. Amer, le site marchand a rappelé avoir mis en place des contrôles de température, distribué plus de 1,5 million masques, plus de 27 000 litres de gel hydroalcoolique, plus de 127 000 paquets de lingettes désinfectantes et renforcé la distanciation sociale, depuis le début du confinement, il y a un mois. 

Dans une interview publiée par Le Parisien dans la soirée du 16 avril, le directeur général d'Amazon France, Frédéric Duval, a confirmé que l'activité d'Amazon France ne serait pas totalement à l'arrêt. Si comme prévu les vendeurs tiers continueront toujours à expédier leurs produits aux clients via La Poste notamment, Amazon France s'appuiera sur le réseau international des centres de distribution. "Nos entrepôts mondiaux vont servir nos clients français", a déclaré le directeur général. Plus tôt dans la journée du 16, Frédéric Duval, a affirmé à plusieurs médias être dans l'incapacité de préciser une date de réouverture des centres de distribution. Il a également redit qu'Amazon France ferait appel de la décision du tribunal de justice de Nanterre : "Nous avons pris la décision de fermer parce que le jugement de la cour de justice nous met dans une situation d'ambiguïté et de risques trop importants. Et effectivement, devant nous, nous avons la nécessité d'avoir un jugement d'appel qui doit arriver mais je n'ai pas la date actuellement." 

Dans un communiqué en date du 19 avril, Amazon a annoncé prolonger la fermeture temporaire de ses centres distribution français jusqu'au mercredi 22 avril inclus. "Nous restons perplexes face à la décision du tribunal de Nanterre rendue la semaine dernière et nous attendons avec intérêt que notre appel soit entendu. Nous maintenons temporairement la suspension de l'activité de nos centres de distribution français", a fait savoir Amazon France.  En attendant, les 10 000 salariés et intérimaires des six centres de distribution sont invités à rester chez eux pour deux jours supplémentaires. Si le géant du e-commerce n'a pas entrepris de démarche de chômage partiel,  les salariés seront payés en totalité, a indiqué Amazon France. 

Initialement prévue ce 21 avril, la décision de la Cour d'appel de Versailles sera finalement rendue ce 24 avril. La justice devra se prononcer sur la levée ou non de la limitation des produits livrés par Amazon. Ce nouveau calendrier judiciaire intervient alors que la nouvelle évaluation des risques sur l'ensemble des centres de distribution est actuellement en cours de finalisation. "Suite à l'audience en appel qui s'est tenue mardi 21 avril, nous maintenons temporairement la suspension de l'activité de nos centres de distribution français. Nous réévaluerons notre position une fois que l'arrêt de la cour d'appel aura été rendu vendredi 24 avril", a indiqué Amazon France dans un communiqué en fin d'après-midi, le 21 avril.  Les collaborateurs d'Amazon, priés de rester chez eux jusqu'au 25 avril inclus, percevront leur plein salaire.

Finalement,  la décision de la cour d'appel de Versailles le 24 avril, a rejoint celle du tribunal de Nanterre prononcée dix jours plus tôt. La justice a enjoint le géant du e-commerce, en collaboration avec les représentants du personnel , à évaluer les risques inhérents à l'épidémie de coronavirus sur l'ensemble de ses entrepôts. Concrètement, la justice restreint l'activité des entrepôts d'Amazon France à l'expédition de ces produits essentiels :

  • high-tech, informatique, bureau
  • "tout pour les animaux" dans la rubrique maison, bricolage, animalerie, 
  • "santé et soins du corps", "homme", "nutrition", "parapharmacie" dans la rubrique beauté, santé et bien-être, 
  • épicerie, boissons et entretien. 

Amazon n'a pas tardé à réagir à la suite de ce nouveau jugement et a rappelé avoir impliqué les comités sociaux et économiques pour mettre en oeuvre les mesures de sécurité :" Nos centres de distribution en France et partout dans le monde sont sûrs. La décision rendue aujourd'hui par la Cour d'Appel de Versailles nous conforte dans l'idée que l'enjeu principal n'est pas tant la sécurité, que la volonté de certaines organisations syndicales de tirer parti d'un processus de consultation complexe avec les comités sociaux et économiques." Amazon s'expose à une amende de 100 000 euros pour chaque traitement de colis non autorisé, et ce pour une durée d'un mois.  Un risque qui a conforté le géant du e-commerce à maintenir la fermeture de ses centres de distribution en France jusqu'au 5 mai. "L'astreinte, telle que précisée par la Cour d'Appel, pourrait impliquer que même un taux infime de traitement accidentel de produits non-autorisés, de l'ordre de 0,1%, pourrait entraîner une pénalité de plus d'un milliard d'euros par semaine, a réagi Amazon France. Malheureusement, cela signifie que nous n'avons pas d'autre choix que de prolonger la suspension temporaire de l'activité de nos centres de distribution français alors que nous évaluons la meilleure façon d'opérer au regard de la décision de la Cour d'Appel." En attendant, les clients peuvent commander auprès des vendeurs tiers de la marketplace et au travers de son réseau logistique mondial, comme l'a souligné Amazon France.

Amazon ne bénéficiera pas du système de chômage partiel en vigueur dans le cadre de la crise du coronavirus, et dont jouit plus d'un salarié du secteur privé sur deux. Si le géant du e-commerce a déposé sa demande de chômage partiel pour les milliers de salariés répartis sur les six sites en France le 30 avril,  auprès du ministère du Travail, celle-ci a été rejetée. Ces informations ont été communiquées par l'AFP via Amazon et l'administration. "La récente décision de la Cour d'appel de Versailles a évidemment eu un impact sur notre activité en France (...). Dans ce cadre, nous avons également sollicité une aide, comme ont pu en bénéficier d'autres entreprises en France", a précisé la direction d'Amazon France dans un courriel. Le ministère du Travail n'a pas communiqué sur les motifs de son refus.

Si le déconfinement est en vigueur depuis le 11 mai, l'activité d'Amazon en France reste encore confinée. En effet, le géant du e-commerce n'a pas repris du service en France depuis le 16 avril dernier, enchaînant les annonces de prolongation concernant la fermeture de ses entrepôts. En cause, les décisions de justice du 14 et du 24 avril enjoignant Amazon de restreindre l'activité de ses sites à certaines catégories de produits, le temps de revoir son dispositif dédié à la sécurité sanitaire des salariés.  Comme Amazon ne souhaite prendre aucun risque vu la pénalité encourue, le choix est fait de prolonger une nouvelle fois la fermeture des centres de distribution en France jusqu'au 18 mai inclus. Une réunion avec le comité social et économique central de l'entreprise. est prévue ce 13 mai pour acter de ce projet. Dans la matinée du 13 mai, la direction d'Amazon France a fait savoir que ses centres de distribution sont sûrs. "Cependant, l'astreinte, telle que précisée par la Cour d'Appel, signifie que même avec un taux infime de traitement accidentel de produits non-autorisés, de l'ordre de 0,1%, le risque de contrevenir à la décision de la cour d'appel pourrait entraîner une pénalité de plus d'un milliard d'euros par semaine. C'est pourquoi nous n'avons pas d'autre choix que prolonger la suspension temporaire de l'activité de nos centres de distribution français."